
Cette référence est un geste en direction de la gauche du parti, mais aussi des électeurs tentés par le nouveau Parti de gauche fondé par l'ancien président du SPD Oskar Lafontaine et les héritiers du parti communiste de l'ex-Allemagne de l'Est. Depuis sa création officielle en juin, ce parti, qui dispose déjà d'un groupe parlementaire au Bundestag, est devenu selon les derniers sondages le premier parti d'opposition, avec plus de 10% d'intentions de vote, juste devant les libéraux et les Verts.
Le nouveau programme avait été mis en chantier lorsque le SPD gouvernait en coalition avec les Verts. La première version dévoilée en janvier se contentait de mentionner le concept de socialisme démocratique. L'esquisse finale y consacre un paragraphe entier : "Le socialisme démocratique reste pour nous la vision d'une société solidaire, libre et équitable, dont la réalisation constitue pour nous un devoir permanent." Le président du SPD, Kurt Beck, ministre-président de Rhénanie-Palatinat, a indiqué qu'il s'était particulièrement engagé sur ce point. Selon lui, le SPD ne doit "pas entrer dans une attitude défensive" parce que "d'autres ont abusé de ce terme".
Cette orientation contraste avec les positions de l'aile "pragmatique" du parti, qui avait réclamé le remplacement de cette référence par le terme de "démocratie sociale". Les représentants de ce courant, conduit par les ministres des affaires étrangères et des finances de la grande coalition, avaient publié début septembre un ouvrage intitulé A la hauteur du temps, qui revendique l'héritage des réformes de l'agenda 2010.
ENJEUX ÉCOLOGIQUES
Le président du parti refuse de parler de rupture avec l'ère Schröder. "Il ne s'agit pas de rompre avec la politique menée jusqu'à maintenant", a assuré Kurt Beck. Néanmoins, a-t-il assuré au quotidien Die Welt, "les réformes indispensables ont fait partiellement mal à nos électeurs. Désormais, il s'agit de faire participer les gens au succès de la croissance."
Le texte souligne la nécessité d'un "Etat social prévoyant" qui doit mettre davantage l'accent sur la prévention et la couverture sociale. Il met aussi en avant les enjeux écologiques. Pour le SPD, "les énergies renouvelables et une meilleure rentabilité énergétique sont des éléments clés du développement pacifique". "C'est un voyage dans le passé gauchiste", a réagi Ronald Pofalla, secrétaire général du parti chrétien-démocrate.
Article paru dans l'édition du 27.09.07

Finies les foires d'empoigne de 2006 sur l'Irak, les droits universitaires, le partenariat public-privé. Oubliés les complots visant à chasser Tony Blair du pouvoir. Les cadres travaillistes, disciplinés à souhait, font bloc derrière le nouveau premier ministre. Même les plus ardents supporteurs de son prédécesseur se sont ralliés corps et âme à M. Brown. "Nous sommes tous unis comme jamais derrière la bannière de Gordon" : à l'instar de l'ex-ministre de l'intérieur, Charles Clarke, qui avait tenté de lui barrer la route de Downing Street, même ses plus irréductibles adversaires ont fait acte d'allégeance.
"Je m'engage auprès du peuple britannique à défendre ses valeurs, à oeuvrer pour un pays fort et surtout à toujours le défendre", a martelé M. Brown, lundi, en conclusion d'un discours doux-dur. "La force pour changer la Grande-Bretagne" : le slogan résume une vision mêlant progrès social, révolution technologique et défense des valeurs les plus traditionnelles de la société, ordre, famille et patrie.
LUNE DE MIEL
Se présenter comme l'homme du changement en tournant la page Blair tout en restant fidèle à un héritage auquel il a été étroitement associé pendant une décennie : sans coup d'éclat ni revirement spectaculaire, le premier ministre, rassurant et méthodique, a réussi cette gageure dans la station balnéaire phare du Sud-Ouest anglais. Gordon Brown s'est certes présenté comme leader du pays plutôt que d'un parti. Ces constantes allusions à l'Union Jack sont dirigées droit au coeur de ces classes moyennes qui ont délivré trois mandats d'affilée au Labour.
Reste qu'en évoquant sur un ton de prêcheur du haut de sa chaire son itinéraire personnel, le fils de pasteur presbytérien a touché une corde sensible chez le militant de base. A l'évidence, le parti se reconnaît instinctivement dans ce socialiste depuis la jeunesse, issu de l'enseignement de l'Etat, dont la vue a été sauvée par un chirurgien de l'hôpital public après un accident de rugby. Pur produit de la haute bourgeoisie, moulé dans un pensionnat privé et à Oxford, mû par une conception chrétienne du travaillisme, Tony Blair n'a jamais réussi à virer aux orties sa livrée de patricien. Sa présence détonnait parmi les "frères et soeurs" du Labour.
Auteur d'une biographie remarquée du premier ministre, Tom Bowers insiste sur l'influence du travaillisme écossais sur le locataire du 10 Downing Street : "A l'inverse de Blair, qui n'aimait ni le Parti ni le Parlement, Brown éprouve de l'affection pour les militants et les députés travaillistes." Affection réciproque : chantre zélé de l'intégrisme brownien, un apparatchik souligne son "esprit de conciliation, un style de gouvernement plus collégial et de bonnes relations avec les syndicats", vertus de chef, s'il en est, du nouveau comme du vieux parti.
Depuis sa prise de fonctions, le 27 juin, Gordon Brown bénéficie d'une véritable lune de miel avec l'opinion. Les sondages, qui lui donnent en moyenne de six à huit points d'avance sur les conservateurs de David Cameron, alimentent les rumeurs d'un scrutin anticipé à l'automne en vue de s'octroyer une légitimité électorale. Si le premier ministre n'a rien dévoilé de ses intentions, pour son parti, la peau de l'ours conservateur est vendue. Reste à tuer la bête. Les congressistes sont certains qu'il ne s'agit que d'une formalité, quelle que soit la date de la consultation.