Samedi 24 octobre 2020 à 10h était convoqué le quatrième conseil municipal depuis le second tour de l'élection municipale, après deux reports sans concertation.
Rien dans ce conseil ne laissait présager que les choses se passent mal ; il se serait d'ailleurs bien passé partout ailleurs qu'à Bezons. Ce conseil s'est d'ailleurs ouvert par un moment de communion républicaine en hommage à Samuel Paty, le professeur d'histoire-géographie lâchement assassiné puis décapité en pleine rue par un fanatique islamiste qui lui reprochait d'avoir fait son devoir, d'avoir donné à ses élèves comme chaque année un cours sur la liberté d'expression. Vous retrouverez en fin d'article la vidéo de l'intervention au nom du groupe municipal "Vivons Bezons" prononcé par mon collègue Arnaud Gibert.
Je ne doute pas un seul instant que chaque conseiller municipal de Bezons est convaincu qu'il est nécessaire d'assurer la protection de tous ceux (agents publics communaux, policiers, soignants, enseignants, etc.) qui font vivre concrètement la République au quotidien, qu'il faut faire en sorte que la promesse républicaine devienne (enfin !) une réalité pour toutes et tous afin de ne pas offrir de terreau fertile au radicalisme religieux et qu'il ne faut plus céder un pouce de terrain à tous les fanatiques religieux qui tentent de détruire à bas bruits ou par des coups d'éclats notre communauté. J'ajouterai pour ma part que cela ne peut être réalisé qu'à la condition que l'égalité républicaine devienne concrète partout sur notre territoire ; contrairement à ceux qui à droite et au gouvernement semblent penser que la République implique "des droits et des devoirs", j'affirme que la République établit d'abord des droits, l'égalité de ses citoyens et l'obligation faites à tous (et à l'Etat en premier lieu) de les respecter. Jean Jaurès avait dit au lendemain de l'adoption de la loi de 1905 qui faisait de notre République un Etat laïque : "La République est devenue laïque, elle doit désormais devenir sociale. La République restera laïque parce qu'elle sera devenue sociale !" Ce message est plus que jamais d'actualité.
Il en fut malheureusement autrement comme en a témoigne le débat sur le budget supplémentaire dont vous trouverez la vidéo ci-dessous (vous trouverez les autres à la fin de l'article).
Ainsi, Arnaud Gibert et moi-même avons interrogé la nouvelle majorité municipale sur le budget supplémentaire (dénommé "décision modificative") qui nous était soumis ce matin là. Nos questions étaient précises : sur la chute de l'autofinancement, sur les changements opérés en matière d'enfouissement des réseaux et de travaux de voirie, sur les projets qui étaient portés par la nouvelle municipalité concernant le square de la République, la vidéosurveillance... Nous avons également interrogé Mme Menhaouara et son équipe sur l'absence de réalisation de l'armurerie de la police municipale et sur la sincérité des sommes affichées dans ce budget supplémentaire.
Pour éviter de nous répondre, Mme Menhaouara a fait une opération de diversion pour changer l'orientation des projecteurs et ne plus parler du budget et s'ériger en victime (un moment informel avec ses enfants en marge d'une action municipale peut arriver) sur un fait que personne ne lui avait reproché (M. Lesparre avait dénoncé des rencontres de travail avec des partenaires économiques et institutionnels avec en première ligne des personnes qui n'avaient pas de lien direct avec l'institution municipale)... Il est vrai qu'aucun élu de l'opposition n'avait été averti (nous l'avons découvert pendant le conseil) qu'une réception se tiendrait à l'Hôtel de Ville en présence d'un sénateur du Val-d'Oise et d'un représentant du consulat d'Algérie le 17 octobre dernier. A partir de ce moment là, non seulement nous avons eu droit à un numéro indécent avec trémolos dans la voix qui n'avait pas sa place en conseil municipal, mais toutes questions et toutes interventions de l'opposition ont été dénoncées par principes comme des insultes et des agressions. J'ai donc demandé et exigé le retour au calme et qu'on sorte du ridicule absolu...
Nos questions n'ont pas plus reçu de réponse, Mme Menhaouara confondant démocratie et autoritarisme du Maire, menaçant l'opposition de lui couper le robinet : nous n'avions pas remarqué qu'il était ouvert. Le pire enfin c'est qu'une partie des réponses à nos questions se retrouvent dans la presse, après un entretien accordé au Parisien Val-d'Oise suite au conseil municipal, alors qu'on nous (nous, les représentants des Bezonnais.es) avait refusé par principe ces mêmes réponses en conseil municipal... c'est proprement scandaleux ! En réalité, Mme Menhaouara semble considérer chaque question comme un offense et chaque intervention de l'opposition comme une insulte, et menace de réduire l'expression démocratique des oppositions...
Ce fut un moment pénible pour tous et pour les Bezonnais.es plus encore. N'ayant pu obtenir des éclaircissements sur ces dossiers, ne justifiant l'engagement que plusieurs centaines de milliers d'euros que par l'existence de plusieurs "groupes de travail" ouverts aux seuls conseillers municipaux de la majorité "divers droite" de Mme Menhaouara, nous avons voté contre le budget supplémentaire.
Nous étions aussi amenés à nous prononcer sur une demande de subvention à l'Etat pour les masques de fabrication française achetés lors du confinement par l'ancienne municipalité et distribués à la population de Bezons. Cette demande de subvention avait été également initiée par l'ancienne municipalité. L'occasion pour moi de redire qu'il faut prendre des mesures de solidarité et économiques pourtant évidentes que se refuse à faire encore le gouvernement d'Emmanuel Macron (vidéo ci-dessus).
Je suis également revenu sur le désengagement progressif et continu depuis 2014 de l'Etat dans tous les dispositifs de "politique de la Ville". La solidarité territoriale est devenue la cinquième roue du carosse de l'action publique des gouvernements. Le fait que les groupes scolaires Louise-Michel et Karl-Marx ne soient pas en zone prioritaire et que les CP et CE1 ne puissent y être dédoublés est particulièrement scandaleux... Depuis des années, la précédente municipalité a demandé le changement. La nouvelle maire émet des considérations très défaitistes en la matière - il est vrai qu'une partie de sa majorité municipale est complice de la politique du gouvernement -, pour notre part nous continuerons à pousser à un changement nécessaire pour nos enfants. (vidéo ci-dessous)
Le conseil municipal examinait aussi une demande de subvention pour le Centre Municipal de Santé (CMS) au Fonds d'intervention régional : cette demande avait été initiée par Florelle Prio dès le confinement au printemps dernier, lorsque le CMS s'était sous impulsion réorganisé pour faire face à la Crise Sanitaire et à la pandémie de COVID-19. Notons également que l'Agence Régionale de Santé s'est engagée à compenser les pertes financières des centres de santé dûes au COVID, nous l'avons souligné et la municipalité ne nous a pas répondu sur le sujet. (vidéo ci-dessus)
J'ai également l'inquiétude des Bezonnais.es face aux difficultés que traversent aujourd'hui le CMS, avec de nombreux départs et arrêts maladies non compensés, ce qui impacte évidemment son activité et la qualité du service. Nous considérons que le CMS doit être au cœur de l'offre de soin à Bezons. Monsieur Cuvillier a annoncé le recrutement prochain du directeur de la structure, du personnel d'accueil et le passage d'un infirmier de 50 à 75% : nous nous en félicitons, nous espérons que les améliorations vont se poursuivre, et nous remercier Monsieur Cuvillier de sa réponse. Mme Menhaouara s'est contentée d'attaquer la gestion des ressources humaines de l'ancienne municipalité : difficile à entendre quand on sait qu'elle appartenait à l'ancienne municipalité, que les mêmes agents gèrent les RH jusqu'à cette semaine et quand on connaît les efforts déployés par Mme Prio pour résoudre des situations difficiles qu'avait rencontrées le CMS.
La création de poste du Directeur de la tranquillité publique déjà soumise au conseil du 2 septembre revenait de manière inhabituelle à ce conseil. Lors du précédent conseil municipal, mes questions avaient été balayées d'un revers de la main par Mme Menhaouara. Cette fois-ci, contraint par une sorte de ridicule de repasser au vote du conseil un poste précédemment voté, la Maire et M. Kevin Cuvillier, premier adjoint au Maire en charge de l'administration et des ressources humaines, ont du rentrer dans les détails.
Qui a dit que les questions de l'opposition étaient insultantes et ne servaient à rien ? (vidéo ci-dessous)
J'ai par ailleurs salué l'initiative bien venue de créer des postes d'apprentis surtout la période économique difficile que nous traversons.
Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
membre du groupe municipal "Vivons Bezons"
Hommage à Samuel Paty