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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

3 septembre 2007 1 03 /09 /septembre /2007 13:36

BENOIT HAMON, LE QUADRA QUI POUSSE

BENOIT_HAMONLe député européen fait partie de la nouvelle génération qui ambitionne de prendre le contrôle du PS. Gardien du temple, il ne veut pas d'une rénovation qui ne se ferait pas à gauche.

Le compte est bon. Avoir 40 ans aujourd'hui au PS, et des responsabilités, cela vous classe assurément dans la catégorie des chasseurs d'éléphants et fait de vous un membre à part entière de la relève. Surtout lorsque vous avez, comme beaucoup de vos pairs, déjà guerroyé depuis vingt ans et survécu aux courants. Dans un parti en proie au doute, traumatisé par ses défaites, tyrannisé par un adversaire politique qui a su mettre en avant des visages nouveaux, Benoît Hamon fait partie de ceux, épiés, qui passent enfin de l'ombre à la lumière. Dans cette génération-là, il y a forcément le leader de demain.

Benoît Hamon, député européen et membre de la direction du PS, possède cependant une particularité. Quand ses pairs n'ont plus que le mot refondation à la bouche, allant, comme Manuel Valls, le maire d'Evry, jusqu'à suggérer de rebaptiser le PS, lui défend farouchement le fonds de commerce. " Je ne suis pas un gardien du dogme, s'agace-t-il, enfin si, peut-être. Je n'ai rien contre la modernisation du PS, mais pas telle qu'elle s'entend aujourd'hui et selon laquelle pour gagner, il faut être moins à gauche, alors que la droite, elle, assume parfaitement son projet politique. "

Il a ses arguments et s'en va partout répétant que " ce serait une hérésie de dire qu'il faut se réconcilier avec le marché dans un parti qui fournit les dirigeants de l'OMC et du FMI ", en l'occurrence Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn.

Jusqu'au bout, il est donc resté rétif à l'attraction de Ségolène Royal, pas du tout enclin à suivre ses lancées pour " briser les tabous ". " Le donnant, donnant " avancé par la candidate lui semble être " une philosophie très éloignée d'une politique de gauche. " " Je trouve préoccupante la dénonciation de l'assistanat qui aboutit à stigmatiser une population parasite, et l'approche de la problématique de la valeur travail a pour le moins été confuse ", se justifie Benoît Hamon. Tout cela a, selon lui, " relégitimé la droite sur la question sociale. "

Bref, à l'opposé de ses congénères et amis Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, il s'est tenu éloigné de l'ex-candidate à l'élection présidentielle, préférant soutenir, au moment des primaires, Laurent Fabius. Et aujourd'hui, alors que François Hollande se trouve de plus en plus seul, retranché dans sa tour de la rue de Solférino, il fait partie de la dernière garde du premier secrétaire du PS, qu'il n'avait cessé de combattre jusqu'ici.

Au lendemain de la défaite présidentielle, ce dernier en a fait le porte-parole des législatives, débarquant au passage Julien Dray de ses fonctions. Exactement comme il avait fait de Benoît Hamon tout un symbole, en propulsant ce partisan du non à la Constitution européenne secrétaire national chargé des affaires européennes au lendemain du référendum de mai 2005.

Comme Manuel Valls, Benoît Hamon a commencé par s'enrôler chez les rocardiens. " On n'avait pas le choix ", assure-t-il, quand on s'inscrivait en terre bretonne, à la fin des années 1980. C'est la montée de Jean-Marie Le Pen qui le pousse, dit-il, à franchir la porte de SOS-Racisme lorsqu'il revient de Dakar, au Sénégal, où son père, ouvrier de l'Arsenal de Brest, a passé quelques années en coopération, avec femme et enfants.

Sa famille n'est pas politisée mais lui se découvre un ambitieux engouement. Très vite, il prend carte simultanément au Mouvement des jeunes socialistes (MJS) au PS et à l'UNEF, syndicat étudiant, pépinière de la gauche. S'il obtient une licence d'histoire à l'université, il fait ses classes dans les clubs de jeunes rocardiens, Forums, où il côtoie Manuel Valls, mais aussi Olivier Faure, actuel directeur adjoint de cabinet de François Hollande.

Il casse tant et si bien les pieds à ses congénères que ces derniers lui confient les clés du MJS, pensant le cantonner dans une succursale de second plan. Las, en 1993, Michel Rocard, premier secrétaire du PS, donne son autonomie au MJS, ce qui aboutit à en faire un enjeu de pouvoir. Le voilà donc le pied à l'étrier, marchant sur les traces d'un Julien Dray et ou d'un Jean-Christophe Cambadélis, recruteurs de jeunes et agents patentés de l'agit-prop étudiante. Plus tard, il sera salarié de la MNEF. " Trois mois, et pour une campagne commerciale ", précise-t-il. Le cadet Hamon n'est pas sot. Il crée ses réseaux, forme sa bande Nouvelle Gauche, fait le ménage et installe son influence au point qu'aujourd'hui encore, à 40 ans et bientôt père, il est considéré comme l'un des principaux patrons de la jeunesse socialiste. Le MJS s'opposera vivement à l'ex-candidate avant de faire campagne, toujours en concurrence avec les petits ségolénistes de Désirs d'Avenir.

Ce capital lui permet de côtoyer les grands. En 1995, il fait la campagne " jeunes " de Lionel Jospin puis entre au cabinet de Martine Aubry, numéro deux du gouvernement, où il retrouve d'autres jeunes ex-rocardiens comme Olivier Faure ou Frédéric Martel. Benoît Hamon fait le tour des élus socialistes pour vendre des emplois-jeunes, avant de devenir conseiller politique de la ministre. C'est l'époque de l'adrénaline et des pizzas dans leur boîte en carton engouffrées le soir.

La défaite de 2002 le conduit à travailler à l'institut Ipsos, dans un secteur privé où il n'a guère mis les pieds, mais pas à rester inactif au sein du PS. Cofondateur, avec Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Julien Dray, du courant Nouveau Parti socialiste (NPS) parti à l'assaut de la direction, Benoît Hamon, peu connu du public mais auxiliaire précieux avec son réseau jeunes, est celui que l'on oublie toujours de citer. Ses détracteurs le disent " méchant " ; son ami Régis Juanico, élu député et de toutes les aventures depuis le début, le défend : " Il peut être dur dans ses idées, mais en même temps, il ne se prend pas toujours au sérieux. "

Les joutes socialistes aguerrissent cet amateur de rugby, devenu, au fil des ans, bon orateur et redoutable bretteur, capable d'envoyer un Texto vengeur à un journaliste de Libération : " A quand la rénovation des quadras de Libé ? " Le Parlement européen ne fait pas de lui " l'apôtre du compromis pour le compromis ", même s'il en " mesure aussi la nécessité ".

Il annonce la création de La Forge, un nouveau think thank avec des experts, des intellectuels et " des dirigeants de gauche ". Inutile de lui parler de la concurrence des Gracques, ces anciens fonctionnaires socialistes qui plaident pour une alliance du PS avec le centre. " Des zozos ", à ses yeux.


1967
Naissance à Saint-Renan (Finistère).
1993
Président du Mouvement des jeunes socialistes.
2002
Cofondateur du courant Nouveau Parti socialiste.
2004
Député européen.
2005
Secrétaire national du PS chargé des affaires européennes.
2007
Porte-parole du PS pour les élections législatives.

Source : Le Monde en date du 30 août 2007. Article d'Isabelle Mandraud. Photographie de Samuel Kirszenbaum.

Interview de Benoît Hamon
Le Journal du dimanche - 02.09.07
ligne

Propos recueillis par Maud PIERRON, à La Rochelle.
Coqueluche des médias, Benoît Hamon est l’un des "jeunes" qui monte au sein du Parti socialiste. Porte-parole du PS durant les législatives, son nom est de plus en plus cité pour prendre la succession de François Hollande. Pour le JDD.fr, ce cofondateur du NPS, tenant d’une ligne à gauche, a accepté de faire le bilan de La Rochelle et de se projeter dans l’avenir.

Au bout de ces 3 jours, quel bilan tirez vous de La Rochelle ?
Finalement, cela a été un rassemblement inoffensif, dans le sens où l’on nous promettait le pire. On a vu des députés socialistes attachés à se remettre au travail et ce n’est pas de la langue de bois. Avec un souci de la base au sommet du PS de la jouer collectif, d’inscrire sa contribution personnelle dans la construction d’une intelligence collective. C’est un peu triste de le dire mais c’est déjà une victoire, qui montre à quel point on pouvait être malade. C’est donc une bonne nouvelle. On a de nouveau envie de tirer dans le même sens. Combien de temps cela durera ? Je ne sais pas. Le plus longtemps possible j’espère. L’université de la rochelle a été utile en cela, à un moment qui est celui du diagnostic. Je ne dis pas que les uns et les autres n’ont pas des idées très tranchées sur ce diagnostic mais il fallait commencer à retrouver cette capacité à se parler les uns et les autres sans s’accuser.

Pourquoi a-t-il fallu attendre La Rochelle pour retrouver cette possibilité ?
On est forcément toujours plus sérieux quand on a des invités extérieurs, qui par la qualité de leurs interventions, leurs réflexions, nous tirent vers le haut.

Les absents finalement, tel que Jean-Luc Mélenchon, qui a souvent le verbe haut, ont eu raison de s’abstenir ?
Je ne sais pas. S’il était venu, il aurait assisté à de beaux débats. Si tout le monde avait été là, vous auriez dit, ’c’est toujours les mêmes tronches’ et quand ils ne sont pas là, vous dîtes ’voilà, ils désertent’. Dans tous les cas, on était fautif. Ils n’étaient pas là et ça s’est bien passé. A mon avis il n’y a pas de lien de cause à effet.

Que tout le monde travaille avec tout le monde est devenu le mot d’ordre au PS. Mais est-ce véritablement possible de faire travailler ensemble les courants ?
D’une certaine manière, cela existe déjà. A notre modeste étage, on s’est réunis, nous les gens de la nouvelle génération, les 30-40 ans, entre Strauss-kahnien, Fabiusiens et membres du NPS. On a réussi à faire l’inventaire de nos désaccords et de nos accords. On s’est rencontré avant l’été, on va le refaire à la rentrée, dans le but d’évacuer les préjugés que l’on peut avoir sur les avis des uns et des autres. On a évoqué la question sociale, démocratique, celle du marché, celle de l’Europe, de l’immigration, de la sécurité, afin de mesurer l’ampleur de ces désaccords. C’est un travail passionnant car il nous permet de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie, de vérifier ce qui motive vraiment l’existence aujourd’hui des sensibilités au sein du PS. Car il y a des traditions politiques différentes, des cultures politiques différentes. Et en même temps on veut faire en sorte que les débats s’organisent autour des vraies lignes de clivages qui existent entre nous et pas sur les positions supposées d’untel.

Et vous n’effectuez pas ce travail avec les "royalistes" ?
Le "royalisme" un objet politique non identifié. D’ailleurs, ce n’est pas encore un courant. Quand j’entends un Vincent Peillon, il ne dit pas forcément la même chose qu’un Julien Dray, et pourtant ils sont tous les deux "royalistes". On peut discuter facilement avec les individus mais avec le groupe "royaliste", c’est plus compliqué. On sait ce que Ségolène Royal pense mais quand certains de ses soutiens disent qu’ils ne sont pas d’accord avec ce qu’elle a proposé, cela devient complexe.

Maintenant que le diagnostic est posé, quelles sont les questions sur lesquelles il faut particulièrement travailler, voire trancher ?
La redistribution, sans aucun doute. Aujourd’hui, on a tendance à penser notre rôle comme ’on aurait pas fait comme le gouvernement’, ce qui est bien. Sauf que si on revient au pouvoir dans cinq ans, tous les instruments auxquels on fait traditionnellement appel à gauche pour redistribuer la richesse, pour organiser les services publics, pour protéger les individus - que sont par exemple le service public, la sécurité sociale - seront encore plus dégradés demain qu’ils ne le sont aujourd’hui. Parce que les recettes fiscales ne cesseront de baisser, donc les capacités d’intervention de l’Etat seront encore plus faibles. Parce qu’en 2009, la directive Bolkeinstein aura été mise en oeuvre. Il faut penser la séquence actuelle ainsi : comment faire en sorte que les instruments de redistribution sociale pour lutter contre les inégalités sociales soient demain efficaces ? Ils devront faire appel à de nouveaux prélèvements, à de nouveaux financements. Ce sont des questions hyper lourdes. Pour moi, c’est cette question qui est la priorité et c’est sur celle-ci que nous aurons de gros débats.

Votre vision de la redistribution est très éloignée du donnant-donnant de Ségolène Royal.
Je crois qu’on a eu un tort durant cette campagne présidentielle, c’est d’insister sur la dénonciation de la société de l’assistanat. Dès lors que la gauche embraye sur ce discours là, tenu par la droite, il y a effectivement plus de chance que les gens votent pour Nicolas Sarkozy. Evidemment qu’il y a des gens qui abusent du système. Mais si on ne comprend pas qu’aujourd’hui, ces abus sont instrumentalisés par les entreprises et le pouvoir politique en place pour remettre en cause ce système, on fait une erreur dramatique. De plus, cette dénonciation de la société de l’assistanat a eu une double conséquence : stigmatiser une population qui serait par définition parasite et contribuer à la remise en cause des mécanismes de solidarité de protection sociale. Tout ça pour dire quoi au final : il faut valoriser la responsabilité individuelle, la responsabilité de celui qui est assisté de s’en sortir seul, de celui qui est malade de payer une franchise pour la maladie. C’est un tort d’embrayer sur ce discours là.

Un tort qui accompagne la droitisation de la société ?
C’est moins la droitisation de la société que la droitisation du PS. On a l’impression que sur un certain nombre de sujets, on donne le sentiment d’avoir été convaincu par les axiomes de l’adversaire. On ne donne pas spécialement l’impression de courir après la droite, mais on donne, à mon sens, le sentiment d’avoir perdu le fil de nos valeurs.

Certains souhaitent une ligne claire et affirmée du PS sur la social-démocratie. Vous applaudissez ?
Certains disent ’allez, il faut que le PS abandonne sa prétendue exception et s’alignent sur les standards de la social-démocratie européenne’. Mais la social-démocratie européenne, si on regarde dans quel état elle est, elle dirige 3 pays sur 27 (Grande-Bretagne, Italie, Portugal : ndlr), c’est une blague ou quoi ? On a perdu la présidentielle sur une ligne justement qui a provoqué de la confusion. Ce qui me frappe c’est la paresse des éditorialistes et des hommes politiques, qui se sentent obligés de répondre aux sommations de la pensée dominante à ce sujet là. Moi, ça ne m’intéresse pas ces conneries.

Qu’est-ce qui vous intéresse ?
Je ne fais de la politique pour être dans le commentaire, je fais de la politique pour être en capacité d’avoir des instruments capables de transformer la société. Ces instruments sont en crise chez nous, mais aussi partout en Europe, ce qui justifie la crise de la social-démocratie européenne. Ce qui m’intéresse c’est prioritairement la reconstruction de ces instruments pour lutter efficacement contre ce que je considère être le creusement des inégalités.

Beaucoup vous voient comme le futur premier secrétaire, vous en pensez quoi ?
Ça fait chaud au coeur. Je ne suis pas insensible quand on évoque mon nom pour prendre la direction du PS français, le parti de Blum, de Mitterrand, ce n’est pas rien. Ça me touche mais le casting est important, on doit être une dizaine à être cité pour prendre le poste de Premier secrétaire. Mais je pense que tout ça, c’est le feuilleton de l’été. Ce n’est pas amené à durer.

Imaginez-vous demain le PS comme un grand parti qui regrouperait toute la gauche, de la gauche centriste à la gauche antilibérale ?
Le PS doit rassembler la gauche et tous ceux qui s’en réclament. Si demain le MoDem dit : ’Je me sens plus de gauche que de droite’, je leur dis ’très bien, bienvenue’. Je pense que dans un premier temps il faudrait réfléchir à créer un mouvement ou une fédération de la gauche, dont l’objectif est de commencer à nous rapprocher dans l’opposition à la droite, car il faudra être nombreux, forts, solidaires. Et de préparer un processus de désignation d’un candidat de toute la gauche. Je suis assez favorable à des primaires à l’italienne ouvertes aux citoyens qui voudraient arbitrer et choisir ce candidat là.

Les militants demandent une meilleure opposition. Vous estimez-vous audible ?
Peut-être pas. Mais on a bien fait notre boulot sur la TVA sociale, même après les législatives. On a été présent sur le paquet fiscal. On a été mal mais on monte en puissance. Je ne suis pas inquiet.

Tout le monde au sein du PS n’est pas d’accord sur la méthode pour s’opposer. Certain sont pour l’opposition frontale, d’autre la veulent raisonnée, comme Manuel Valls, qui estime pouvoir faire un bout de chemin sur certains sujets avec Nicolas Sarkozy. Quelle est votre position ?
Quand l’intérêt général le réclame, on sait être d’accord, il faut arrêter. Mais je suis pour une opposition résolue à une politique qui jusqu’ici, est la plus réactionnaire qui soit. Il n’y a pas de chemin à faire avec ce gouvernement conservateur.

Pouvez-vous nous parler de votre club, ’La Forge’, que vous avez créez ?
C’est un think tank qu’on va lancer, avec des intellectuels fin septembre. L’idée c’est de prendre au sérieux le combat de la gauche. De ne pas s’arrêter au travail d’opposition mais de préparer le réarmement théorique et pratique en perspective de 2012. C’est un instrument qui prépare la bataille idéologique culturelle qu’on veut mener face à la droite. Il sera au service de toute la gauche. L’objectif n’est pas de sectariser la pensée mais bien de l’enrichir.

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