A 2 ans des prochaines élections, le SPD, qui gouverne en coalition avec son principal adversaire, le parti chrétien-démocrate de la chancelière Angela Merkel, émet ainsi un signal en direction de son électorat tenté par le nouveau parti La Gauche d'Oskar Lafontaine. "Il s'agit d'un changement de cap, nous prenons désormais davantage en compte les intérêts des salariés", affirme Ottmar Schreiner, député SPD de l'aile gauche du parti.
Ce courant gagne en influence, comme le prouve la controverse autour du projet de privatisation partielle de Deutsche Bahn, la société allemande des chemins de fer. Le président du parti, Kurt Beck, a dû batailler ferme au congrès pour imposer, contre l'avis du ministre des finances Peer Steinbrück, une résolution demandant d'introduire un système d'actions préférentielles pour protéger Deutsche Bahn contre l'influence d'investisseurs extérieurs. Ce compromis n'allait pourtant pas assez loin pour un grand nombre de sociaux-démocrates, qui refusent toute idée de privatisation.
Le programme du SPD met l'accent sur le "socialisme démocratique" qui "reste pour nous la vision d'une société solidaire, libre et équitable, dont la réalisation constitue pour nous un devoir permanent". Le président du SPD s'était engagé sur ce point contre l'avis de plusieurs représentants de l'aile pragmatique, qui réclamaient le remplacement de cette référence par le terme de "démocratie sociale". En même temps, le capitalisme est critiqué à plusieurs endroits du texte.
Le principe d'un "état social prévoyant" est considéré par de nombreux sociaux-démocrates comme la principale innovation du nouveau programme. Pour le SPD, l'Etat doit non seulement couvrir les risques sociaux, mais aussi agir en amont en garantissant l'égalité des chances grâce à une politique d'éducation : "La politique d'éducation est un élément central de la politique sociale." Le programme se prononce pour la multiplication des écoles ouvertes toute la journée (Ganztagschulen) et une meilleure prise en charge des enfants âgés de moins de 3 ans.
La protection de l'environnement, déjà l'un des points forts du texte de 1989, devient un enjeu de la politique étrangère sociale-démocrate. "La protection du climat et l'accès à l'énergie, aux ressources (...) sont devenus une question éminente de la sécurité internationale". Le texte réaffirme l'objectif de sortie du nucléaire et se distingue ainsi des unions chrétiennes CDU-CSU, qui plaident pour un allongement de la durée d'activité des centrales atomiques.