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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

6 juin 2007 3 06 /06 /juin /2007 09:40
Pour faire face aux dangers russes et à la dépendance américaine, les Européens doivent progresser dans les domaines militaires et géostratégiques

Aujourd'hui que se réunit sur les bords germaniques de la Baltique allemande le G8+5, je vais jouer à faire mon "Bernard-Guetta"...

En effet, alors que le sommet devait initialement porter sur les enjeux environnementaux, les circonstances ont profondément transformé les priorités des chefs d'État qui y participeront. D'abord parce que George W. Bush vient une nouvelle fois de saboter toute tentative sérieuse (n'en déplaise à Jacques Attali) d'avancer dans le domaine de la luttre contre les changements climatiques, en repoussant à la fin de l'année 2008 la conclusion d'un accord global sur les émissions de gaz à effet de serre et la protection de l'environnement.
Ensuite et surtout, parce que le projet de "Guerre des étoiles" version anti Rogues' states de Bush junior a hérisé le poil de Vladimir Poutine et que règne subitement un climat  de nouvelle guerre froide (comme quoi les  glaciations ça peut arriver vite). Les déclarations de George W. Bush hier n'ont sans doute fait que rajouter de l'huile sur le feu.

Vladimir Poutine et les Russes peuvent-ils s'appuyer sur des justifications sérieuses pour argumenter leur acrimonie renforcée (qu'on sentait quand même pointer depuis quelques temps). Nous passerons sur le retour de la logomachie soviétique, qui démontre que Poutine est allé réviser ses vieux manuels de diplomatie molotovienne. Mais effectivement les Russes ont des raisons fortes de craindre l'installation de système de lancement et de guidage de missiles américains en Europe centrale.

Il n'est pas dit que les Américains soient forcément de mauvaise foi quand ils racontent que le dispositif vise avant tout à protéger l'Europe et l'Amérique du Nord d'attaques nucléaires en provenance d'Iran ou de Corée du Nord ; on pourrait donc croire que le seul argument russe vise à dénoncer un mensonge américain et à expliquer qu'en fait ce dispositif vise leur Fédération. À ce jeu de ping pong, personne n'y retrouvera ses petits ; et surtout il y a quelques raisons réelles et bien plus sérieuses pour fâcher les  Russes dans cette histoire.
La relance américaine de la "Guerre des étoiles" même dans une version soft rejoue la partie qui s'est déroulée au lendemain de l'élection de Ronald Reagan, quand le Président  conservateur a lancé son pays dans la course à la technologie et aux armements, l'Union soviétique a dû amèrement constater son retard et le fait qu'elle ne pouvait le rattraper, l'équilibre militaire était rompu, le compromis obligatoire sous peine d'être réellement battu et c'est notamment ce qui a motivé la nomination à la tête de l'État soviétique de Mikhaïl Gorbatchev, sa tentative de Glastnost, Perestroïka et finalement de sortie en douceur du système soviétique. Les oligarques actuels du Kremlin savent trop comment tout cela s'est terminé ; l'union soviétique était bien évidemment minée de l'intérieur et les troubles extérieurs, la perte irrémédiable de son prestige et surtout de sa capacité à intervenir réellement sur la scène internationale et jusque dans ses propres protectorats, ont accéléré sa chute, le déclassement et l'humiliation de la Russie.

Aujourd'hui, la Russie a assaini sa situation financière, mis en coupe réglée sous l'autorité d'une maffia dirigeante le pays, mais l'ordre règne (et c'est là pour Poutine l'essentiel) et la Russie est repartie à l'offensive sur ses Marches comme le démontre la pacification militaire et génocidaire en Tchétchénie, les épisodes énergétiques en Ukraine, en Géorgie et en Belarus. Mais la Russie reste un État rentier, qui vit sur  l'exploitation de ses importantes ressources énergétiques, et qui si elle a remboursé sa dette rubis sur l'ongle n'a engagé aucune action d'investissements sérieuse pour préparer l'avenir  de son État et de sa population.
Elle est concurrencé directement par les États-Unis en Asie Centrale, subi l'immigration chinoise en Sibérie (et les implications politiques du processus sont importantes), l'Union européenne est à sa porte avec les pays Baltes et Turquie, Géorgie et Ukraine voudraient pouvoir la rejoindre et refermer sur la Russie un véritable étau géographique et stratégique.
L'installation en Europe centrale du dispositif de Guerre des étoiles et surtout le saut technologique majeur dans le domaine de l'armement qu'il constituerait signerait un nouveau déclassement de la Russie, si celle-ci n'obtenait pas par la menace de "représailles" l'avortement du projet. La Russie n'a sans doute pas les moyens aujourd'hui de rattraper son retard technologique sur les Américains mais elle garde sur l'Europe un pouvoir de nuisance énergétique, militaire et diplomatique certain. Les zones de conflits avec l'Union européenne sont multiples, comme le démontrent la crise cybernétique estonienne, le blocage sur l'indépendance du Kosovo, le soutien affiché à la Serbie (permettant aux passages aux nationalistes radicaux de crédibiliser leurs rodomontades populistes), le conflit avec la Transdniestrie et la Moldavie, l'épine géostratégique que consitue l'enclave de Kaliningrad entre Pologne et Lituanie...

Cette situation géopolitique devrait faire impérativement réfléchir les capitales européennes qu'elles soient du côté "vieux" ou "neuf" du continent...
En effet l'argument principal des gouvernements d'Europe centrale qui accepte aujourd'hui d'accueillir sur leur sol le dispositif de Guerre des étoiles des Américains est assez simple mais efficace. Le traumatisme causé en Pologne et en République tchèque par l'occupation soviétique pousse depuis leur Libération la grande majorité des gouvernants centreuropéen dans les bras des États-Unis ; cela explique leur ralliement à la seconde guerre du golfe. Ce tropisme est d'autant plus évident qu'ils jugent que l'Union européenne n'a pas les moyens elle-même d'assurer la défense et la sécurité de ses propres membres, et tout particulièrement celles des anciennes démocraties populaires dont la proximité géographique avec la Russie les expose plus fortement que d'autres à une éventuelle résurgence du projet "impérial" russe. Mais comme pour la guerre en Irak, les opinions publiques d'Europe centrale sont opposées à leurs gouvernements ; la difficulté réside dans le fait que ceux-ci n'ont d'alternative crédible.
Ainsi plus on s'approche de la Russie, les nouveaux membres de l'union n'ont eu de cesse de vouloir accélérer leur adhésion à l'OTAN - adhésion à l'OTAN signifiant pour eux le volet militaire de l'adhésion à l'Union européenne. Et c'est bien là le dilemme : malgré la fusion à la fin des années 1990 des institutions de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO) et de l'Union européenne, malgré les bases d'une Europe de la Défense posées en 1998 par Tony Blair et Lionel Jospin, l'Europe engluée dans les stratégies divergentes de ses membres et dans l'impuissance institutionnelle n'a jamais pu avancer de nouveau sur le chemin de l'intégration militaire.
Le continent européen est donc condamné à subir les montées de tension entre intérêts américains et russes qui ne pourront que s'aggraver au fur et à mesure de des morceaux entiers de l'ex-Union soviétique voudront se tourner vers les États-Unis et l'OTAN (Ukraine, Géorgie, Asie Centrale...). Dans la défense même de ses propres intérêts, de ceux de ses membres - comme avec l'agression cybernétique sur l'Estonie suite aux affrontements entre une partie de la communauté russophone et les forces de l'ordre, après le déplacement d'un monument à la gloire de l'Armée rouge -, la protection de ses frontières et la pacification de son environnement proche (Kosovo, Moldavie...), l'Union européenne est contrainte de se replier sur l'OTAN et de se livrer aux États-Unis sans aucune garantie (notamment avec l'administration Bush) que ceux-ci se préoccupent autant des intérêts propres des Européens que des leurs.

Le projet de traité constitutionnel européen édictait une mesure délirante dans ses longs paragraphes : il stipulait que le cadre traditionnel de défense commune de l'Union européenne, pour tous les membres qui n'avaient pas fait voeux de neutralité et de pacifisme définitif, était l'OTAN.Qu'en soi, une constitution, qui plus est irrévisable, détermine une stratégie et une alliance militaire, est déjà sidérant ; qu'ensuite on se lie les mains avec une structure militaire dirigée de l'extérieur est affligeant de bêtise. Par contre le simple fait que les membres neutralistes (Autriche, Suède, Finlande...) de l'Union ait accepté de parler affaires militaires dans le cadre de la négociation du feu projet de TCE est tout de même une logique intéressante.
En effet, sauf à rester pieds et poings liés à l'OTAN et donc aux États-Unis et à subir les conséquences des choix militaires et géopolitique unilatéraux de l'ancienne hyper-puissance, il va falloir convaincre l'ensemble des partenaires de l'Union, ou tout du moins les plus avancés, d'entrer dans une logique d'intégration militaire et stratégique qui dépasse de loin les faibles ambitions de la PESC. Et sauf à croire que la Grande-Bretagne devienne subitement fédéraliste, ou qu'elle décide de rompre sa "relation particulière" avec les États-Unis, c'est en priorité avec l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne que nous devrons avancer rapidement, en termes de politique industrielle, de recherche/développement et d'intégration géostratégique et militaire, pour répondre aux défis qui nous sont posés par la proximité de la Russie et vraisemblablement un certain nombre d'intérêts profondément divergents à long terme ; et cela va coûter cher mais on peut espérer une mutualisation des coûts. Mais cette avancée ne peut se faire qu'avec l'aval des neutralistes et en allant suffisamment vite pour convaincre Pologne, Hongrie et République tchèque de nous rejoindre, Grèce et Turquie de ne pas jouer contre l'Europe.

Frédéric FARAVEL
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