20 juillet 2007
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L'appel à la rénovation et à la refondation est invoqué de toute part... On somme le PS et la Gauche de se moderniser et on s’inquiète que sa composante socialiste soit si réfractaire à une mutation opérée par toute la social-démocratie européenne. On moque son archaïsme. On raille ses querelles. Les rénovateurs de tous poils s’organisent. Pour aller où ?
Vers la modernité clament certains. Modernité qui tient grosso modo en deux objectifs, l’un doctrinal qui sans renoncer à l’ambition de justice sociale réclame la conversion urgente aux principes économiques libéraux, l’autre structurel qui appelle une adaptation impérative de la gauche aux institutions de la cinquième république par la présidentialisation de sa principale formation – le parti socialiste – sous la férule d’un leadership fort.
Manuel Valls prétend désormais qu'il ne faut pas s'interdire de changer le nom du parti et Jean-Christophe Cambadélis demande la révision de la charte - c'est-à-dire la déclaration de principes du PS - afin de la mettre en phase avec la modernité et la réalité du monde. Ces questions et ces interpellations étaient de nouveau interrogées dans la discussion radiophonique entre Benoît Hamon et Delphine Batho, hier matin sur France Culture.
Mais que cache ces deux revendications émises par deux des principaux représentants de l'aile sociale-libérale du Parti (peu importe que l'un soit plus proche de Ségolène Royal et l'autre soit bientôt orphelin de Dominique Strauss-Kahn...) ?
La déclaration de principes du Parti socialiste, d'abord, a été rédigée en 1990 et faisait suite à celle établie lors d'une autre refondation du Parti socialiste en 1969. Dans ses sept articles, elle tire le constat de l'acceptation de l'économie de marché, acceptation établie dans les faits gouvernementaux depuis 1983. Elle est très modérée et réformiste et tranche avec une certaine radicalité marxiste qui caractérisait la SFIO et le nouveau Parti socialiste dans l'affichage.
Reprenons les points principaux :
Sur le nom du Parti socialiste enfin...
Je me suis souvenu que lors de la période difficile que nous avons connu entre avril 1993 et janvier 1995, le changement de nom et l'abandon du terme "socialiste" avait été une revendication d'une partie des rénovateurs de l'époque. Revendication promptement enterrée car elle était loin de répondre aux enjeux auxquels étaient réellement confrontés le PS et qu'elle avait pour seul conséquence de braquer une partie des militants et des responsables socialistes.
Aucun Parti socialiste, social-démocrate ou travailliste n'a changé de nom en Europe et cela n'a pas empêché leur évolution, leur rénovation. Les Espagnols et les luxembourgeois se définissent d'ailleurs encore comme "socialistes ouvriers" et les Suédois comme "Parti social-démocrate des travailleurs", terminologie que d'aucuns dénonceraient comme archaïque si seulement ils étaient de bonne foi.
A quoi servirait-il de changer de nom ? "Parti socialiste", cela nous ancre dans une histoire politique particulière et rappelle à l'opinion les combats qu'il a fallu mener pour avancer sur la voie de la démocratie sociale, politique et économique. Pourtant il ne s'agit pas de fermer le débat d'une simple de fin de recevoir : la Gauche française est dans un état de délabrement avancé, elle est reconstruire et à rassembler. Si dans les mois ou les années à avenir émergeait enfin la possibilité de rassembler les différentes composantes dans un grand parti de la gauche française alors oui la question du nom de l'organisation et du drapeau à porter par ses militants se poserait, mais aujourd'hui nous n'en sommes pas encore là.
Frédéric FARAVEL
ps : je vous mets en ligne un vidéo publiée récemment sur Rue89
Vers la modernité clament certains. Modernité qui tient grosso modo en deux objectifs, l’un doctrinal qui sans renoncer à l’ambition de justice sociale réclame la conversion urgente aux principes économiques libéraux, l’autre structurel qui appelle une adaptation impérative de la gauche aux institutions de la cinquième république par la présidentialisation de sa principale formation – le parti socialiste – sous la férule d’un leadership fort.
Manuel Valls prétend désormais qu'il ne faut pas s'interdire de changer le nom du parti et Jean-Christophe Cambadélis demande la révision de la charte - c'est-à-dire la déclaration de principes du PS - afin de la mettre en phase avec la modernité et la réalité du monde. Ces questions et ces interpellations étaient de nouveau interrogées dans la discussion radiophonique entre Benoît Hamon et Delphine Batho, hier matin sur France Culture.
Mais que cache ces deux revendications émises par deux des principaux représentants de l'aile sociale-libérale du Parti (peu importe que l'un soit plus proche de Ségolène Royal et l'autre soit bientôt orphelin de Dominique Strauss-Kahn...) ?
La déclaration de principes du Parti socialiste, d'abord, a été rédigée en 1990 et faisait suite à celle établie lors d'une autre refondation du Parti socialiste en 1969. Dans ses sept articles, elle tire le constat de l'acceptation de l'économie de marché, acceptation établie dans les faits gouvernementaux depuis 1983. Elle est très modérée et réformiste et tranche avec une certaine radicalité marxiste qui caractérisait la SFIO et le nouveau Parti socialiste dans l'affichage.
Reprenons les points principaux :
- "Le Parti socialiste se fixe comme objectif l’émergence, par la voie démocratique, d’une société qui réponde aux aspirations fondamentales de la personne humaine [...] Parti de rassemblement, il met le réformisme au service des espérances révolutionnaires. Il s’inscrit ainsi dans la démarche historique du socialisme démocratique."
- "Le Parti socialiste est un parti de transformation sociale. La faillite des sociétés bureaucratiques ne lui fait pas oublier que le capitalisme développe les inégalités, accentue les déséquilibres mondiaux, exploite les richesses du Tiers-Monde et maintient dans de nombreux pays chômage et exclusions. Le Parti socialiste est donc favorable à une société d’économie mixte qui, sans méconnaître les règles du marché, fournisse à la puissance publique et aux acteurs sociaux les moyens de réaliser des objectifs conformes à l’intérêt général. [...]"
- "Le Parti socialiste est un parti démocratique. [...] [il a] conscience de la limite des droits quand ils ne sont pas accompagnés des conditions concrètes susceptibles d’en permettre la réalisation."
- "Le Parti socialiste est un parti ancré dans le monde du travail. Les mutations incessantes et profondes des sociétés contemporaines n’ont pas éliminé les oppositions des classes et groupes sociaux. [...]"
- "Le Parti socialiste est fermement attaché à la liberté de conscience et à la laïcité de l’État et de l’école. Il estime que l’accès à l’information et à la culture est une condition essentielle de la démocratie. [...]"
- "Parce qu’il n’y a pas d’hommes et de femmes libres dans une nation asservie ou sujette, parce que tous les problèmes majeurs sont devenus mondiaux, l’action du Parti socialiste s’inscrit dans un cadre national et international. [...] Le Parti socialiste fait le choix de l’Europe pour donner aux nations qui la composent les moyens d’affronter les défis de l’avenir. [...]"
Sur le nom du Parti socialiste enfin...
Je me suis souvenu que lors de la période difficile que nous avons connu entre avril 1993 et janvier 1995, le changement de nom et l'abandon du terme "socialiste" avait été une revendication d'une partie des rénovateurs de l'époque. Revendication promptement enterrée car elle était loin de répondre aux enjeux auxquels étaient réellement confrontés le PS et qu'elle avait pour seul conséquence de braquer une partie des militants et des responsables socialistes.
Aucun Parti socialiste, social-démocrate ou travailliste n'a changé de nom en Europe et cela n'a pas empêché leur évolution, leur rénovation. Les Espagnols et les luxembourgeois se définissent d'ailleurs encore comme "socialistes ouvriers" et les Suédois comme "Parti social-démocrate des travailleurs", terminologie que d'aucuns dénonceraient comme archaïque si seulement ils étaient de bonne foi.
A quoi servirait-il de changer de nom ? "Parti socialiste", cela nous ancre dans une histoire politique particulière et rappelle à l'opinion les combats qu'il a fallu mener pour avancer sur la voie de la démocratie sociale, politique et économique. Pourtant il ne s'agit pas de fermer le débat d'une simple de fin de recevoir : la Gauche française est dans un état de délabrement avancé, elle est reconstruire et à rassembler. Si dans les mois ou les années à avenir émergeait enfin la possibilité de rassembler les différentes composantes dans un grand parti de la gauche française alors oui la question du nom de l'organisation et du drapeau à porter par ses militants se poserait, mais aujourd'hui nous n'en sommes pas encore là.
Frédéric FARAVEL
ps : je vous mets en ligne un vidéo publiée récemment sur Rue89