Interrogé sur l'impossibilité de faire entrer un représentant de l'Etat français au conseil d'administration d'EADS, selon le pacte négocié lorsqu'il était ministre en 1999, il a répondu : "c'était le cas au départ, toutes ces choses sont appelées à bouger". L'attitude de l'Etat français "ne peut pas être considérée par les Allemands comme ayant été trop intrusive" et "dans ces conditions la possibilité de renégocier avec les Allemands d'autres situations (...) est tout à fait concevable", a ajouté M. Strauss-Kahn.
"Il faut faire de bons montages, mais derrière il faut qu'on s'en occupe, (...), si les représentants de l'Etat sont là pour dormir, cela part à vau-l'eau", a-t-il estimé, mettant implicitement en cause les représentants de l'Etat à la Sogeade, holding commune de l'Etat et de Lagardère représentant les intérêts français.
"Je ne vois pas comment l'Etat n'est pas capable d'avoir une influence sur qui doit être désigné" au conseil d'administration d'EADS par la Sogeade, a en particulier souligné le futur directeur général du FMI. "Pour les décisions importantes, il faut six voix sur huit, l'Etat en a quatre et Lagardère quatre, il y a donc de fait un droit de veto réciproque", a-t-il expliqué. Il a ainsi abondé dans le sens d'Arnaud Lagardère qui indiquait la veille devant la commission : "Je ne peux pas être administrateur sans l'accord de l'Etat" et s'est distingué de la position de l'actuelle ministre de l'économie Christine Lagarde qui a récemment déclaré que "l'Etat ne désignait aucun administrateur" d'EADS.
Dominique Strauss-Kahn a déclaré qu'Arnaud Lagardère, président éponyme du groupe de médias dont il a pris la tête après la mort de son père Jean-Luc, en mars 2003, n'avait jamais caché qu'il voulait aller davantage vers les médias et que Daimler avait des problèmes avec sa filiale américaine Chrysler. "Les gens ont d'autres intérêts, d'autres préoccupations. Donc, ce n'est pas illégitime qu'ils viennent nous dire ça. En revanche, il y avait peut-être une occasion, peut-être pas (...), de se dire : est-ce qu'on ne peut pas essayer de reconfigurer de façon différente et prendre une part publique plus importante", a-t-il souligné en précisant toutefois que cela dépendait de plusieurs choses, dont les finances publiques.
Il a ajouté que certains dans le camp français avaient toujours pensé lors de la mise au point du pacte d'actionnaires, en 1999, que Daimler pourrait sortir un jour d'EADS. Cependant, a-t-il précisé, "je ne suis pas en train de dire que notre objectif était de pousser les Allemands dehors". S'agissant du pacte, Dominique Strauss-Kahn a défendu l'action du gouvernement du premier ministre socialiste Lionel Jospin auquel il appartenait alors.