L'assemblée constituante de la nouvelle formation de centre-gauche, qui se tenait samedi 27 octobre à Milan, ne devait pas être aussi festive que l'avait espéré Walter Veltroni, élu triomphalement secrétaire du PD au cours d'une primaire le 14 octobre dernier.
Le discours de M. Veltroni signant l'acte de naissance du parti devait tenir compte de l'état de déliquescence de la majorité au pouvoir. Les signes d'éclatement se sont multipliés sur la quasi-totalité des sujets. Depuis le projet de loi sur la sécurité que le conseil des ministres n'a pas pu adopter en raison des dissensions, jusqu'au décret fiscal que le Sénat a voté au bout de la nuit, vendredi 26 octobre, après une journée noire marquées par 7 votes négatifs causés par des défections dans les rangs de la majorité.
Romano Prodi a dû user de toute sa diplomatie pour désamorcer un violent conflit entre son ministre de la justice, Clemente Mastella, et celui des infrastructures, Antonio Di Pietro, qui menaçaient de démissionner. Les 2 hommes sont des nains politiques (leurs formations représentent moins de 2% des voix), mais avec 3 sénateurs chacun ils sont indispensables à la majorité.
"AMBIANCE DE BUNKER"
L'ultimatum adressé jeudi soir par Romano Prodi à ses alliés, pour qu'ils "tiennent les engagements pris devant les citoyens", sera-t-il plus écouté que les précédents ? "On ne peut rien reprocher aux propos de Prodi, fermes, dignes, juste dans leur dureté ; sauf qu'ils arrivent trop tard", écrit le quotidien économique Il Sole 24 Ore. Le débat parlementaire qui s'ouvre sur la loi de finances menace d'être fatal au gouvernement. Si les journaux soulignent "l'ambiance de bunker" qui règne au Palazzo Chigi, où Romano Prodi reste déterminé à résister, la plupart des leaders de partis se placent déjà délibérément dans l'hypothèse d'une chute de l'exécutif.
Président de la Chambre des députés, Fausto Bertinotti, ex-dirigeant de Refondation communiste, s'est prononcé pour la constitution d'un gouvernement institutionnel, tandis que le débat sur un recours à des élections anticipées rapides est ouvert au sein du Parti démocrate. Beaucoup penchent pour une solution de transition, le temps d'adopter une réforme de la loi électorale. Seule l'indécision sur la suite semble maintenir en vie la coalition.
Silvio Berlusconi rêve tout haut d'une revanche électorale à brève échéance, quel que soit le système électoral. Le chef de l'opposition dit avoir les cartes en mains pour faire tomber le gouvernement. Selon des indiscrétions révélées par La Stampa, il aurait déjà "acheté" plusieurs sénateurs de centre-gauche. S'il dément "tout achat-vente", Il Cavaliere affirme : "Il y a des gens qui ont un énorme malaise politique et nous leur avons offert un positionnement politique pour l'avenir." Fort de sondages qui donneraient plus de 60% d'intentions de vote au centre-droit, il veut convaincre le chef de l'Etat, Giorgio Napolitano, de provoquer des élections en cas de crise.
Dans ce but, il a organisé, les 17 et 18 novembre, 2 journées de mobilisation.
Article paru dans l'édition du 28.10.07