Manuel Valls, François Hollande ou Emmanuel Macron confondent "culture de gouvernement" et la "culture de LEURS gouvernements" : ceux qui ont conduit à l'échec du fait du renoncement à leurs engagements devant les citoyens, renoncements qui ont nourri une nouvelle et forte progression de l'extrême droite, renoncements qui ont créé une situation politique qui risque de conduire tout candidat étiqueté "socialiste" a une défaite massive en juin prochain... et donc condamner la gauche à ne plus gouverner, et à ne plus gouverner avant longtemps si cette revendication de la "culture de LEURS gouvernements" continue d'empêcher la gauche de se retrouver, de se rassembler.
Je ne connais pas - quelle que soit leur sensibilité - de socialistes qui n'aspirent pas à gouverner parce que - contrairement aux "mouvementistes" - gouverner c'est agir sur le réel et donc potentiellement le transformer, transformer la société (pour ceux qui en ont l'ambition et la conviction).
Par contre, j'en connais des centaines de "responsables" dits socialistes qui ont arrêté de penser et qui nous expliquent que les nécessités de la gestion justifient leur abdication en faveur de l'immobilisme (pour les moins atteints) ou trop souvent en faveur du libéralisme.
"On est socialiste à partir du moment où l'on a considéré ce fait essentiel : le patronat et le salariat s'engendrant l'un l'autre et s'opposant l'un à l'autre, à partir du moment où l'on se refuse à accepter ce fait comme nécessaire et éternel, à partir du moment où l'on a cessé de dire : « Bah ! c'est l'ordre des choses ; il en a toujours été ainsi, et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce soi-disant ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité, de solidarité qui vit en nous." Ces mots de Léon Blum rédigés en 1919 à l'attention des nouveaux adhérents du Parti Socialiste SFIO devraient résonner en nous et nous bousculer à nouveau.
En 2008, les inénarrables Jean-Noël Guérini et Gérard Collomb avaient rédigé pour le congrès de Reims une contribution générale intitulée "La ligne claire" qui expliquait qu'un programme socialiste serait l'addition des expérimentations locales des collectivités dirigées par le PS, en tout cas de celles qui étaient les plus raisonnables et les plus "gestionnaires"... c'était l'affirmation par excellence de la défaite de la pensée et du volontarisme, l'abandon de la transformation de la société.
C'est un peu ce qui est arrivé de 2012 à 2017 et qui risque donc de nous conduire pour longtemps à ne plus gouverner si nous ne redressons pas la barre rapidement.
Merci à Claude Askolovitch d'avoir déconstruit dans l'article qui suit l'interprétation absconse portée par les Valls, Hollande, Macron et consorts de leur culture de gouvernement.
Frédéric FARAVEL
Vous pouvez lire son analyse ici sur le site Slate.fr
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