10 juillet 2007
2
10
/07
/juillet
/2007
22:31
du lundi au vendredi de 17h8h |
| émission du mardi 10 juillet 2007 L'indépendance de la presse : un idéal inaccessible en France ? |
|
Achéteriez-vous un journal appartenant à votre principal concurrent ? Bernard Arnault voudrait se débarrasser de La Tribune – qui perd de l’argent – pour s’acheter Les Echos – qui en gagnent. Pourquoi pas ? Sauf que Bernard Arnault est aussi le patron d’un groupe de presse spécialisé dans le luxe et la distribution, LVMH. Dans la mesure où Les Echos sont devenus le quotidien économique français de référence, quelle garantie ont ses lecteurs que le journal qu’ils continueront à acheter sera rédigé dans un esprit de totale indépendance envers les entreprises et marques possédés par leur patron ? Pourront-ils résister aux appels à la « synergie au sein du groupe » qui sont autrement plus fréquents, croyez-en ma propre expérience de rédacteur en chef, que les pressions politiques ? Les « conflits d’intérêt » deviennent difficilement évitables lorsque vous travaillez pour un journal qui appartient à un groupe qui a des investissements ailleurs. Le vrai problème de la presse française, nous répètent les spécialistes, c’est qu’elle manque de groupes spécialisés dans ce « métier » particulier. Du coup, un Serge Dassault a pu se payer Le Figaro - ainsi que ce qui restait de l’empire Hersant - et y faire l’article pour ses avions de combat en débinant la concurrence. Du coup, Libération, héritier héroïque et fourbu de la contre-information gauchiste, a été sauvé de la faillite par un Edouard de Rothschild. Et François Pinault, propriétaires de plusieurs chaînes de distribution a pu s’offrir Le Point. Etrange pays tout de même, où la première chaîne de télévision en audience et en ancienneté appartient à un groupe spécialisé dans la construction et les télécoms, Bouygues. Etrange pays, où le seul groupe de média de dimension internationale, Hachette Filipacchi, fait partie d’un ensemble spécialisé, par ailleurs, dans l’aéronautique (EADS). La démocratie est-elle compatible avec un « business model national » où les capitaines d’industrie se payer des média ? La presse est-elle une activité commerciale comme les autres ? Les titres de presse sont-ils des marques qu’on pourrait s’offrir sans en dégrader derechef l’image et la valeur ? Voici quelques unes des questions que nous aborderons ce soir avec nos invités.
|