18 juillet 2007
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Dans le débat actuel sur le service minimum dans les transports publics, on assiste à une véritable manipulation de l'opinion par la droite, les milieux d'affaires et le gouvernement.
La SNCF et la RATP, qui sont concernés au premier chef, et dont les salariés sont les principales cibles du projet de loi (on ne me fera pas croire que le projet de loi vise à réduire les grèves dans les transporteurs scolaires de province), vivent déjà une sorte de service minimum. Au-delà, le gouvernement joue et alimentent les fantasmes de la populations françaises sur les dysfonctionnements des services publics de transports : qui rappelle - si ce n'est en 30s sur quelques radios - que le nombre de jours de grèves par salariés des transports fut de 0,5 en 2004 et de 0,06 en 2007 ? Les grandes grèves du services publics sont lointaines, les mécanismes de dialogue social se sont améliorés dans les deux entreprises citées plus haut.
Les dysfonctionnements subis par les usagers que les membres du gouvernement s'efforcent de nommer clients à chacune de leurs interventions tiennent plutôt à l'état du matériel roulant et à la dégradation - notamment en terme de sécurité - des conditions de travail : on est là en face de la responsabilité de la puissance publique et de l'Etat bien que celui-ci se soit déjà débarrassé sans transfert équitable des ressources d'une partie du problème en décentralisant l'autorité des transports vers les Régions.
Il est par ailleurs assez surprenant d'entendre certains de nos élus comme Michel Destot prôner sur ce sujet une opposition constructive, n'exprimant finalement pour seule véritable crainte les charges qui pèseraient sur la responsabilité des collectivités locales, majoritairement contrôlées par la gauche. Nous sommes ici dans un débat de principe, qui ne souffre pas d'accommodement d'autant que les raisons de la droite sur ce sujet sont à la fois spécieuses et sournoises.
On ne dira jamais assez que les motifs profonds du projet de loi et de Sarkozy tiennent avant tout à se prémunir contre la peur terrible qu'il éprouve, et toute la droite avec lui, au souvenir des grèves de novembre-décembre 1995. Juppé battu, le premier mandat Chirac affaibli dès les premiers mois, la droite considère que cet épisode social et politique est responsable du manque de force politique de la droite entre 1996 et 1997 ce qui la conduisit à la défaite en mai-juin 1997.
L'idée soutenue hier soir par François Fillon que le système, s'il était fécond dans les transports, pouvait servir de modèle à l'éducation, participe de la même psychologie et du même choix idéologique : François Fillon a un compte à règler avec les enseignants, et la droite avec elle. Il ne s'agit pas pour eux de s'assurer que les enfants - comme osait le dire ce matin Xavier Bertrand - ou les voyageurs soient bien traités dans les mois à venir, mais d'amoindrir les capacités des agents publics à exercer le droit de grève, car c'est dans cette catégorie de la population que les outils de résistance aux réformes réactionnaires que la droite va mettre en oeuvre existe encore.
Frédéric FARAVEL
La SNCF et la RATP, qui sont concernés au premier chef, et dont les salariés sont les principales cibles du projet de loi (on ne me fera pas croire que le projet de loi vise à réduire les grèves dans les transporteurs scolaires de province), vivent déjà une sorte de service minimum. Au-delà, le gouvernement joue et alimentent les fantasmes de la populations françaises sur les dysfonctionnements des services publics de transports : qui rappelle - si ce n'est en 30s sur quelques radios - que le nombre de jours de grèves par salariés des transports fut de 0,5 en 2004 et de 0,06 en 2007 ? Les grandes grèves du services publics sont lointaines, les mécanismes de dialogue social se sont améliorés dans les deux entreprises citées plus haut.
Les dysfonctionnements subis par les usagers que les membres du gouvernement s'efforcent de nommer clients à chacune de leurs interventions tiennent plutôt à l'état du matériel roulant et à la dégradation - notamment en terme de sécurité - des conditions de travail : on est là en face de la responsabilité de la puissance publique et de l'Etat bien que celui-ci se soit déjà débarrassé sans transfert équitable des ressources d'une partie du problème en décentralisant l'autorité des transports vers les Régions.
Il est par ailleurs assez surprenant d'entendre certains de nos élus comme Michel Destot prôner sur ce sujet une opposition constructive, n'exprimant finalement pour seule véritable crainte les charges qui pèseraient sur la responsabilité des collectivités locales, majoritairement contrôlées par la gauche. Nous sommes ici dans un débat de principe, qui ne souffre pas d'accommodement d'autant que les raisons de la droite sur ce sujet sont à la fois spécieuses et sournoises.
On ne dira jamais assez que les motifs profonds du projet de loi et de Sarkozy tiennent avant tout à se prémunir contre la peur terrible qu'il éprouve, et toute la droite avec lui, au souvenir des grèves de novembre-décembre 1995. Juppé battu, le premier mandat Chirac affaibli dès les premiers mois, la droite considère que cet épisode social et politique est responsable du manque de force politique de la droite entre 1996 et 1997 ce qui la conduisit à la défaite en mai-juin 1997.
L'idée soutenue hier soir par François Fillon que le système, s'il était fécond dans les transports, pouvait servir de modèle à l'éducation, participe de la même psychologie et du même choix idéologique : François Fillon a un compte à règler avec les enseignants, et la droite avec elle. Il ne s'agit pas pour eux de s'assurer que les enfants - comme osait le dire ce matin Xavier Bertrand - ou les voyageurs soient bien traités dans les mois à venir, mais d'amoindrir les capacités des agents publics à exercer le droit de grève, car c'est dans cette catégorie de la population que les outils de résistance aux réformes réactionnaires que la droite va mettre en oeuvre existe encore.
Frédéric FARAVEL