Québec - vendredi 21 septembre 2007- La Presse - Malorie Beauchemin
On ne parle encore que de la défaite des libéraux dans Outremont. Mais lundi prochain, une autre élection partielle se tiendra au Québec, cette fois au niveau provincial. Un scrutin qui devrait permettre à la chef du PQ, Pauline Marois, de retourner à l'Assemblée nationale. En effet, les électeurs de Charlevoix ne semblent pas lui tenir rigueur de ne pas venir de la circonscription.
La nouvelle chef du Parti québécois, Pauline Marois, devrait faire son entrée comme prévu à l'Assemblée nationale à la reprise des travaux parlementaires, le 16 octobre. Un sondage Unimarketing-La Presse-Le Soleil, effectué du 15 au 20 septembre, la place en excellente position pour ravir la circonscription de Charlevoix à l'élection partielle de lundi.
Près des 2/3 des électeurs de la circonscription (63%) estiment que Mme Marois est la meilleure candidate pour les représenter à Québec. En route vers une victoire «décisive», la chef péquiste obtient 2 fois plus d'intentions de vote que son adversaire adéquiste Conrad Harvey, qui récolte l'appui de 31% des Charlevoisiens après répartition des indécis.
Le candidat du Parti vert, David Turcotte, obtient 5% des appuis dans ce sondage mené auprès de 1130 personnes. Les quatre autres candidats, dont le président de l'organisme Fathers-4-Justice, Daniel Laforest, se partagent une mince part de 1%.
«La notoriété, la personnalité de Mme Marois lui confèrent un avantage», soutient Raynald Harvey, président d'Unimarketing.
Il faut dire que la circonscription est aux mains des péquistes depuis 1994, lorsque le député démissionnaire Rosaire Bertrand s'est fait élire pour la première fois, après avoir été battu en 1989. La circonscription avait par contre été longtemps détenue par les libéraux, avant l'arrivée de M. Bertrand.
Ce dernier a été chauffé de près, en mars dernier, par le même candidat adéquiste, ex-souverainiste convaincu. Or, ce sondage démontre aussi que 18% des Charlevoisiens ayant voté pour l'ADQ en mars affirment cette fois donner leur appui à Mme Marois.
«Ce n'est pas une désaffection du vote adéquiste, estime M. Harvey. Les gens y voient plutôt une occasion de se doter d'une députée avec une envergure particulière, une chef de parti, qui peut amener des bénéfices pour la région, sans trop nuire à l'ADQ.»
L'argument qu'elle «ne vient pas du comté», avancé par certains adéquistes, n'a pas été un motif dans le choix des électeurs sondés, affirme le sondeur.
Le vote libéral, en l'absence de candidat du parti de Jean Charest, aurait pu faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre. Mais le sondage Unimarketing laisse entendre qu'il pourrait se partager équitablement entre le PQ et l'ADQ. En effet, 39% des électeurs libéraux de mars dernier ont affirmé qu'ils voteraient cette fois pour M. Harvey contre 38% pour Mme Marois.
Dès les premiers jours de la campagne, fin août, le premier ministre Charest avait dit souhaiter que la chef péquiste siège le plus tôt possible à Québec, ce qui avait été perçu par plusieurs comme une consigne de vote aux libéraux de la circonscription. Depuis, ils se sont rangés autant d'un côté comme de l'autre. L'ancien député libéral fédéral Auguste Choquette s'est notamment affiché publiquement cette semaine pour le candidat de l'Action démocratique. Le maire de Saint-Aimé-des-Lacs, Bernard Maltais, a pour sa part appuyé la chef péquiste.
Le sondage Unimarketing, précis à 2,9 points près, note un taux d'indécis de 11%, comparable à des sondages dans le cadre d'élections générales. «Tout le monde connaît Mme Marois. Sa candidature a fait jaser dans la circonscription, explique M. Harvey. Les gens se sont fait une idée.» Une surprise, donc, est peu probable, selon lui.
Mais le taux de participation, toujours très faible dans les élections partielles, pourrait changer la donne. En 2006, au moment de se faire élire dans une partielle à Pointe-aux-Trembles, le chef démissionnaire du PQ, André Boisclair, avait bénéficié de 70% des appuis, en l'absence de candidats libéral et adéquiste. Mais seulement le tiers des électeurs s'étaient présentés aux urnes.
Dans Charlevoix, la participation pourrait être plus élevée, puisque l'ADQ, le 2ème parti en importance à l'Assemblée nationale, a choisi «d'offrir un choix à la population», disait M. Harvey au lancement de sa campagne. Déjà, le vote par anticipation a été beaucoup plus important qu'à l'habitude, démontrant un intérêt certain de la population.
Mais ça ne veut pas dire pour autant que le taux de participation battra des records. «Aux dernières élections générales, on a eu un record par anticipation, mais le deuxième plus bas taux de participation le jour du vote», met en garde Denis Dion, porte-parole du directeur général des élections.
Un «coup dur» pour les souverainistes, admet Marois
Martin Ouellet - Presse Canadienne - Québec -mardi 18 septembre 2007
Même si le Bloc québécois est parvenu à conserver une circonscription, les résultats des 3 scrutins complémentaires tenus lundi est un «coup dur» pour le mouvement souverainiste, a concédé mardi la chef péquiste Pauline Marois.
La formation de Gilles Duceppe a subi une raclée dans la circonscription de Roberval-Lac-Saint-Jean - ancien fief de Michel Gauthier - aux mains des conservateurs et a vu ses appuis fondre dans le comté d'Outremont, remporté par le néodémocrate Thomas Mulcair.
Le Bloc a réussi à garder le chateau-fort de Saint-Hyacinthe-Bagot mais son avance a été réduite d'une douzaine de points.
«Cela a été difficile, admettons-le», a laissé tomber Mme Marois, lors d'un point de presse à Québec, en compagnie de Ségolène Royal, la candidate socialiste défaite à l'élection présidentielle française du printemps dernier.
De l'avis de la chef du Parti québécois, l'érosion du vote bloquiste est un «coup dur», qui démontre que le lien de confiance entre la population et le mouvement souverainiste reste à faire.
«Nous devons rebâtir le lien de confiance, aller rechercher la confiance. C'est pour nous un message, le même que nous avons reçu (à l'élection de) mars dernier», a-t-elle dit.