L'affaire a eu des conséquences immédiates sur les difficiles négociations gouvernementales. Celles-ci avaient repris sous la conduite d'Yves Leterme, chef de file des démocrates-chrétiens flamands. Mercredi soir, M. Leterme a annulé une conférence de presse au cours de laquelle il devait annoncer un accord sur les questions de politique étrangère et européenne. Lundi, les quatre partis censés former un jour l'"Orange bleue" avaient trouvé un terrain d'entente sur l'asile, l'immigration et l'acquisition de la nationalité.
L'incident survenu en commission, prélude à un probable vote Flamands contre francophones sur une question institutionnelle très sensible, pourrait ruiner la stratégie du formateur. Tirant la leçon d'une première expérience de formation ratée, celui-ci espérait engranger divers accords avant d'en venir au chapitre de la réforme du fédéralisme, sur laquelle les deux communautés restent en totale opposition.
HOMOGÉNÉITÉ LINGUISTIQUE
Tous les représentants flamands demandent la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit BHV, invoquant la nécessaire homogénéité linguistique du territoire flamand. Contraints de revoir le statut BHV suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle, Flamands et francophones formulent des propositions radicalement différentes. Tandis que les Flamands prônent une séparation nette, les francophones veulent préserver les droits dont jouissent plusieurs dizaines de milliers des leurs vivant à la périphérie de Bruxelles. Les différentes formations francophones proposent, par exemple, une extension des limites de Bruxelles, région bilingue, ou une consultation de la population sur sa volonté d'appartenance à l'une ou l'autre région.
Le débat est byzantin mais divers observateurs estimaient qu'un éventuel vote de la majorité flamande contre la minorité francophone sur Bruxelles-Hal-Vilvorde serait l'un des possibles déclencheurs d'un vrai divorce belge. Des négociateurs de l'Orange bleue avaient suggéré de former le gouvernement avant de rechercher un compromis sur ce dossier.
C'est le président de la commission de l'intérieur, Pieter De Crem, membre du même parti que M. Leterme, qui a mis le feu aux poudres. Il s'est rangé à une demande du Vlaams Belang - extrême droite xénophobe et séparatiste - qui exigeait une conclusion de la discussion et un vote.
Article paru dans l'édition du 12.10.07