C'est sans doute ce qui l'a poussé à faire cet appel dans Le Monde pour François Bayrou rejoigne dès le premier tour Ségolène Royal, mais outre le fait que cela ne peut que mettre en difficulté la manière de conduire la campagne de Ségolène Royal, c'est une véritable erreur stratégique.
D'abord parce qu'on ne demande pas à un de ses adversaires qui court derrière soi de nous rejoindre, à moins qu'on ne craigne d'être rattrappé et dépassé, donc de se mettre ainsi dans une position de battu.
Ensuite et surtout parce que le premier tour de l'élection présidentielle doit être l'occasion de mesurer quelles sont les options les plus soutenues par les Français avant de tenter de les rassembler au second... Que François Bayrou annonce qu'il soutient Ségolène Royal entre le 22 avril et le 6 mai 2007, et l'hypothèse d'une alliance de l'UDF avec la gauche - la première devant ainsi faire une révision assez déchirante de son histoire et de son idéologie - pour empêcher une aventure réactionnaire sarkoziste peut éventuellement devenir un sujet de discussion. Mais il faut d'abord que les Français tranchent entre le projet solidaire et socialiste de Ségolène Royal et le projet libéral de François Bayrou et que les conditions du ralliement soient clairement établies sur les bases posées par la candidate socialiste.
Enfin parce que n'en déplaise à François Bayrou et Michel Rocard, l'UDF gouverne partout avec la droite la plus dure en ce moment même dans les conseils municipaux, généraux et régionaux où elle fait partie de la majorité (c'est-à-dire partout le PS et la gauche sont dans la minorité) et qu'il n'existe aucun exemple où l'UDF soutienne une politique menée par une majorité même relative de gauche. il y a là une impasse politique grave, une illusion majeure que n'ignore par François Bayrou qui pourrait bien ne pas appeler à voter Ségolène Royal au 2nd tour pour la simple raison qu'il a besoin du soutien de l'UMP pour faire réélire ses députés UDF.
Frédéric Faravel
Tous les Français ne souffriront pas de la même façon : les plus riches vivront encore mieux. Les classes moyennes et les petits salariés vivront plus mal. Les exclus seront plus seuls que jamais.
Socialiste et européen depuis toujours, j'affirme que sur les urgences d'aujourd'hui rien d'essentiel ne sépare plus en France les sociaux-démocrates et les démocrates-sociaux, c'est-à-dire les socialistes et les centristes. Sur l'emploi, sur le logement, sur la dette, sur l'éducation, sur l'Europe, nos priorités sont largement les leurs. Sur la société, sur la démocratie, sur les femmes, sur l'intégration, sur la nation, nous partageons les mêmes valeurs. Isolés, ni eux ni nous, n'avons aucune chance de battre la coalition de Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen. Mais rassemblés avec les Verts, la gauche sociale-démocrate et le centre démocrate-social constituent une majorité dans le pays. Et dans 2 semaines elle peut devenir la majorité réelle. C'est la chance de la France.
Il ne faut pas attendre l'après-2nd-tour pour créer la dynamique de l'alliance. Dans quelques jours, les Français décideront qui, de François Bayrou ou de Ségolène Royal, sera le mieux à même de battre Nicolas Sarkozy. Et ils le feront d'autant mieux qu'ils sauront que, dans tous les cas, une alliance sincère et constructive défendra au second tour puis aux législatives un projet commun d'espoir pour la France.
J'appelle donc François Bayrou et Ségolène Royal, avant le 1er tour, à s'exprimer devant les Français pour s'engager dans la voie de cette alliance. Qu'ils fassent confiance aux Français pour que les Français leur fassent confiance.
Je ne me prononce qu'au nom d'une seule ambition : l'amour de mon pays. L'envie que la France retrouve confiance en elle; que nos jeunes portent l'espoir d'une vie meilleure; que notre Etat se modernise dans le respect de chacun; et que triomphent nos idéaux démocratiques dans un monde en mouvement.
Pour la première fois depuis longtemps, j'atteste que ce chemin nous est ouvert. Nous pouvons déplacer les lignes politiques pour qu'elles soient fidèles à nos convictions. Nous pouvons faire repartir la France sur les rails du progrès économique, de la justice sociale, d'une démocratie impartiale et apaisée. Offrons ce choix aux Français et je suis sûr qu'ils l'approuveront.
Si nous ne saisissons pas cette chance, oui nous n'aurons aucune excuse…
Michel Rocard, premier ministre de 1988 à 1991, député européen
François Hollande : "pas d'alliance concevable"
Réagissant à la proposition faite par Michel Rocard d'une alliance Royal-Bayrou, le premier secrétaire du PS François Hollande a déclaré vendredi à l'AFP qu'il n'y avait "pas d'alliance concevable entre la gauche et une partie de la droite". (AFP)