Universités : Sarkozy durcit le ton
Le président du syndicat étudiant se dit "atterré" par les propos du chef de l'Etat, qui a indiqué mercredi que la réforme, "prête", serait "votée cet été". "Une quasi-déclaration de guerre vis-à-vis des syndicats".
Bruno Julliard (AP)
Devant l'opposition des syndicats, notamment de l'Unef, au texte sur l'autonomie des universités, Nicolas Sarkozy a durci le ton, mercredi 20 juin. Il a assuré qu'il n'abandonnerait pas au motif que ce serait "trop risqué politiquement" et annonçant des moyens supplémentaires pour les universités volontaires.
"On ne peut pas dire sans arrêt que le XXIe siècle sera le siècle de la connaissance et garder notre système universitaire à l'abandon pour la seule raison qu'il serait trop risqué politiquement de le réformer", a déclaré le président de la République devant les parlementaires UMP.
"Tout le monde est d'accord sur la nécessité de le réformer, un seul argument s'y oppose : c'est dangereux", a-t-il ajouté, suggérant à "ceux qui n'aiment pas le danger" de "choisir une autre activité".
"N'opposons pas les universités entre elles" L'avant-projet de loi sur l'autonomie des universités présenté par la ministre Valérie Pécresse a été accueilli fraîchement par les acteurs de l'université, en particulier les étudiants de l'Unef qui ont mené la bataille contre le CPE en 2006.
Personnels, présidents d'université et étudiants reprochent dans leur quasi totalité au texte de prévoir que seules les universités qui le peuvent et qui le souhaitent accèdent, sans obligation ni date butoir, à leur autonomie financière, en matière de ressources humaines comme de propriété des locaux.
"Toutes les universités ont la capacité d'accéder à l'autonomie, à leur rythme, n'opposons pas les universités entre elles, elles peuvent toutes progresser vers ce nouveau statut", a estimé Michel Lussault, 3e vice-président de la Conférence des présidents d'université (CPU).
"Ce n'est pas acceptable, nous allons utiliser le temps qu'il reste pour l'amender mais si au bout du compte il reste en l'état, nous organiserons la mobilisation des étudiants", a prévenu de son côté Bruno Julliard, président de l'Unef.
Prise de risque Pour manifester néanmoins sa volonté de "prendre (ses) responsabilités", le chef de l'Etat a pris le risque mercredi de mécontenter plus encore les opposants au texte présenté mardi. Il a affirmé que les universités qui "choisissent le nouveau statut recevront des moyens supplémentaires".
Il s'agit d'"une incitation pour encourager les universités à prendre leur autonomie et les épauler dans cette démarche", a expliqué l'Elysée à l'AFP, en précisant qu'"il n'y a pas de limitation a priori au volontariat" qui pourra concerner toutes les universités.
La ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse "mettait de l'huile dans les rouages, (Nicolas Sarkozy) met de l'huile sur le feu", a déclaré Bruno Julliard mercredi, se disant "abasourdi".
Il a aussi regretté que l'avant-projet de loi prévoit que les universités pourront soumettre l'entrée en 2ème cycle (master 1, bac+4) aux "conditions définies dans les conseils d'administration", ce qui revient pour lui à "une sélection"
Julliard juge Sarkozy "très agressif" "C'est incompréhensible, on avait un engagement qu'il n'y aurait pas de conditionnement des moyens", s'est étonné Bruno Julliard, jugeant de plus que Nicolas Sarkozy se montrait "très agressif".
"Il s'agit d'un contresens", a commenté Michel Lussault, de la CPU. "La France a besoin de toutes ses universités, c'est une erreur de croire qu'en développant seulement certaines universités, nous arriverons à répondre aux besoins de formation et de recherche", a-t-il analysé. (AFP)