sources : Grey-Britain ; The Guardian ; The Irish News ; An Phoblacht ; The Irish Times
Le parti travailliste est bien en convalescence. Le parti dirigé, depuis septembre 2015, par Jeremy Corbyn, issu de l’aile gauche du Labour, était au centre des scrutins qui se sont déroulés jeudi 5 mai en Grande-Bretagne. Premier test pour un leader élu il y a 8 mois et sous le feu des critiques issues de son propre camp, les élections locales, avec des résultats contrastés, lui ouvrent, comme nous l’avions annoncé, une période de répit. Les travaillistes conservent la direction du gouvernement du Pays de Galles, sont balayés en Écosse mais se tiennent bien mieux qu’annoncé en Angleterre. Le travailliste Sadiq Khan est élu maire de Londres, troisième titulaire du mandat après le travailliste Ken Livingstone (2000-2008) et le très conservateur Boris Johnson (2008-2016).
Avec des pertes inférieures à 20 sièges, le parti travailliste résiste bien mieux que prévu au renouvellement d’un tiers des sièges de conseillers locaux en Angleterre. Par ailleurs, le travailliste Marvin Rees (en photo plus bas) arrache le siège de maire de Bristol au sortant, un indépendant. Le Labour dirige donc désormais les quatre villes anglaises dont le maire est élu directement par les citoyens : Bristol, Liverpool, Londres et Salford. Il devrait prendre facilement le fauteuil de maire du greater Manchester qui sera soumis au scrutin en 2017, dans le cadre d’une dévolution au Nord de l’Angleterre. Andy Burnham est pressenti pour le poste.
C’est une réelle performance pour un parti que les bookmakers donnaient grand perdant à 5 contre 2. En pourcentage, le Labour, avec une hausse de 4 points, passe devant les Conservateurs, qui enregistrent une baisse équivalente, sanctionnant les désillusions provoquées par la politique conservatrice.
Le parti eurosceptique et de plus en plus xénophobe UKIP continue sa progression régulière, remplaçant les Tories (conservateurs) dans un certain nombre de conseils et attirant une partie de l’électorat ouvrier blanc traditionnellement favorable aux travaillistes. Rappelons que la structuration sociale britannique fait la part belle aux communautés ethniques et religieuses.
[résultats complets des élections locales britanniques du 5 mai 2016]
C’est bien dans ce contexte qu’il faut comprendre pourquoi Sadiq Khan (en photo ci-contre), élu maire travailliste de Londres, est présenté par la presse française comme musulman. Ce fils d’un chauffeur de bus pakistanais et d’une couturière, né et élevé dans l’ensemble d’habitat social public Henry-Prince, a su faire partager sa volonté d’un Londres pour tous. Si les instituts de sondage ont observé une relative prudence, les conservateurs ont bel et bien acté rapidement la défaite de leur candidat, le millionnaire Zac Goldsmith. Les tories londoniens l’accusent d’avoir mené une campagne négative, axée sur les liens supposés de Sadiq Khan avec les milieux islamistes, alors même que Goldsmith a bénéficié du soutien de l’imam radical sensé incarné la connivence du Labour avec les musulmans radicaux.
A l’inverse, le travailliste a travaillé à « réconcilier les Londoniens avec Londres », se fixant comme objectif de réduire la fracture sociale exacerbée par les 8 ans de mandats de Boris Johnson. Ce dernier, comme le fait Cameron à la tête du pays, a approfondi le fossé entre les riches et les pauvres dans la capitale britannique, qui recense aujourd’hui un nombre record de milliardaires. Et où le prix moyen d’une habitation est de 446.000 £. Sadiq Khan a bénéficié du rejet de la politique gouvernementale dans une ville où 45 des 73 circonscriptions parlementaires sont tenues par le Labour.
Après recollement de la seconde préférence, Sadiq Khan obtient 57% des voix face à son principal adversaire, le tory Zac Goldsmith. En première préférence, qui a vu Khan dominer avec 44%, le troisième des 12 candidats, la Green Sian Berry, était reléguée à 6% des bulletins.
Le dépouillement a duré en raison, aussi, d’un deuxième scrutin : celui qui vise à désigner les membres de l’Assemblée du grand Londres. Forte de 25 membres, dont 14 élus par circonscriptions et 11 sur une élection par liste, elle a pour mission de faire contre-pouvoir face au maire. Ce dernier dispose d’un budget de 21 milliards de livres pour trois missions majeures : les transports, le logement et la sécurité. Au final, les travaillistes ont également remporté les élections pour la Greater London Assembly, emportant 12 des 25 sièges. Les tories en obtiennent 8, les Greens et UKIP 2 chacun et les LibDems 1.
Marvin Rees, Labour’s candidate for Bristol Mayor at The Trinity Centre, Bristol. Date: 15/10/2015 - Photographer: Simon Galloway/Staff. Copyright: Local World
Il est vrai que le gouvernement de Cameron a enchaîné les faux pas. Plusieurs de ses projets, parmi les plus impopulaires, ont été retoqués, sans que le désamour des Britanniques pour les Tories n’en soit minoré. Dans la dernière semaine de campagne, les travaillistes ont modifié leur approche. Ils ont appelé les électeurs à utiliser le bulletin de vote Labour pour « envoyer un message à Cameron ». En Angleterre, le message semble être passé. Or, les travaillistes, grands vainqueurs du scrutin local précédent, ne pouvait décemment s’attendre qu’à des pertes. Ainsi, sur 34 metropolitan mayorals, les plus grandes villes, il en détenait déjà 32… De même, il disposait de deux des quatre maires élus directement par les citoyens ; il en détient désormais l'intégralité.
Le Labour ne déplore la perte que 11 sièges de conseillers alors que les prévisions tablaient sur 200 à 250 sièges en moins. Il conserve l’essentiel de ses bastions. Y compris dans le Sud de l’Angleterre, une région qui ne lui est pourtant pas favorable.
C’est dans cette partie du Royaume-Uni, où les swing voters sont nombreux que Corbyn était attendu. Ses opposants internes doutaient de la capacité de son discours, ancré à gauche, de fidéliser cet électorat sensible. Ils annonçaient déjà que le choix du nouveau leader du parti de critiquer l’austérité allait éloigner une frange de votants plus sensibles à un récit centriste. En conservant ses positions à Southampton, Crawley et Hastings, Corbyn a démenti les Cassandre blairistes.
Mais le Labour n’est pas encore sorti d’affaire. Dans le nord de l'Angleterre, les suffrages qu’il perd vont, pour beaucoup, vers les eurosceptiques de UKIP qui progressent avec régularité, confortant leur position d’opposants aux travaillistes devant des Tories en recul.
Au Pays de Galles, les conservateurs paient le prix fort de leur incapacité à gérer la crise de l’acier (11 sièges). Et UKIP fait une entrée remarquée à l’Assemblée nationale galloise (en anglais National Assembly for Wales, en gallois Cynulliad Cenedlaethol Cymru) avec 7 élus. Les travaillistes reculent d’un siège (29), alors qu'ils disposaient jusqu'ici de la majorité absolue.
ci-contre : Carwyn Jones et Leanne Wood
Les nationalistes de gauche Plaid Cymru renouent avec les victoires électorales et 12 élus. Leur charismatique leader, Leanne Wood, a battu un ministre régional travailliste sur un duel. Les Libéraux-démocrates conservent un siège.
Premier ministre sortant et leader des travaillistes gallois, Carwyn Jones a expliqué les reculs de sa formation par les dissensions internes au Labour et notamment au Parliamentary Labour Party (PLP, le groupe parlementaire de la Chambre des Communes). Cela ne suffira pas sur la durée. S’étant toujours considéré comme dans son fief, le Welsh Labour n’a pas été en capacité de prendre en compte les nouvelles aspirations d’une population qui souffre, certes, de la politique conservatrice mais aspire aussi au renouvellement de sa représentation politique.
L’assemblée nationale du Pays de Galles s’est donc réunie mercredi 11 mai pour élire son gouvernement local. Carwyn Jones pensait retrouver son poste de premier ministre dans un fauteuil. Mais la réunion a viré à la crise politique et le Pays de Galles a été privé de gouvernement durant 7 jours. Un premier bras de fer est survenu à l’occasion de l’élection du président de l’assemblée, le Presiding Officer (l’équivalent du leader de la Chambre des Communes). Plaid Cymru a réglé, à cette occasion, ses comptes avec son ancien leader, Dafydd Elis-Thomas, qui avait soutenu un candidat Labour au poste de crime commissioner, et avait décidé de se présenter contre l’avis de son parti au "perchoir" du Pays de Galles. C’est Elin Jones, soutenu par la direction de Plaid Cymru, qui a remporté le scrutin à bulletins secrets à l’issue d’un vote serré. Le Labour ne pouvait pas se réjouir de cette issue, car il avait deux candidats au poste d’adjoint.
Au moment de l’élection du Premier Ministre du Pays de Galles, le travailliste Carwyn Jones a été opposé à Leanne Wood, considérant la candidature nationaliste comme une simple posture. Mais les élus conservateurs et ceux de UKIP ont voté pour Leanne Wood. L’abstention du Lib-Dem a généré un résultat nul. Avec 29 voix pour chacun des candidats, le Labour a subi un camouflet inattendu. Les nationalistes gallois ont fermement démenti tout accord avec les conservateurs et UKIP, si jamais leur candidate était finalement élue, s'engageant à présenter un gouvernement minoritaire.
Les travaillistes gallois avaient continué à agir comme si Plaid Cymru était toujours un parti de second rang. Certes, les nationalistes n’ont emporté qu'un siège supplémentaire, mais c'est celui de leur leader au cœur du bastion travailliste du Sud du Pays de Galles. Par ailleurs, leurs scores sont partout en hausse et ils sont parvenus à élargir leur base à des habitants strictement anglophones. Le Welsh Labour se raccroche à l'idée de n’avoir perdu qu’un siège quand on lui annonçait trois pertes.
Finalement, mercredi 18 mai, l’assemblée nationale galloise a réélu Carwyn Jones comme premier ministre, après que les travaillistes et Plaid Cymru ont trouvé un accord le 17. Scellé par une déclaration commune des deux partis, il met fin à une situation de blocage politique. Après avoir passé plusieurs jours à se renvoyer l’accusation d’arrogance, le Welsh Labour et Plaid Cymru ont fini par se retrouver autour de la table des négociations. L'accord ouvre la voie à un cabinet travailliste minoritaire dont Carwyn Jones conserve la tête. Le Labour et les nationalistes ont publié un texte commun mettant en avant l’engagement du futur premier ministre gallois à mettre en œuvre des politiques « de nature à permettre des accords transpartisans ».
L’élection de Jones met fin, provisoirement, à une énième dépression dans les rapports complexes entre le Labour et Plaid Cymru. De 2007 à 2011, les deux partis de gauche avaient gouverné ensemble. Cette alliance, rendue incontournable par le score record alors obtenu par les nationalistes, s’était terminé dans la rancœur. L’élection de Carwyn Jones ce 18 mai ouvre une nouvelle ère avec un « soutien sans participation » de Plaid Cymru à la majorité relative travailliste. Leanne Wood a bien précisé que l’accord ne valait pas « coalition » et que « le Labour ne doit rien considérer comme acquis ». Jones devra redoubler de finesse pour s’assurer une majorité à chacun de ses textes. Il devrait donner des gages à gauche notamment sur l’éducation et la santé pour conforter l’accord avec les nationalistes.
Cette expérience pourrait aussi donner des idées à l’équipe de Corbyn. Le leader travailliste n’est pas hostile à des alliances politiques nouvelles avec les nationalistes gallois et avec les Greens pour construire une majorité à Westminster en vue des élections générales de 2020.
[résultats complets pour l'Assemblée nationale galloise]
Les élections au Parlement écossais ont fini par entraîner le Labour écossais dans les limbes.
les leaders des partis écossais (à gauche Ruth Davidson, au centre Nicola Sturgeon, deuxième en partant de la droite Kezia Dugdale)
Alors que les travaillistes considéraient, il y a encore dix ans, l’Écosse comme leur bastion, ils viennent de concéder leur troisième défaite consécutive, après en avoir été quasiment chassé l'année dernière par le Scottish national party (SNP, indépendantistes de gauche) lors des élections générales de mai 2015 (Le SNP avait remporté 56 sièges sur les 58 représentants l’Écosse à la Chambre des Communes, n'en laissant qu'un au Labour et un aux Tories - illustration ci-dessous - résultats complets de mai 2015). Le Labour reste, en pourcentage, la deuxième force politique écossaise, au parlement régional, ils ont cependant perdu 10 points et sont désormais devancés par des conservateurs menés par la populaire Ruth Davidson. Les Scottish Tories enregistrent un gain de 16 sièges au parlement régional.
Cependant le SNP a perdu 6 sièges et n'est pas parvenu à renouveler sa majorité absolue ; il semble avoir atteint un palier. Le parti dirigé par la première ministre Nicola Sturgeon enregistre malgré tout une troisième victoire consécutive, son premier succès personnel en tant que leader du SNP. Les gains en voix du SNP au scrutin majoritaire (+1,1 points) ne compensent pas le léger recul sur le scrutin proportionnel (-2,3 points) ; surtout cela masque mal que des circonscriptions clé ont basculé aux Libéraux-démocrates ou aux conservateurs, qui engrangent sans doute des résultats dans l'électorat opposé à l'indépendance (Les travaillistes écossais étaient divisés sur la question, alors que le Labour était traditionnellement le représentant régional de l'unionisme). Nicola Sturgeon, qui bénéficiera d'une majorité indépendantiste au Parlement régional grâce au soutien des 4 députés Scottish Greens, doit se préparer à freiner l’usure inhérente à l’exercice du pouvoir. Pour l’heure, elle peut savourer son bonheur : dans l’électorat de gauche, le SNP a remplacé le Labour.
L’arrivée en septembre 2015 de Jeremy Corbyn à la tête du parti sur une ligne de rupture avec le New Labour est intervenue trop tard pour enrayer la déroute annoncée. L’électorat de gauche se trouvait, d’ores-et-déjà, dans le giron indépendantiste. De surcroît, la seule remise en avant d’un programme de gauche se révèle insuffisante pour inverser la vapeur, dans un contexte politique désormais nettement polarisé autour de la question nationale. Ceci explique notamment l’échec de la leader locale du Labour, Kezia Dugdale, dont le discours anti-austéritaire peine à masquer sa difficulté à définir la conception travailliste du maintien de l’unité du royaume.
Le Labour Party – et Corbyn au premier chef, qui a besoin de rétablir une assise en Écosse s'il veut consolider les positions du Labour et ne pas être dépendant d'éventuels futurs « partenaires » d'une coalition à construire – aurait pourtant tout intérêt à permettre la conduite des affaires par un gouvernement régional SNP minoritaire tout en déplacement les enjeux de la question nationale à la question sociale.
[résultats complets pour le Parlement régional écossais]
Le principal enjeu de ce scrutin, alors que les accords de paix du Good Friday (1998) prévoient un partage du pouvoir entre catholiques et protestants, était de savoir si les Républicains de Sinn Féin, profitant de la poussée démographique de la communauté catholique, pouvaient prétendre au poste de Premier ministre. Chez les unionistes protestants, le Democratic Unionist Party (DUP), majoritaire, a mené son « project fear » pour mobiliser, à son profit, son électorat face à la « menace catholique » (un attentat à la bombe perpétré à Belfast contre un gardien de prison en mars dernier par le groupe terroriste dissident new IRA leur a énormément facilité la tâche).
ci-contre : Martin McGuinness, vice premier ministre (SF) et Arlene Foster, première ministre (DUP)
Il semble y avoir réussi et Sinn Féin a de nombreuses raisons d'être déçu de cette année 2016 après une relative contre-performance lors des élections générales en République d'Irlande en février dernier (13,8%, +4 points, + 9 sièges, mais à comparer avec les 19,5% des élections européennes de mai 2014).
L'électorat nationaliste et républicain semble s'être moins mobilisé que les Loyalistes : Sinn Féin perd 2,9 points à 24% et un siège avec 28 députés ; les nationalistes modérés du Social Democratic and Labour Party (qui dominaient électoralement la communauté catholique dans les années 1980-1990) continuent leur décrue constante en perdant 2,2 points à 12% et 2 sièges avec 12 députés. Comparativement, les deux partis unionistes concurrents perdent aussi des voix mais en moindre importance : DUP 29,2% (-0,8 point), maintien à 38 députés ; UUP 13,2% (-0,6 point), maintien à 16 députés.
Le parti de l'Alliance – qui veut dépasser les clivages politiques « confessionnels », mais au projet politique flou – atteint 7% (-0,7 point) et conserve ses 8 sièges. Les écologistes du Green Party triplent leurs suffrages passant de 0,9 à 2,7% et double leur représentation avec deux députés. Les plus raides des unionistes – Traditional Unionist Voice – passent de 2,5 à 3,4% et conservent leur unique député. Enfin, le petit parti de gauche anti-austérité People before Profit Alliance (également présent en République d'Irlande) et lié aux partis trotskystes irlandais et britannique Socialist Workers Party est la seule nouveauté de ce scrutin et réunit 2% des suffrages et réussit à faire élire deux députés.
En conséquence, c'est le statu quo à Stormont et les quatre principaux partis nord-irlandais vont à nouveau co-gérer la province, le DUP recueillant le poste de Premier Ministre avec sa leader Arlene Foster et Sinn Féin continuant d'occuper le poste de Vice Premier Ministre avec Martin McGuinness, ancien leader de l'IRA, dans ce rôle depuis 2007.
[résultats complets pour le parlement nord-irlandais]
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Au final, le paysage politique britannique global sort pratiquement inchangé de ce premier scrutin après la victoire surprise de David Cameron aux élections générales il y a tout juste un an. Beaucoup de partis socialistes ou social-démocrates auraient aimé avoir des résultats comme celui du Labour Party à l'issue de ces élections locales, car si on met de côté l'Ecosse, le Royaume-Uni apparaît bien rouge dans sa carte locale. Cependant, pour le leader du Labour, il devient urgent de passer à la vitesse supérieure. Il doit faire valoir ces résultats plutôt encourageants, pour démontrer que son programme de gauche n’est pas un repoussoir électoral. C’est ce à quoi s’est employé Jon Trickett, député à Westminster et coordinateur de la campagne du Labour pour cette séquence électorale : « Le rôle du Labour sous la direction de Jeremy Corbyn est bien de continuer à reconstruire la confiance, restaurer l’espoir et poser les fondations pour une alternance politique et une Grande-Bretagne meilleure dès 2020. »
L’aile droite travailliste avait annoncé une déroute, menaçant Corbyn d'un putsch si le parti perdait plus de 250 conseillers. Malgré l'invalidation de son pari, elle n’entend pas lui faciliter la tâche sur ce sujet même si elle a acté que Corbyn est bien là pour durer.
A côté des élections locales, peu d’observateurs ont relevé que le parti travailliste a conservé deux sièges de parlementaires lors d’élections partielles tenues également le 5 mai 2016. Le Labour remporte le scrutin à Sheffield Brightside and Hillsborough ainsi qu’à Ogmore, au Pays de Galles. Dans les deux cas, la majorité est nette.
Dans la circonscription de Sheffield Brightside and Hillsborough, Gill Furniss tentait de succéder à son mari, décédé d’un cancer, neuf mois après avoir été élu. La travailliste a obtenu 62% des voix. Le candidat de UKIP est arrivé en deuxième position avec 22%, suivi par les LibDems (6,1%).
ci-contre : Gill Furniss et Jeremy Corbyn
Les conservateurs n'obtiennent que 5,6%). Le Labour progresse de 5,8 points alors que UKIP recule de 2,2 et que les conservateurs chutent de 5,4 points.
A Ogmore, le Welsh Labour ne pouvait pas se permettre de perdre. Il fait élire Chris Elmore, un ancien apprenti boucher âgé de 32 ans, avec 52,6% (-0,3 point). UKIP hisse sa candidate en deuxième place 16,2% (+1,2 points). Plaid Cymru récolte la 3e place avec 15,7% (+5,6 points). Les conservateurs perdent 3,3 points à 12,6% ; les LibDems sont insignifiants avec 3%. Chris Elmore succède à Huw Irranca-Davies, député à Westminster depuis 2002, qui a démissionné pour se faire élire à l’Assemblée nationale galloise.
La réunion du PLP promettait d’être agitée au lendemain des élections locales. Les opposants au leader travailliste avaient fourbi leurs armes sur les plateaux de télévision. Certains voyaient dans l'affirmation de Sadiq Khan de mettre un terme à une stratégie de forte confrontation entre les camps une fenêtre d'opportunité (y compris en France, un politologue proche de Manuel Valls salua sa prise de position l'interprétant comme une remise en cause de la stratégie « classe contre classe » qu'il attribue à Corbyn).
Or, lundi 9 mai en fin d’après-midi, Jeremy Corbyn a pris ses adversaires par surprise en tirant le premier. Il a demandé aux membres du parlement de cesser les polémiques les uns contre les autres en public et de concentrer leurs tirs sur les conservateurs. D'une certaine manière, on peut désormais se demander si l'intervention de Sadiq Khan n'avait pas été « téléphonée » avec « Jez » et qu'elle n'était pas un appel à moins de critiques contre la politique économique conservatrice mais un appel à ne pas dresser de camps retranchés dans le PLP contre Corbyn.
Il a précisé qu’il n’attendait pas d’eux qu’ils soient aux ordres : « Je n’attends pas et je ne veux pas de loyauté aveugle, mais nos adhérents et sympathisants attendent de nous que nous soyons totalement concentrés sur les conservateurs. Nous devons au moins nous respecter les un et les autres à défaut d’être unis. » Il a souligné que nombre de retours d’adhérents du parti avec lesquels il a discuté témoignent qu’ils en ont assez de voir leurs représentants au parlement « parader dans les médias pour faire la course au commentaires » sur le destin du Labour party.
A la lumière des résultats, moins catastrophiques qu’annoncés, Jeremy Corbyn a estimé que le parti n’était pas encore prêt pour gagner les prochaines élections générales, mais qu’il allait dans la bonne direction : « Soyons clair. Les résultats sont mitigés. C’est seulement la première étape pour construire une majorité électorale, convaincre des électeurs qui votent pour les autres partis et mobiliser ceux qui ont tourné le dos à la politique, à l’image de ce que nous avons fait à Londres et Bristol. »
Il a rappelé les projections de la BBC, ou le Labour devance désormais d’un point les conservateurs, alors qu’un an auparavant, ces derniers avaient une avance de 7 points.
Lors de la réunion du PLP, on a pu constater que le chemin était encore long. L’aveuglement de certains perdurent, notamment sur le Pays de Galles, où l’on préfère mettre en avant le fait que la polémique sur l’antisémitisme et les propos de l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, qui auraient fait perdre des voix. Certains refusent encore d’admettre que Plaid Cymru est en train de reprendre du terrain au cœur des bastions du Labour comme le démontre l’élection de la porte-parole du parti Leanne Wood.