Tout d’abord, il n’est pas nécessaire de réconcilier les travailleurs avec l’entreprise. Ce sont les entreprises qu’il faut réconcilier avec les Français ! Je veux évidemment parler des entreprises qui réalisent du profit en délocalisant ! Des entreprises qui réalisent du profit sans investir, surtout pas dans les secteurs innovants, jugés insuffisamment rentables ! Des entreprises qui réalisent du profit au bénéfice des nouveaux rentiers !
Réconcilier l’entreprise avec ses travailleurs signifie que les travailleurs français, qui sont parmi les plus productifs au monde, voient leurs efforts récompensés par des hausses de salaires et une réduction du temps de travail ! Telle est la version socialiste de la théorie de la valeur travail ! Cela commence par l’augmentation des bas salaires !
Lorsque les entreprises ne dépensent pas pour investir dans l’économie (et c’est le cas !), il est sain que l’Etat le fasse, faute de quoi nous plongerions plus encore dans le marasme économique et social ! Il n’y a à cet égard pas de problème de dette ! La dette ne pèse aucunement sur les générations futures ! Elle est financée à bas taux d’intérêt par l’abondante épargne des classes aisées qui raffolent des obligations d’Etat ! Il y a par contre un problème de gaspillage de la dette ! La droite a choisi de gâcher les marges de manœuvre budgétaires existantes dans d’inutiles cadeaux fiscaux dont les faces cachées s’appellent : franchise médicale, TVA anti-sociale, réduction de la moitié des effectifs des services publics sous couvert de réforme de l’Etat et autonomie des universités !
Au contraire, la gauche doit stimuler l’investissement public en matière d’innovation, développer les services publics, s’opposer à une nouvelle loi Devaquet et proposer une réforme fiscale progressiste !
On le sait, les dépenses sociales sont amenées à croître, malgré la maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Ce n’est pas un mal dans une économie en progrès ! La droite entend en privatiser le financement ! La gauche doit proposer son impôt citoyen progressif sur le revenu, fusionnant la CSG et l’impôt sur le revenu ! Elle doit revendiquer la création d’une nouvelle CSG entreprise assise sur la vraie valeur ajoutée, un impôt qui taxe les profits oisifs pour financer la sécurité sociale ! Tout cela n’a rien à voir avec le choix de la TVA, l’impôt le plus injuste, qui pèse sur la consommation ! Trop longtemps, au cours de cette campagne, nous avons esquivé le débat fiscal avec la droite ! La TVA sociale a déjà été expérimentée. C’était en 1995 sous Alain Juppé (les bordelais s’en sont souvenus), lorsque le taux de TVA fut relevé de deux points alors que la baisse du coût du travail montait en puissance dans le plan quinquennal pour l’emploi. La vie chère a poursuivi son chemin alors que la « baisse des charges » n’a pas créé plus de 200 000 emplois ! Les déficits, quant à eux se creusèrent inutilement.
La droite propose de lutter contre l’assistanat pour mieux détruire notre système de protection sociale ! Vieille ficelle ! Ce n’est pas de l’assistanat dont la gauche doit s’occuper ! La gauche ne doit pas lutter contre les chômeurs ! Elle doit lutter contre le chômage dont sont victimes les travailleurs licenciés et les jeunes sans perspectives de recrutement ! Elle doit se méfier d’une autre mode arborrée par la droite et qui porte une marque de fabrique danoise ! Attention aux modes ! Le modèle danois est bien moins récent que le modèle français. Il date de 1899. Il prévoit la liberté totale de licencier et inclut désormais une TVA sociale ! Ce que certains appellent la flexi-sécurité n’est pas un compromis gagnant-gagnant, mais risque d’être une compromission perdante-perdante. Perdante pour le CDI, remplacé par un contrat unique avec période d’essai à rallonge, comme le CNE, le CPE ou le contrat Première Chance ! Perdante pour les chômeurs, suspectés de refuser de se former et d’accepter les emplois précaires du marché ! Enfin, la gauche doit relancer le débat européen. Elle doit rejeter le mini traité qui est le meilleur moyen d’asseoir à l’insu des peuples un super-marché ! Un super-marché sans harmonisation fiscale ! Sans budget communautaire conséquent ! Sans contrôle démocratique de la Banque centrale ! Sans tarif extérieur commun !
Chers camarades,
La boussole socialiste a parfois indiqué d’étranges directions. Celles qui ont conduit sans complexe Eric Besson, Martin Hirsch, Jean-Pierre Jouyet et Jean-Marie Bockel là où ils sont. Il faut maintenant réparer notre boussole, cet instrument indispensable dans un désert idéologique. Prenons pour cela le temps nécessaire.