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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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29 juillet 2021 4 29 /07 /juillet /2021 11:00

J'ai répondu, comme représentant du syndicat CGT des collaboratrices et collaborateurs parlementaires, hier midi à Florent Le Du, journaliste à L'Humanité, sur l'état de la situation après qu'aient été révélées plusieurs affaires de harcèlement moral au travail mettant en cause plusieurs sénatrices en poste. Je vous reproduis ci-dessous cet entretien publié ce matin 29 juillet 2021 dans l'édition papier du quotidien et sorti hier soir en ligne.

Frédéric FARAVEL

Afin d'améliorer la protection des assistants victimes de harcèlement moral, la CGT appelle à témoigner anonymement. Entretien.

Au début du mois, la sénatrice écologiste Esther Benbassa a été accusée par huit anciens collaborateurs de harcèlement moral, manifesté par des fortes pressions, des chantages et des humiliations. Des révélations qui ont rappelé le calvaire que vivent de nombreux assistants d'élus, alors que les parlementaires Frédérique Espagnac (PS) et Joëlle Garriaud-Maylam (LR) font aussi l'objet d'accusations. Pour faire bouger les lignes et rendre compte de cette réalité, la CGT collaborateurs parlementaires a lancé un appel à témoignages.

Vous avez lancé la semaine dernière un appel à témoignages de victimes de harcèlements moraux à destination des collaborateurs parlementaires du Sénat. L'objectif est d'ainsi libérer la parole ?

Il est nécessaire de trouver un moyen de briser l'omerta, d'avoir un espace pour que les collaborateurs puissent s'exprimer, raconter les abus dont ils ont été ou sont encore victimes. Cela doit nous permettre de mesurer l'ampleur du phénomène. Nous ne pensons pas que ce soit massif, mais on ne peut pas non plus en rester au discours qui consiste à dire qu'il s'agit de cas isolés ou d'accidents. Il faudra envisager une forme de publication des témoignages recueillis afin de rendre compte auprès du grand public et des responsables politiques de cette réalité. Cette première démarche, faite de manière anonyme, pourra aussi convaincre certaines victimes de sauter le pas et d'engager une procédure avec notre soutien.

Espérez-vous que ces témoignages permettent à terme une meilleure protection ?

Une meilleure prise en compte des cas de harcèlement moral au Sénat doit notamment permettre de faire avancer la cellule de prévention du harcèlement de la Chambre haute. Celle-ci nous a reproché de nuire à son travail [il y a eu ici une confusion de la part du journaliste : ce n'est pas la cellule, mais la présidente de l'Association de Gestion des Assistants de Sénateurs (la vice présidente du Sénat et sénatrice RDSE de Gironde ex UDI, Mme Nathalie Delattre) qui a fait ce reproche à la CGT-CP lors de la réunion de l'instance de dialogue social le 20 juillet 2021] avec notre appel à témoignages, mais c'est tout le contraire, nous allons la nourrir. Cependant, encore faut-il ensuite une volonté politique politique de la faire fonctionner, de lui donner des moyens, et d'établir une procédure claire qui permette de garantir la protection des collaborateurs. Les responsables politiques doivent d'ailleurs se saisir de cette question. Comment protéger leur santé mentale mais aussi leur avenir professionnel car, aujourd'hui, il leur est de fait impossible de continuer à travailler pour leur employeur et aucune réaffectation n'est possible.

Pourquoi l'omerta est-elle particulièrement difficile à briser dans ce milieu professionnel ?

C'est un petit monde où le poids symbolique du pouvoir vous muselle sans doute encore plus qu'ailleurs. Comme dans d'autres milieux, la difficulté consiste d'abord à se rendre compte que l'on est victime de harcèlement moral, de sortir d'une certaine emprise exercée par l'élu. Un ancien collaborateur qui a souhaité témoigné nous a expliqué qu'il a dû être alerté par ses proches et finalement prendre vraiment conscience de ce dont il était victime dans le bureau d'un psychologue. Mais il n'a pas voulu engager une procédure, de peur que cela lui cause davantage de torts. Les pouvoirs de nuisance d'un élu sur son collaborateur sont potentiellement très forts. Politiquement et professionnellement, l'employeur peut briser la carrière de son assistant, en lui bouchant l'horizon, en pourrissant ses réseaux professionnels et politiques. Finalement, c'est une autre forme d'emprise qui se poursuit. Par ailleurs, les sanctions sont rarement prononcées ou très faibles, ce qui n'encourage pas non plus les victimes à porter plainte. Ce n'est qu'en libérant la parole que cette situation peut évoluer.

fac simile de l'entretien dans L'Humanité du jeudi 29 juillet 2021

fac simile de l'entretien dans L'Humanité du jeudi 29 juillet 2021

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