Vous trouverez en annexe la présentation détaillée des résultats des élections générales britanniques qui avaient lieu hier, jeudi 12 décembre, par le site Grey-Britain.
Je tenais à vous faire part ci-dessous de mon analyse.
Il y a évidemment d’autres considérations possibles mais le scrutin aura été dominé par l’enjeu de mettre enfin en œuvre le choix référendaire des Britanniques de quitter l’Union Européenne, ce qu’avait parfaitement saisi qu’on l’aime ou non Boris Johnson.
On ne peut pas ne pas tenir compte de l’expression de la souveraineté populaire (quelles que soient les hautes traditions parlementaires de ce pays qui faisaient jusqu’en 2016 de la Chambre des Communes son principal vecteur).
Cela explique largement la chute du « Red Wall » au nord de l’Angleterre, ces circonscriptions qui votaient toujours Labour Party depuis parfois plus de 70 ans et qui avaient choisi très majoritairement le vote Leave en 2016. Jeremy Corbyn était face à une mission impossible : soit il était clair sur le respect absolu du choix référendaire populaire et il risquait de perdre des circonscriptions au profit des remainers LibDems, soit il était flou et on connaît le résultat. Il aura fait le pari d’un discours axé sur la nécessaire transformation économique et sociale du pays (pas si radical que cela en soi, n’en déplaise à la presse sociale-libérale européenne, qui ne s’est toujours pas remise de l’échec du blairisme, le quotidien Le Monde en tête), mais cela n’était pas vraiment audible avec le pays chauffé à blanc depuis 3 ans dans un Brexit juridiquement compliqué à mettre en place et un Parlement tiré à hue et à dia.
Les résultats en Écosse et en Irlande du Nord renforcent cette analyse selon moi : la victoire écrasante (même si moindre qu’annoncée au milieu de la nuit) du Scottish National Party (SNP) au pouvoir en Écosse rappelle le choix des Écossais pour le Remain ; les Unionistes désormais représentés par le seul Democratic Unionist Party (DUP) à Wesminster (petit parti brexiter qui avait fait chanter Theresa May puis Boris Johnson) sont pour la première fois minoritaires électoralement en Ulster (ils perdent 2 sièges et 5,4 points à l'échelle de la province) - leur chef de file à Londres a été battu par un candidat républicain -, derrière l’addition des Républicains de Sinn Féin (qui ne siègent jamais à Westminster par principe, mais gardent leurs 7 sièges malgré une perte de 6,6 points), des nationalistes modérés social-démocrates du Social Democratic and Labour Party (SDLP - reprend 2 sièges et 3,4 points) et de l’Alliance Party (emporte un siège sur un indépendant et bondit de 8,9 points), tous favorables au maintien dans l'Union européenne qui garantissait l'absence de frontière avec la République d'Irlande.
La question de l’unité du Royaume va donc redevenir prégnante : avec la volonté du SNP d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance, préalable à une candidature de l’Écosse à rejoindre l’Union Européenne (n’en déplaise à Ian Murray dernier MP travailliste écossais, le vote s’est bien fait là-dessus plus que sur la personnalité de Corbyn, le rapport au communautarisme ou sur l’antisémitisme supposé de l’appareil du Labour) ; avec une majorité d’élus Nord-Irlandais favorables à un plus grand rapprochement avec la République voire à la réunification, en tout cas radicalement opposés au sectarisme du DUP.
Las, Johnson aura donc les mains libres pour réaliser le #Brexit mais surtout pour maintenir l’austérité et dépecer un peu plus l’économie britannique contre la working class. La guerre civile va reprendre au sein du Labour sauf si Corbyn arrive à imposer un véritable débat de fond dégagé du poids du Brexit avant son départ.
Mais le Royaume sera-t-il encore uni dans 5 ans ?
Frédéric Faravel
Elections générales 2019 - Le jour d'après
Taux de participation : 67.17% - en baisse de 1.49% par rapport au scrutin de 2017. Parti Conservateur : 44 % 364 élus Labour Party : 32 % 203 élus Libéraux Démocrates : 12% 11 élus SNP : 4 % ...
https://www.grey-britain.net/2019/12/13/elections-generales-2019-le-jour-dapres/