Notre pays et nos concitoyens ont à nouveau été frappés ce vendredi 13 novembre par des attentats barbares organisés et revendiqués par Daesh. Nos pensées vont évidemment en priorité pour les 130 victimes, assassinées par les terroristes djihadistes, aux centaines de blessés qu'ils ont causés, à leurs familles et à leurs amis, qui sont dans la peine et qui auront besoin du soutien total de la Nation.
Nous saluons l'efficacité et le sang-froid des forces de sécurité et de santé qui ont accompli un travail formidable pour mettre hors d'état de nuire les assassins et apporter leurs secours aux personnes en danger. Ce sang-froid, cette efficacité s'est encore illustrée dans les jours qui ont suivi dans la traque des criminels, les soins apportés aux victimes.
Nous saluons la réaction ferme et déterminée du Président de la République et de son gouvernement pour faire face à l'agression. Les mesures immédiates nécessaires ont été prises, les discussions internationales ont été relancées à leur initiative.
La gravité de la situation justifiait pleinement que soit décrété l'état d'urgence ; dans notre grande majorité, nous considérons également que sa prorogation pour 3 mois est nécessaire. La mise en cause relative du pacte de stabilité européen et l'appel à la solidarité européenne sont également des actes politiques forts et nous devrons nous appuyer sur ce précédent. Le rappel des dégâts causés par 10 ans de gouvernement de droite dans notre appareil de sécurité a été bienvenu et nous nous réjouissons de l'effort supplémentaire engagé pour remettre à niveau nos forces de police, notre armée et la Justice.
Ces mesures exceptionnelles pour faire face à une situation que nous espérons temporaire, malgré des difficultés internationales qui sont, elles, durables, sont là pour répondre à une menace qui est également exceptionnelle.
Les attentats qui ont suivi ailleurs dans le monde et notamment hier en Tunisie invalident totalement les arguments de ceux qui tentent de nous expliquer que la France serait un peu responsable de ce qui lui arrive en s'étant attaqué militairement à Daesh. La politique étrangère de Tunis justifie-t-elle une "vengeance" d'une entreprise terroriste djihadiste proche-orientale ? Evidemment non ! Là-bas, comme ici, c'est bien la Démocratie, la Laïcité, la République et les libertés individuelles et collectives qui sont directement visées
C'est pourquoi nous ne considérons pas que cette situation exceptionnelle justifie d'abdiquer notre capacité d'analyse, d'interrogation, d'interpellation et de propositions. Cela est vrai dans les domaines économiques et sociaux pour lesquels les débats sur la pertinence de la politique sociale-libérale conduite depuis octobre 2012 restent d'actualité, car un pays fort et sûr de lui se meure également à la force de son économie et sa capacité à dégager les recettes nécessaires pour la puissance publique. Mais c'est également vrai de l'impérieuse exigence de vigilance sur l'encadrement de l'action de nos forces de sécurité, qui sont déjà mises à rude épreuve depuis janvier dernier. Elle ne doit pas éteindre non plus les interrogations légitimes sur l'organisation et l'efficacité de notre dispositif de renseignement, sur les insuffisances de notre stratégie internationale, sur certaines de nos relations (avec le Qatar ou l'Arabie Saoudite), sur les moyens donnés à la justice antiterroriste ou sur le renforcement nécessaire de notre Pacte Républicain, dont les reculs ont empêché de prévenir la dérive individuelle criminelle de plusieurs centaines ou milliers de jeunes gens qui ont grandi à nos côtés.
C'est pourquoi nous avons souhaité publier ici les explications de vote de quatre de nos parlementaires socialistes qui ont voté POUR, CONTRE, ou se sont abstenus sur la prorogation de l'état d'urgence, car ils ont fait cet effort de réflexion et d'explication qui a peut-être manqué à certains. Ils ont le mérite de ne sombrer dans aucune caricature et de remettre en perspective les enjeux tant sur la situation intérieure, sur la question des libertés publiques, que sur notre action extérieure.
Notre République ne vaincra que par un renforcement de la démocratie ; les Socialistes ne relèveront la tête pour affronter les périls qu'à la condition de rester fidèles à leurs valeurs.
Frédéric FARAVEL
mandataire fédéral de la motion B
Lire l'explication de vote de J.-P. Blazy L'explication de vote de G. Sebaoun
Lire l'explication de vote de M.-N. Lienemann L'explication de vote de F. Carrey-Comte