23 novembre 2007
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du lundi au vendredi de 17h à 17h55 |
| émission du jeudi 22 novembre 2007 L’identité espagnole : entre déchirement et mémoire historique |
Avec un taux de croissance frôlant les 4% l’année dernière, un chômage à 8,3% - le plus bas qu’ait connu le pays depuis la chute de Franco il y une trentaine d’années l’Espagne est sans conteste l’un des meilleurs élève de la classe européenne. Mais en cette fin d’année 2007, le climat politique semble loin de refléter cette embellie économique. Notre grand voisin ibérique commence tout juste à lever le voile la guerre civile, paraît toujours plus tiraillé par les velléités indépendantistes de ses grandes Provinces (que sont notamment la Catalogne et le Pays Basque) Même la monarchie, symbole – s’il en est de l’unité nationale – et de la transition si réussie entre la dictature franquiste et la démocratie même le Roi Juan Carlos paraît très contesté ces derniers mois. Jugez plutôt, le 13 septembre dernier, un jeune Catalan comparaissait devant un juge pour avoir brûlé des photos du souverain. Un délit passible de 2 ans de prison- à l’audience, ses camarades arboraient dans tee-shirts noirs où on lisait en lettre d’or «moi aussi j’ai brûlé le drapeau espagnol». En juillet dernier, c’est un hebdomadaire satirique qui subissait les foudres de la censure pour la première fois depuis la mort de Franco en 1975. Son crime, avoir voulu publier un dessin figurant le prince Felipe et sa femme en plein ébat – un couple tentant visiblement de concevoir un enfant afin, disait le journal de toucher la prime mise en place récemment pour favoriser la natalité. Le directeur a été condamné à une forte amende. Au-delà de ces anecdotes qui pourraient faire sourire, le Roi a dû solennellement rappeler lui-même que la monarchie constitutionnelle (rétablie après la dictature franquiste) avait ouvert à l’Espagne la période « de stabilité et de prospérité en démocratie » la plus longue de son histoire. Mais au-delà de la contestation pour l’instant symbolique, de la Couronne – les plaies ouvertes par la guerre civile sont loin d’être refermées. Deux épisodes viennent ainsi de se télescoper étonnamment : il y a un mois, le 28 octobre, le Vatican béatifiait en grande pompe 498 religieux espagnols – des «martyrs» assassinés par les républicains en 1936, aux premières heures du conflit fratricide. La messe célébrée à Rome s’est tenue juste 3 jours avant l’adoption d’une loi très contestée elle aussi. Cette loi dite «sur la mémoire historique», pour la première fois condamne solennellement la dictature franquiste. Qualifiée de «régime totalitaire contraire à la liberté et à la dignité de tous les citoyens». Cette loi décrié par la droite, comme ravivant inutilement, d’anciennes blessure a été l’objet d’intenses polémiques qui sont loin d’être closes. Enfin , dernière illustration des tiraillements inquiétants que connaît la péninsule, les revendications autonomistes sont plus vives que jamais. Le nouveau statut de la Catalogne, négocié depuis 2005 qui devait apporter à la province des compétences fiscales – et lui offrir au passage au moins 4 milliards d’euros par an supplémentaire ce statut semble enlisé. Du coup, les politiques s’impatiente / au point que pour la première fois, l’un des leaders de la gauche Catalane a appelé officiellement à la tenue d’un référendum d’autodétermination. Le voisin basque ne se porte pas mieux, avec la reprise des attentats et là encore un discours séparatistes qui inquiète vraiment Madrid. A la lumière de ces faits récents, on peut se demander à juste titre si l’Unité nationale espagnole est sérieusement menacée ? Si derrière la réussite économique et démocratique éclatante, ne se cache pas un pays encore fragile, loin de l’image du consensus gauche /droite qu’il s’est évertué à promouvoir depuis 30 ans
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