VARSOVIE CORRESPONDANTE
M. Kwasniewski, qui ne brigue pas de siège lui-même, est, depuis le 23 septembre, le candidat de sa coalition pour le poste de premier ministre en cas de victoire, peu probable, au prochain scrutin. Pour l'heure, elle ne recueille que 10% à 16% des intentions de vote, loin derrière la droite libérale (PO) et la droite conservatrice, créditées l'une et l'autre par les sondages de 22% à 30%.
Formé à l'occasion des élections locales de 2006, LiD s'est imposée comme la 3ème force politique du pays. Hétérogène, voire contre-nature, la coalition regroupe 4 partis, dont les sociaux-démocrates, venus du communisme, qui ont gouverné jusqu'en 2005, et les démocrates libéraux, issus, comme les frères Kaczynski, du syndicat Solidarité. L'émergence du LiD a rééquilibré la scène politique, dominée par la droite depuis l'échec de la gauche aux élections de 2005.
PAS CHANCELANT
Venu du communisme, élu à la tête de l'Etat en 1995 face au président sortant Lech Walesa, reconduit en 2000, M. Kwasniewski s'est retiré en 2005, au terme de son 2nd quinquennat. Nommé président du Conseil pour le programme du LiD en juin, il reste, à 52 ans, un des hommes politiques les plus populaires en Pologne - numéro deux, derrière l'actuel ministre de la santé, Zbigniew Religa, et devant Lech Walesa, selon une enquête de l'institut CBOS publiée mi-septembre. "L'Elvis de la scène politique polonaise", selon le sociologue Norbert Maliszewski, a le sourire enjôleur et le contact facile. Son grand succès est d'avoir échappé à l'étiquette postcommuniste. "La plupart des Polonais ont oublié son parcours communiste parce qu'il était présent à la Table ronde et a incité le clan communiste à accepter les accords qui allaient aboutir à la tenue des premières élections semi-libres", jauge le sociologue Edmund Wnuk-Lipinski, recteur du Collegium Civitas.
L'ancien président a cependant commis beaucoup de bévues. Les Polonais n'ont pas oublié son pas chancelant et son élocution difficile en septembre 1999, lors de la commémoration du massacre des officiers polonais par les Soviétiques à Kharkov (Ukraine). Plus récemment, le 7 septembre, il a déclenché un tollé pour avoir, dans un entretien au magazine allemand Vanity Fair, invité Berlin à durcir ses relations avec Varsovie en cas de victoire du PiS aux élections législatives.
S'il confirme le retour politique de M. Kwasniewski, le débat télévisé de lundi est destiné à faire de l'ombre au leader de la droite libérale, Donald Tusk, véritable rival des frères Kaczynski dans cette élection.
Les ténors des deux droites s'affronteront dans les urnes le 21 octobre dans la capitale. Un fait inédit puisque M. Tusk briguait jusqu'à présent son poste de député à Gdansk. Le choc des deux droites pourrait se faire à la faveur des libéraux. Selon un sondage publié, lundi, par le quotidien conservateur Rzeczpospolita, M. Tusk recueillerait 37% des voix, contre 28% pour son concurrent conservateur.
Célia ChauffourArticle paru dans l'édition du 29.09.07