21 mai 2007
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Je réagis à la nouvelle intervention de la jeune candidate socialiste aux législatives Najat Vallaud-Belkacem (29 ans, 4e circonscription du Rhône) dans l'émission chez F.O.G., co-invitée hier samedi 19 mai sur France 5 avec Charles Pasqua. Je n'ai pas la prétention de faire une citation parfaitement exacte, mais en substance voilà ce qu'a dit cette chamante candidate : "le parti socialiste n'a rien foutu depuis quatre ans et demi, comment voulez-vous que Ségolène Royal ait pu réussir la rénovation du PS en six mois de campagne ?"
Cet argumentaire, désormais récurrent que l'on entend à la fois dans la bouche des proches de Ségolène Royal et dans celle de DSK, appelle plusieurs commentaires :
1- On ne demandait pas à Ségolène Royal de rénover le PS en six mois, parti dont d'ailleurs elle n'a cessé de déclarer qu'elle souhaitait s'en affranchir, appelant puis jetant les affreux "éléphants" au gré des circonstances, mais de remporter l'élection présidentielle. Ce qui était déjà un beau défi qui se suffisait à lui-même et rien ne démontre dans les sondages que ce soit le Parti socialiste qui l'ait gênée dans sa campagne, les électeurs qui se sont rangés derrière elle étant motivés au premier comme au second tour par l'idée de ne pas éliminer la gauche puis d'éviter Sarkozy. Encore une fois, l'entourage de la candidate cherche à reporter toutes les responsabilités sur cette campagne qu'elle a menée vers ceux qui en était exclu ; Ségolène étant infaillible, comment aurait-elle pu faire une erreur ? Si elle a perdu c'est donc de la faute des autres.
2- Rappelons au passage que Lionel Jospin - avec il est vrai un taux de participation moindre (mais qui donc favorisait le Front National) -, avait en 1995, après 14 années de présidence mitterrandienne si décriée, réussi à arriver en tête avec 23,5% puis à réaliser 47,3% des suffrages au second tour, plaçant la gauche dans une perspective de travail, de rassemblement et de reconquête. Aujourd'hui, après 12 années de présidence chiraquienne, après 5 années d'actions réactionnaires, dans un contexte où le candidat de l'UMP appartenait à une équipe sortante impopulaire désavouée à mainte reprise par les Français, la candidate socialiste (elle n'en est pas la seule responsable...) arrive 2ème aux deux tours de scrutins, portée essentiellement par la logique défensive des électeurs de gauche, notamment communistes, écologistes et altermondialistes, une partie de l'électorat social-démocrate ayant choisi le vote Bayrou, décontenancé qu'il était par les interventions tout azimut de la candidate socialiste. Avec 46,94% alors qu'elle aurait dû être l'alternative naturelle, Ségolène Royal peut contempler aujourd'hui une gauche qui n'a pas compris le 21-Avril, dont elle a dénigré le peu de travail sur soi accompli, et dont les différentes composantes sont réthives au rassemblement du fait de certaines de ces prises de positions et de ces thèmes de campagne... Belle perspectives en effet !
3- Enfin puisque le Parti socialiste, selon Madame Vallaud-Belkacem, n'aurait rien fait pendant cinq ans, depuis le 21 avril 2002, j'aimerais lui poser la question tout comme je la pose aux trois candidats à l'investiture présidentielle du 16 novembre 2006. Quels ont été les choix de Dominique Strauss-Khan, Laurent Fabius et Ségolène Royal durant ces cinq années, désormais décriées ? Lors du congrès de Dijon, ils ont tous été dans la motion A menée par François Hollande qui s'est échinée à enterrer consciencieusement toutes perspectives de rénovation et de réflexion sur le fond car elles auraient signifié la rupture entre les tenants du pacte - Mme Royal s'était distinguée à l'époque par un silence absolu, DSK et Fabius par des faux-semblants... Mme Belkacem est sans doute trop jeune pour rendre des comptes sur le sujet. Qu'a fait à l'époque le principal ouvrier de la candidature de Ségolène Royal, Monsieur Julien Dray ? il s'est employé à saborder la seule motion rénovatrice, NPS, pour aller renforcer la coalition des mous et des faux-semblants, menées par François Hollande ;
4- Qu'ont fait DSK et Ségolène Royal lors du congrès du Mans qui suivit de manière anticipée le référendum interne sur le projet de TCE ? ils ont à nouveau suivi la motion 1 de François Hollande qui souhaitait repasser les plats de Dijon avec les mêmes faux-semblants et le même enterrement des débats. Julien Dray était encore à la manoeuvre, Ségolène Royal toujours muette, et DSK poussait le vice jusqu'à refuser de déposer sa propre contribution générale (à défaut de motion) mais conseillait la lecture de la contribution générale sociale-libérale de Laurent Baumel, dont on ne trouvera plus rien ensuite dans la motion 1. Belle manière de défendre des convictions et d'engager sa "rénovation sociale-démocrate". Et après avoir porté la rupture au référendum sur le TCE et avec la motion 2 au congrès du Mans, Laurent Fabius et ses amis se sont empressés de faire la synthèse sans aucune condition, pensant par la même qu'ils asseyaient la candidature de leur champion, et contraignant par là-même NPS à une synthèse à quelques conditions et aux déchirements que l'on connaît, malgré une véritable cohérence entre refondation idéologique et rénovation politique dans la motion 5. Où était Mme Belkacem au congrès du Mans ? Pour quelle motion s'est-elle battue ? défendait-elle à l'époque la nécessaire rénovation du Parti socialiste condition de la victoire ?
5- Où étaient les éléphants et les gazelles du Parti socialiste lors des Etats-Généraux du projet socialiste au premier semestre 2006, quand il s'agissait d'établir le programme des socialistes pour les 6 ans à venir en confrontant nos réflexions avec la "société civile", associations, syndicats, mutuelles, etc. ? Où étaient notamment Mme Royal, chantre de la démocratie participative, à cette occasion ? invisible, comme les autres, alors qu'Henri Emmanuelli s'échinait à créer des espaces de rencontres et de débat avec les acteurs sociaux. Elle n'est réapparue, comme Vénus sortant de l'onde, que lorsqu'il s'est agi de promouvoir son image et sa candidature, avec les forums participatifs de Désirs d'avenir, association créée de toute pièce pour contourner le Parti socialiste et justifier de ne pas avoir travaillé sur le programme socialiste. Quel a été l'apport de Ségolène Royal lors du BN qui devait adopter le texte qui serait soumis au vote des militants en juin 2006 ? l'encadrement y compris militaire des primo-délinquants ; elle s'est empressée de sortir du BN - qui n'avait pas fini ses travaux - pour expliquer à la presse qu'elle avait imposé les alternatives à la prison pour les jeunes - ce qui est faux puisque cela a toujours fait partie des programmes socialistes - bein qu'elle se soit faite recaler sur son seul amendement. Comprenez aujourd'hui que je sois fumasse !
On ne rénove pas le Parti socialiste dans une campagne d'investiture (contrairement à ce que veut nous faire croire DSK), on ne le rénove pas en quelques mois en choisissant une personne, on ne le rénove pas avec violence et dans l'urgence d'une campagne électorale présidentielle ou législative ! N'en déplaise à certains, le PS a encore quelques traditions qui lui font honneur : le débat politique, le choix de la ligne programmatique, se fait collectivement et précède le choix des candidats ! Je serai de ceux qui refuseront toute transformation caporaliste des partis de gauche ! et je continuerai à me battre pour une véritable rénovation socialiste contre tous ceux qui ont tout fait pour l'empêcher jusqu'ici ou qui ont contribué à l'empêcher par leur silence ou leur lâcheté, pour aujourd'hui l'enfourcher comme un nouveau plan com'.
Cet argumentaire, désormais récurrent que l'on entend à la fois dans la bouche des proches de Ségolène Royal et dans celle de DSK, appelle plusieurs commentaires :
1- On ne demandait pas à Ségolène Royal de rénover le PS en six mois, parti dont d'ailleurs elle n'a cessé de déclarer qu'elle souhaitait s'en affranchir, appelant puis jetant les affreux "éléphants" au gré des circonstances, mais de remporter l'élection présidentielle. Ce qui était déjà un beau défi qui se suffisait à lui-même et rien ne démontre dans les sondages que ce soit le Parti socialiste qui l'ait gênée dans sa campagne, les électeurs qui se sont rangés derrière elle étant motivés au premier comme au second tour par l'idée de ne pas éliminer la gauche puis d'éviter Sarkozy. Encore une fois, l'entourage de la candidate cherche à reporter toutes les responsabilités sur cette campagne qu'elle a menée vers ceux qui en était exclu ; Ségolène étant infaillible, comment aurait-elle pu faire une erreur ? Si elle a perdu c'est donc de la faute des autres.
2- Rappelons au passage que Lionel Jospin - avec il est vrai un taux de participation moindre (mais qui donc favorisait le Front National) -, avait en 1995, après 14 années de présidence mitterrandienne si décriée, réussi à arriver en tête avec 23,5% puis à réaliser 47,3% des suffrages au second tour, plaçant la gauche dans une perspective de travail, de rassemblement et de reconquête. Aujourd'hui, après 12 années de présidence chiraquienne, après 5 années d'actions réactionnaires, dans un contexte où le candidat de l'UMP appartenait à une équipe sortante impopulaire désavouée à mainte reprise par les Français, la candidate socialiste (elle n'en est pas la seule responsable...) arrive 2ème aux deux tours de scrutins, portée essentiellement par la logique défensive des électeurs de gauche, notamment communistes, écologistes et altermondialistes, une partie de l'électorat social-démocrate ayant choisi le vote Bayrou, décontenancé qu'il était par les interventions tout azimut de la candidate socialiste. Avec 46,94% alors qu'elle aurait dû être l'alternative naturelle, Ségolène Royal peut contempler aujourd'hui une gauche qui n'a pas compris le 21-Avril, dont elle a dénigré le peu de travail sur soi accompli, et dont les différentes composantes sont réthives au rassemblement du fait de certaines de ces prises de positions et de ces thèmes de campagne... Belle perspectives en effet !
3- Enfin puisque le Parti socialiste, selon Madame Vallaud-Belkacem, n'aurait rien fait pendant cinq ans, depuis le 21 avril 2002, j'aimerais lui poser la question tout comme je la pose aux trois candidats à l'investiture présidentielle du 16 novembre 2006. Quels ont été les choix de Dominique Strauss-Khan, Laurent Fabius et Ségolène Royal durant ces cinq années, désormais décriées ? Lors du congrès de Dijon, ils ont tous été dans la motion A menée par François Hollande qui s'est échinée à enterrer consciencieusement toutes perspectives de rénovation et de réflexion sur le fond car elles auraient signifié la rupture entre les tenants du pacte - Mme Royal s'était distinguée à l'époque par un silence absolu, DSK et Fabius par des faux-semblants... Mme Belkacem est sans doute trop jeune pour rendre des comptes sur le sujet. Qu'a fait à l'époque le principal ouvrier de la candidature de Ségolène Royal, Monsieur Julien Dray ? il s'est employé à saborder la seule motion rénovatrice, NPS, pour aller renforcer la coalition des mous et des faux-semblants, menées par François Hollande ;
4- Qu'ont fait DSK et Ségolène Royal lors du congrès du Mans qui suivit de manière anticipée le référendum interne sur le projet de TCE ? ils ont à nouveau suivi la motion 1 de François Hollande qui souhaitait repasser les plats de Dijon avec les mêmes faux-semblants et le même enterrement des débats. Julien Dray était encore à la manoeuvre, Ségolène Royal toujours muette, et DSK poussait le vice jusqu'à refuser de déposer sa propre contribution générale (à défaut de motion) mais conseillait la lecture de la contribution générale sociale-libérale de Laurent Baumel, dont on ne trouvera plus rien ensuite dans la motion 1. Belle manière de défendre des convictions et d'engager sa "rénovation sociale-démocrate". Et après avoir porté la rupture au référendum sur le TCE et avec la motion 2 au congrès du Mans, Laurent Fabius et ses amis se sont empressés de faire la synthèse sans aucune condition, pensant par la même qu'ils asseyaient la candidature de leur champion, et contraignant par là-même NPS à une synthèse à quelques conditions et aux déchirements que l'on connaît, malgré une véritable cohérence entre refondation idéologique et rénovation politique dans la motion 5. Où était Mme Belkacem au congrès du Mans ? Pour quelle motion s'est-elle battue ? défendait-elle à l'époque la nécessaire rénovation du Parti socialiste condition de la victoire ?
5- Où étaient les éléphants et les gazelles du Parti socialiste lors des Etats-Généraux du projet socialiste au premier semestre 2006, quand il s'agissait d'établir le programme des socialistes pour les 6 ans à venir en confrontant nos réflexions avec la "société civile", associations, syndicats, mutuelles, etc. ? Où étaient notamment Mme Royal, chantre de la démocratie participative, à cette occasion ? invisible, comme les autres, alors qu'Henri Emmanuelli s'échinait à créer des espaces de rencontres et de débat avec les acteurs sociaux. Elle n'est réapparue, comme Vénus sortant de l'onde, que lorsqu'il s'est agi de promouvoir son image et sa candidature, avec les forums participatifs de Désirs d'avenir, association créée de toute pièce pour contourner le Parti socialiste et justifier de ne pas avoir travaillé sur le programme socialiste. Quel a été l'apport de Ségolène Royal lors du BN qui devait adopter le texte qui serait soumis au vote des militants en juin 2006 ? l'encadrement y compris militaire des primo-délinquants ; elle s'est empressée de sortir du BN - qui n'avait pas fini ses travaux - pour expliquer à la presse qu'elle avait imposé les alternatives à la prison pour les jeunes - ce qui est faux puisque cela a toujours fait partie des programmes socialistes - bein qu'elle se soit faite recaler sur son seul amendement. Comprenez aujourd'hui que je sois fumasse !
On ne rénove pas le Parti socialiste dans une campagne d'investiture (contrairement à ce que veut nous faire croire DSK), on ne le rénove pas en quelques mois en choisissant une personne, on ne le rénove pas avec violence et dans l'urgence d'une campagne électorale présidentielle ou législative ! N'en déplaise à certains, le PS a encore quelques traditions qui lui font honneur : le débat politique, le choix de la ligne programmatique, se fait collectivement et précède le choix des candidats ! Je serai de ceux qui refuseront toute transformation caporaliste des partis de gauche ! et je continuerai à me battre pour une véritable rénovation socialiste contre tous ceux qui ont tout fait pour l'empêcher jusqu'ici ou qui ont contribué à l'empêcher par leur silence ou leur lâcheté, pour aujourd'hui l'enfourcher comme un nouveau plan com'.
Frédéric FARAVEL