Chers amis, chers camarades,
Bonsoir,
Je suis heureux de vous voir si nombreux ce soir pour cette réunion de présentation de la motion B «à gauche pour gagner !» dans le Val-d'Oise. Je remercie chaleureusement les camarades d'Ermont et de la 4ème circonscription qui ont préparé la salle et vous ont accueilli.
C'est d'autant plus marquant que nous sommes au milieu des vacances scolaires, votre mobilisation ou votre curiosité n'en sont que plus méritoires.
Ce soir, je m'adresse à vous en tant que mandataire fédéral de la motion B dans le Val-d'Oise ; c'est une tâche qui va demander beaucoup d'énergie, car coordonner la promotion d'une motion durant un congrès du PS sur moins d'un mois n'est en soi pas une paire de manche. Mais c'est avec gravité que je prends aujourd'hui mon rôle.
J'ai adhéré voici 22 ans et quelques jours au Parti Socialiste – Jean-Pierre s'en souvient sans doute, c'était dans sa section – c'était surtout au lendemain de la grave défaite législative de 1993, qui n'avait vu qu'une petite soixantaine de députés socialistes se maintenir à l'Assemblée Nationale. Depuis, nous avons connu des défaites et victoires ; il y a 13 ans presque jour pour jour le candidat Lionel Jospin était éliminé au soir du premier tour de l'élection présidentielle, devancé de quelques dizaines de milliers de voix par Jean-Marie Le Pen.
Nous avons après 10 ans d'opposition reconquis le pouvoir national : en juin 2012, nous disposions de presque tous les pouvoirs – la Présidence de la République, la majorité parlementaire à l'Assemblée Nationale et au Sénat, une majorité écrasante de collectivités locales… Jamais je n'aurais pu imaginer à l'époque, malgré mes interrogations sur l'orientation politique réelle du président de la République que nous nous retrouverions aujourd'hui, après 4 défaites électorales nationales majeures (municipales, européennes, sénatoriales, départementales), à nous interroger sur le nombre de régions que pourrions perdre dans 6 mois, sur le caractère irrésistible de la montée du Front National, sur la perspective d'une nouvelle élimination de la gauche au premier tour de l'élection présidentielle, ou sur la « mort de la gauche » qu'a évoqué Manuel Valls et qui ressemble tant à une prophétie autoréalisatrice.
Jamais je n'aurais imaginé que nous aurions si peu retenu les leçons de 1993 et 2002, pour nous retrouver là où nous en sommes aujourd'hui, c'est-à-dire un ressentiment et un désaveu grandissant des électeurs de gauche, des électeurs socialistes, à l'encontre de l'action de notre gouvernement qui ne correspond absolument à ce qu'ils attendaient, qui ne correspond pas à ce qu'on leur avait promis.
Alors oui un parti peut mourir, notamment s'il ne respecte pas lorsqu'il est pouvoir les engagements qu'il avait pris devant le peuple...
Un parti peut mourir mais pas la gauche parce que ses valeurs restent vivantes et qu'il y aura toujours des gens pour les porter.
Et si nous sommes ici ce soir, c'est parce que nous restons convaincus que le Parti Socialiste, héritier de Jaurès, de Blum, de Mendès France et de Mitterrand, ce parti qui a su donner un débouché concret à des dizaines d'années de luttes sociales pour changer la vie, ce Parti Socialiste reste le pilier qui permet à la gauche d'accéder au pouvoir et de transformer la société.
Je suis convaincu que les camarades qui se sont déjà rassemblés dans la motion B, et qui souhaitent vous convaincre de les rejoindre, sont habités de ce même sentiment de gravité face à la situation politique actuelle et aux enjeux que nous devons surmonter. C'est à cause de la gravité de la situation que la motion B rassemble déjà des camarades, dont les parcours politiques, les idées, les débats n'ont pas toujours été convergents, mais partagent aujourd'hui une même analyse sur la période et partagent aussi et c'est plus important encore de nombreuses propositions pour sortir le parti, la gauche et surtout le pays et ses habitants de l'impasse dans laquelle nous sommes.
À leur manière, Gérard Sebaoun, Jean-Pierre Blazy ou Emmanuel Maurel, qui interviendront après moi représentent déjà une part de cette diversité qui converge sans faux semblants, sans accord d'appareil qui masquent derrière des idées pseudo consensuelles la réalité de ce que l'on applique et de ce qui se fera après le congrès. D'autres camarades vous diront sans doute dans le débat pourquoi ils rejoignent la motion B et pourquoi ils se rassemblent pour agir ensemble. Mais vous prendrez la parole et nous débattrons ensemble...