Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
Me contacter

en savoir plus

 

Trouve

Gauche Républicaine & Socialiste

17 septembre 2019 2 17 /09 /septembre /2019 09:08

Depuis hier la presse nous abreuve des indiscrétions indiscrètes [c'est fait exprès] autour du discours tenu par Emmanuel Macron aux parlementaires LREM et MODEM (on remarquera que rarement un Président de la République aura aussi souvent convoqué SA majorité parlementaire pour la chapitrer, marquant ainsi tout à la fois la faiblesse de son encadrement politique et le peu de considération totalement assumé pour la séparation des pouvoirs) pour promouvoir une prétendue lucidité sur l'immigration.

Mais au fond qu'est-ce que cela change fondamentalement ?

N'aviez-vous pas vu les mesures imposées par l'exécutif et sa majorité parlementaire lors de l'adoption de la Loi Asile-Immigration ?

N'aviez-vous pas noté que le débarquement de Pascal Brice de la direction de l'OFPRA (qui se croyait pourtant bien introduit auprès de l’Élysée) marquait la victoire du ministère de l'intérieur sur cette agence dont le patron se voulait trop autonome ? N'aviez-vous pas compris que c'était là un renforcement d'une logique qui prévaut depuis 2010 et soumet toute la politique d'asile et d'immigration à ce seul ministère quand bien d'autres devraient avoir leur mot à dire (Justice, Finances, Économie, Santé, Affaires sociales, Éducation nationale, Vie associative...) ?

N'aviez-vous pas noté cette continuité depuis 2014 sur l'immigration qui conduisit la France à refuser la mise en place de ce que la presse avait imprécisément appelé quotas lors de la crise migratoires de 2015, pour n'accueillir que moins de 25.000 réfugiés quand l'Allemagne en recevait 1 million (décision non préparée, à la fois forcée et irresponsable, égoïste car fondée sur l'idée de pallier la catastrophe démographique allemande et de baisser encore les salaires), l'Autriche 90.000 et la Suède 160.000 ?

N'avez-vous pas noté que malgré l'implication impressionnantes des associations, des ONG, des bénévoles, des agents de l'OFPRA, notre pays ne s'est toujours pas donnée les moyens nécessaires pour accueillir les demandeurs d'asile ?

Ce qui va changer c'est donc le discours... Il va ouvertement flatter les pires élucubrations de l'extrême droite, les recycler sous un vernis bourgeois : il suffit de revoir et relire les propos nauséabonds de Julien Denormandie hier sur BFMTV à propos de l'Aide Médicale d’État et du tourisme médical des migrants et des demandeurs d'asile ! Remarquez Nathalie Loiseau, leur tête de liste européenne (sans doute un retour de mémoire de sa jeunesse à Sces Po) nous avait fait plus ou moins le même coup durant la campagne électorale.

Ce discours est fondé sur l'idée méprisante que les classes populaires ne seraient que des masses avinées, xénophobes et bas de plafond... Le mépris n'abaisse que ceux qui l'expriment. Mais surtout il vise par ricochet à légitimer les thèses de ceux que le Prince Président s'est choisi comme adversaire exclusif pour marginaliser tout le reste du champ politique (qui l'aide bien) : la Bourgeoisie va se servir de l'immigré comme bouc émissaire, puis la Bourgeoisie nous dira "Pour éviter le fascisme, votez banquier !"

Car c'est bien là l'une des blagues absolues dont la Macronie nous abreuve régulièrement : que Macron enjoigne ses troupes de ne pas être "un parti bourgeois" est singulièrement cocasse, quand on mesure sa politique et qu'on se rappelle qu'il fut réclamé en 2012 à François Hollande par les grands patrons comme secrétaire général adjoint impératif de l’Élysée. Le mentor avait en son temps préfiguré la politique libérale qui s'appliquer sans filtre désormais et nous avait demandé aussi de regarder la situation en face en foulant la République aux pieds pour introduire dans la constitution la déchéance de nationalité pour les binationaux. La boucle est bouclée : le Commis du Grand Capital décide de "regarder l'immigration en face" pour se garantir sa réélection en confortant la place de l'ennemi nationaliste lors de la prochaine présidentielle.

Ne vous méprenez pas cependant, je n'ai rien d'un "No Border", je n'ai jamais cru que n'importe qui pouvait s'installer où il voulait, comme il le voulait, quand il le voulait. Je crois qu'un État doit défendre les intérêts de ses citoyens avant toutes choses... mais je crois aussi que notre État est une République qui prétend avoir un message universel et que la pertinence ou la véracité de nos principes et de nos actes est une des conditions du ciment national : si nous prétendons être la Mère des Droits de l'Homme et du Citoyen, la Patrie de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité, alors toute action politique et administrative fondée sur l'idée que nous réduirons les flux d'immigration, l'arrivée de demandeurs d'asile par la dissuasion, en théorisant la nécessité de mauvaises conditions d'accueil, est indigne de nous ! Elle abaisse la confiance et la fierté d'être Français, elle réduit notre action d'intégration ou d'assimilation, elle accroît les difficultés de voisinage et de cohabitation entre les membres de la communauté nationale et ceux qui pourraient un jour prétendre en faire partie... Croyez-vous au demeurant une seule seconde que ce type de stratégie puisse avoir un quelconque poids face aux défis démographique, climatique, économique et sécuritaire auxquelles les populations de la Méditerranée, de l'Afrique ou du Moyen-Orient sont confrontées ? Croyez-vous que la délocalisation des centres de rétention en Turquie ou en Libye aura une quelconque efficacité ?

Je ne prétends pas pour autant nier l'existence des tensions sur le corps social qui résultent de l'immigration ; elles ont toujours existé et il faut les affronter, elles n'ont rien d'insurmontables (il suffit de voir le devenir des précédentes vagues d'immigration et le taux de mariages mixtes aujourd'hui pour s'en convaincre). Mais cela suppose aussi d'avoir une vision exigeante de la République et pour la République : quelles soient présentes partout sur le terrain, notamment qu'elle retrouve le chemin de ces zones de relégation rurales, urbaines ou périurbaines, et tout particulièrement là où on a remplacé des bidonvilles dans les années 1970 par des ghettos immobiliers sans considérer que ces nouveaux enfants de la République avaient finalement le droit à un accès égal à la culture, à l'emploi, aux services... Il ne s'agit pas uniquement de compter sur des services publics - qu'il faut restaurer - qui serviraient de cautères sur une jambe de bois mais que l’État retrouve enfin une stratégie économique qui ne saurait être fondée sur le seul marché.

Regardons l'échec de l'Allemagne post-2015 ; nous avons à nous donner les moyens de réguler, organiser et assimiler : oui nous pouvons accueillir plus de monde - pas tout le monde - et être à la hauteur du message républicain en investissant massivement sur l'apprentissage de la langue française, le logement, la formation professionnelle, l'éducation à la République et à la Laïcité... bref construire des Communs, plutôt que juxtaposer des différences qui ne pourront pas dialoguer sans ceux-là !

Même si Macron et Le Pen y travaillent d'arrache-pied, le pire n'est jamais sûr. Il ne tient qu'à nous !

Frédéric Faravel

Julien Denormandie, ministre du logement, sur BFMTV le lundi 16 septembre 2019

Julien Denormandie, ministre du logement, sur BFMTV le lundi 16 septembre 2019

Partager cet article
Repost0

commentaires