4- Combattre le «Socialisme municipal» et les baronnies
On ne peut limiter les réseaux d'influence à une simple accointance entre un élu majeur et ses collaborateurs. Nos sections souffrent toutes de ces situations finalement humaines, trop humaines, ou le maire, le conseiller général, etc. fait la pluie et le beau temps et ou finalement les débats de section sont illusoires et le deviennent plus gravement encore à l'approche de la désignation des premiers des socialistes.
Le PS ne souffre pas ici de la présidentialisation du régime mais d'un mal plus ancien, inhérent à l'histoire territoriale de la France et du poids de la commune et du département sur les institutions locales et dans l'esprit de nos concitoyens. Le mandat de maire notamment apparaît dans la conscience collective comme le plus important après celui de président de la République. Le PS s'est coulé dans ce modèle municipal, en parallèle avec le Parti radical, puis en substitution.
De plus, il n'a dû sa survie lors des longues traversées du désert que grâce à son implantation municipale, regardée comme une base arrière où l'on peut se tenir chaud lorsque la bise électorale dure trop longtemps. Le risque est réel aujourd'hui pour le PS de se complaire dans le rôle d'un fort parti d'élus locaux mais qui prétendrait de moins en moins au pouvoir suprême et à transformer la société. N'oublions pas que dans les années 1960 la SFIO étaient surnommée «le syndicats des agents communaux».
Paradoxalement, le Parti socialiste – à la différence du Parti communiste de la grande époque – n'a jamais théorisé clairement le rôle de l'action municipale dans son projet de transformation sociale national, européen et mondial. Un premier pas dans cette direction soumettrait sans doute les enjeux locaux à quelques contingences politiques un peu plus prononcées.
Il est rare qu'un secrétaire de section soit élu contre l'avis du maire socialiste et il n'est souvent pas besoin que le premier soit un collaborateur du second pour qu'il lui soit inféodé. Par ailleurs, faut-il interdire au moindre cadre C de la Fonction publique territoriale, militant dans la section de la commune où il vit et travaille d'exercer des responsabilités militantes dans sa section ? Quelqu'un est-il capable de dresser à ce point de détail la liste des incompatibilités et cela freinera-t-il seulement le recours à ce que l'on surnomme les adhérents «alimentaires» ?
Nous touchons à des questions d'éthiques qui interrogent plus profondément le comportement de nos responsable et de nos élus, qui devraient mettre en cohérence les valeurs qu'ils sont censés promouvoir et leurs pratiques quotidiennes. Peut-on fixer cela dans un texte et s'assurer que cela soit respecté ?
L'une des solutions réside sans doute dans le renforcement du rôle de la commission administrative de section dans la composition des listes pour les élections municipales face au maire ou au premier des socialistes, encore faut-il pour cela que les instances fédérales et nationales soient capables de faire respecter ce fonctionnement, quand elles ne prennent pas tout simplement fait et cause pour les baronnies locales en utilisant les «meilleurs» prétextes possibles.
Le problème se pose de manière comparable lors des fabrications de listes de candidats pour les élections régionales en conseil et bureau fédéral. Le poids des élus locaux, en contradiction parfois avec l'intérêt du développement du Parti, pèse fortement sur la constitution de ces listes et parfois en contradiction avec les choix internes des motions qui sont normalement à la manœuvres pour ces désignations. Ces dérives touchent minoritaires et majoritaires, et certains gros élus de motions minoritaires s'appuient parfois sur des «complicités» conjoncturelles avec les représentants de la majorité pour imposer leur candidat(e) contre celui ou celle que les représentants de la motion en question avaient choisi.
[à suivre...]