Interview de Benoît Hamon dans le Figaro - 04.10.07
LE FIGARO. - Que vous inspire la volonté de Nicolas Sarkozy de poursuivre l’ouverture ?
Benoît HAMON. -Dès que ça commence à aller moins bien, et à l’évidence la politique du gouvernement rencontre des difficultés, on se tourne vers l’ouverture comme instrument de diversion, comme arme pour déstabiliser l’opposition. Mais si la gauche a pu être déstabilisée dans le passé, elle ne l’est plus aujourd’hui. Je ne crois pas que la faillite morale de quelques individus signifie la faillite collective du PS.
N’est-ce pas le signe que beaucoup de socialistes ne croient plus le parti capable de se rénover ?
Que certains, au crépuscule de leur vie politique, n’y croient plus, c’est leur responsabilité. Cela ne nous empêchera pas de continuer à reconstruire le PS.
Ne peut-on pas y voir la fin de l’affrontement bloc contre bloc ?
J’acquiescerais volontiers à cette idée si je pouvais discerner dans la politique de Nicolas Sarkozy des choix qui s’apparentent à des choix de gauche. En matière économique et sociale comme en politique étrangère, je ne distingue rien qui puisse me faire penser qu’il a emprunté au patrimoine intellectuel de la gauche, si ce n’est dans ses discours.
Quel est, selon vous, l’apport des ministres d’ouverture ?
Ce sont de bien pâles figurants. À quoi servent-ils, à part participer à un casting fait par Nicolas Sarkozy pour mettre en scène sa politique ? Ont-ils adouci la politique de l’immigration ? Ont-ils contribué à ce qu’il y ait une hausse du pouvoir d’achat des ménages plutôt que des cadeaux fiscaux aux plus privilégiés ?
Sarkozy ne favorise-t-il pas la reconstruction du PS ?
Il est tellement omnipotent et omniscient qu’on lui attribuera bientôt le salut de la gauche ! N’allons pas chercher les vertus d’un «grand dessein» là où il n’y a que des manoeuvres.
On parle de Jack Lang, de Manuel Valls et de Julien Dray.
Si Lang devait collaborer à la politique de Sarkozy, je le regretterais comme beaucoup d’hommes et de femmes de gauche. Quant à Valls et Dray, leur nom a été jeté en pâture par l’Élysée. Ils ont eux-mêmes démenti ces rumeurs qui leur nuisent plus qu’autre chose.