5 septembre 2007
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J'avoue avoir un peu de mal à rentrer cette année.
J'ai pris trois semaines de congés, me suis coupé de ce qui fait habituellement mon quotidien, le boulot et la politique , pour me consacrer exclusivement à ma famille et prendre le repos mérité après une année où l'activité normale a été doublée par deux campagnes électorales nationales, dont les résultats me laissent toujours plus de questions (tant au regard des chiffres, qu'au regard du comportement de ses acteurs) que de certitudes.
Je dois convenir que je reste encore perplexe de la manière dont le parti socialiste entame cette rentrée politique... Je ne vais pas parler longuement d'un conseil fédéral dont le vide politique - lundi 3 septembre - m'a confirmé l'atonie de la vie interne du Parti socialiste dans le Val d'Oise ; juste dire que le fond fut comme habituellement absent de cette réunion, les intervenants se concentrant sur ce qui leur paraissait non pas important mais essentiel : la préparation d'élection et la désignation des candidats. On pourra dire à leur/notre décharge que c'est encore ce que nous savons faire de mieux, quoique lorsque l'on regarde l'état du Parti dans certains territoires comme Argenteuil, pour ne pas reparler de la désignation pour la présidentielle, l'on puisse mettre en doute cette même assertion.
Non... L'université de La Rochelle, elle-même, alors qu'elle fut saluée par une relative unanimité de bons commentaires internes - on craignait tant la foire d'empoigne - me laisse profondément perplexe. Qu'est-il ressorti médiatiquement de ces débats ? la phrase de Hollande devant les jeunes socialistes assénant que le Grand Soir c'était fini.
Et nous retrouvons encore toute la confusion qui règne dans le parti. Quand nous sommes confrontés à l'échec, les rares personnes qui souhaitent avancer les yeux ouverts sont noyés sous les grandes phrases creuses des "plus modernisateurs que moi tu meurs". Donc le Parti socialiste selon les rénovateurs généralisés serait victime de l'influence du "ça" communiste, du vieux rêve du "Grand Soir" et d'une non acceptation inconsciente de l'économie de marché.
Je trouve ce camouflage des vraies questions du Parti socialiste consternant.
Je cherche encore le camarade - même Gérard Filoche et Jean-Luc Mélenchon - qui s'attend ou théorise des lendemaines qui chantent définitifs, une société transformée à jamais en un coup de baguette magique, après le soir d'une prise de pouvoir, même démocratique.
Pour les socialistes, cette fiction n'existe plus depuis le 27 décembe 1920. Nous savons depuis longtemps que notre combat pour la justice sociale et pour l'égalité ne connaîtra pas de termes, nous avons abandonné la vision eschatologique qui était contenue dans la pensée marxienne et surtout marxiste, dans la foulée du "sens de l'histoire" hegellien... Mais abandonner l'eschatologie ne veut pas dire renier le sens du combat et son propos.
Je ne vais pas parler du "ça" communiste au point où il en est, ni même de sa résurgence au sein de la LCR supposée triomphante à l'extrême gauche, quand on sait combien cette extrême gauche au sein même de la LCR est divisée sur sa stratégie, sa finalité et ses outils. Non vraiment je ne connais pas de socialiste pour qui les idées de la LCR recellent encore d'une source d'inspiration profonde.
L'économie de marché qui ne serait pas acceptée par les socialistes, c'est franchement une blague. Henri Emmanuelli l'a justement rappelé vendredi 31 août - et ce n'est pas une nouveauté dans sa bouche :
Le problème du Parti socialiste ne réside pas dans un supposé refus de l'économie de marché mais dans l'obsolescence d'un certain nombre d'outils keynésiens pour répondre aux défis posés par la mondialisation dans sa version ultra-financière. Oui la doctrine économique du PS français, tant du point de vue de la demande que de l'offre (la France a des problèmes sur ces deux terrains), est à refaire comme pour tous les partis sociaux-démocrates européens, dont les résultats électoraux nous démontrent qu'ils ne vont pas si bien que cela.
N'abandonnons pas notre exigence et notre volonté de bâtir des outils de redistribution, car sous le prétexte de nous faire accepter une économie de marché que nous prenons d'ores et déjà en compte, c'est bien la redistribution que les rénovateurs de tout poil veulent nous faire abdiquer. Il faut éviter que modernisation de la doctrine rime avec droitisation comme disent les fabuisiens mais surtout rime avec résignation. Car une partie des clés de nos défaites est bien là dans cette résignation de la pensée des socialistes, résignation qui les a poussés à considérer comme pertinents et incontournables les axiomes de l'adversaire pour en conséquence mieux justifier son discours et ses propositions, et finalement lui servir de marche pied électoral.
La nouveauté politique et économique (une nouveauté vieille de 30 ans tout de même) c'est que nous pouvions autrefois passer des compromis avec le marché, mais il est vrai dans un monde qui sortait à peine de la décolonisation ; aujourd'hui le marché refuse tout compromis et cherche à s'étendre à tous les domaines de la vie humaine. Là où cette extension ultime a été obtenue elle commence à être sérieusement remise en cause : et nous choisirions ce moment pour tenter l'aventure ! allons ce n'est pas sérieux ! Cessons de confondre liberté politique, libertés inviduelles, libertés collectives, d'un côté, et liberté d'exploiter et de dominer de l'autre, et notre débat sur les définitions et les finalités du libéralisme se portera mieux.
Frédéric FARAVEL
J'ai pris trois semaines de congés, me suis coupé de ce qui fait habituellement mon quotidien, le boulot et la politique , pour me consacrer exclusivement à ma famille et prendre le repos mérité après une année où l'activité normale a été doublée par deux campagnes électorales nationales, dont les résultats me laissent toujours plus de questions (tant au regard des chiffres, qu'au regard du comportement de ses acteurs) que de certitudes.
Je dois convenir que je reste encore perplexe de la manière dont le parti socialiste entame cette rentrée politique... Je ne vais pas parler longuement d'un conseil fédéral dont le vide politique - lundi 3 septembre - m'a confirmé l'atonie de la vie interne du Parti socialiste dans le Val d'Oise ; juste dire que le fond fut comme habituellement absent de cette réunion, les intervenants se concentrant sur ce qui leur paraissait non pas important mais essentiel : la préparation d'élection et la désignation des candidats. On pourra dire à leur/notre décharge que c'est encore ce que nous savons faire de mieux, quoique lorsque l'on regarde l'état du Parti dans certains territoires comme Argenteuil, pour ne pas reparler de la désignation pour la présidentielle, l'on puisse mettre en doute cette même assertion.
Non... L'université de La Rochelle, elle-même, alors qu'elle fut saluée par une relative unanimité de bons commentaires internes - on craignait tant la foire d'empoigne - me laisse profondément perplexe. Qu'est-il ressorti médiatiquement de ces débats ? la phrase de Hollande devant les jeunes socialistes assénant que le Grand Soir c'était fini.
Et nous retrouvons encore toute la confusion qui règne dans le parti. Quand nous sommes confrontés à l'échec, les rares personnes qui souhaitent avancer les yeux ouverts sont noyés sous les grandes phrases creuses des "plus modernisateurs que moi tu meurs". Donc le Parti socialiste selon les rénovateurs généralisés serait victime de l'influence du "ça" communiste, du vieux rêve du "Grand Soir" et d'une non acceptation inconsciente de l'économie de marché.
Je trouve ce camouflage des vraies questions du Parti socialiste consternant.
Je cherche encore le camarade - même Gérard Filoche et Jean-Luc Mélenchon - qui s'attend ou théorise des lendemaines qui chantent définitifs, une société transformée à jamais en un coup de baguette magique, après le soir d'une prise de pouvoir, même démocratique.
Pour les socialistes, cette fiction n'existe plus depuis le 27 décembe 1920. Nous savons depuis longtemps que notre combat pour la justice sociale et pour l'égalité ne connaîtra pas de termes, nous avons abandonné la vision eschatologique qui était contenue dans la pensée marxienne et surtout marxiste, dans la foulée du "sens de l'histoire" hegellien... Mais abandonner l'eschatologie ne veut pas dire renier le sens du combat et son propos.
Je ne vais pas parler du "ça" communiste au point où il en est, ni même de sa résurgence au sein de la LCR supposée triomphante à l'extrême gauche, quand on sait combien cette extrême gauche au sein même de la LCR est divisée sur sa stratégie, sa finalité et ses outils. Non vraiment je ne connais pas de socialiste pour qui les idées de la LCR recellent encore d'une source d'inspiration profonde.
L'économie de marché qui ne serait pas acceptée par les socialistes, c'est franchement une blague. Henri Emmanuelli l'a justement rappelé vendredi 31 août - et ce n'est pas une nouveauté dans sa bouche :
"En toute hypothèse, parvenus au pouvoir, les socialistes ont bel et bien accepté l’économie de Marché. Ils l’ont fait très précisément - que nos contempteurs prennent note - le vendredi 23 mars 1983 à 11 heures du matin - en acceptant, après un vif débat au plus haut niveau, en choisissant de rester dans le Système Monétaire Européen, matrice du futur Euro, et en mettant en oeuvre un plan d’austérité sévère destiné à prendre en compte, justement, les contraintes monétaires et européennes de l’Economie de Marché. Je le dis et je le répète depuis longtemps mais apparemment sans succès. Il est vrai qu’à l’époque le Premier Secrétaire du PS a dit qu’il s’agissait d’une parenthèse. Mais comme il ne l’a pas refermée en arrivant lui même au pouvoir en 1997, les experts devraient être rassurés depuis longtemps et trouver d’autres arguments pour instruire leur procès permanent contre le PS."Alors il serait bien temps d'arrêter de chercher dans le Parti socialiste le moment où celui-ci fait preuve d'irréalisme, de manque de modernité ou justement d'une soudaine conversion à la réalité du monde à l'occasion d'une université d'été comme ont tenté de le faire dire Pierre Moscovici ou Ségolène Royal.
Le problème du Parti socialiste ne réside pas dans un supposé refus de l'économie de marché mais dans l'obsolescence d'un certain nombre d'outils keynésiens pour répondre aux défis posés par la mondialisation dans sa version ultra-financière. Oui la doctrine économique du PS français, tant du point de vue de la demande que de l'offre (la France a des problèmes sur ces deux terrains), est à refaire comme pour tous les partis sociaux-démocrates européens, dont les résultats électoraux nous démontrent qu'ils ne vont pas si bien que cela.
N'abandonnons pas notre exigence et notre volonté de bâtir des outils de redistribution, car sous le prétexte de nous faire accepter une économie de marché que nous prenons d'ores et déjà en compte, c'est bien la redistribution que les rénovateurs de tout poil veulent nous faire abdiquer. Il faut éviter que modernisation de la doctrine rime avec droitisation comme disent les fabuisiens mais surtout rime avec résignation. Car une partie des clés de nos défaites est bien là dans cette résignation de la pensée des socialistes, résignation qui les a poussés à considérer comme pertinents et incontournables les axiomes de l'adversaire pour en conséquence mieux justifier son discours et ses propositions, et finalement lui servir de marche pied électoral.
La nouveauté politique et économique (une nouveauté vieille de 30 ans tout de même) c'est que nous pouvions autrefois passer des compromis avec le marché, mais il est vrai dans un monde qui sortait à peine de la décolonisation ; aujourd'hui le marché refuse tout compromis et cherche à s'étendre à tous les domaines de la vie humaine. Là où cette extension ultime a été obtenue elle commence à être sérieusement remise en cause : et nous choisirions ce moment pour tenter l'aventure ! allons ce n'est pas sérieux ! Cessons de confondre liberté politique, libertés inviduelles, libertés collectives, d'un côté, et liberté d'exploiter et de dominer de l'autre, et notre débat sur les définitions et les finalités du libéralisme se portera mieux.
Frédéric FARAVEL