4 janvier 2008
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Barack Obama vient d'emporter très largement le caucus démocrate de l'Iowa avec près de 38% des suffrages militants de cet Etat... Avec 224 000 votants, c'est presque le double de la mobilisation démocrate de 2004 ce qui traduit que réellement les libéraux américains considèrent ouverte la possibilité du changement politique à la tête de l'Etat fédéral.
Plus largement, ces électeurs-militants semblent avoir le pari d'un changement profond et de la capacité des citoyens américains d'accepter une politique progressiste et d'une plus grande ouverture sociale. Car au-delà de la victoire d'Obama (plus large que prévue) - jeune sénateur afro-américain, inconnu voici encore 5 ans -, l'autre fait marquant est la relégation d'Hillary Clinton en troisième position avec 29-30% des suffrages, derrière John Edwards - candidat sudiste plus marqué à gauche que les deux autres favoris.
Il ne faut cependant pas tirer de conclusions hâtives de ce caucus, à la procédure complexe... L'Iowa n'a jamais été un Etat de référence aux Etats-Unis, les candidats en tête dans l'Iowa n'ont jamais automatiquement emporté les primaires par la suite. La route est longue d'ici à juin 2008 quand la convention démocrate désignera le ticket pour la Maison Blanche (avec de grandes chances que les jeux soient faits d'ici février-mars). Pourtant, le fait qu'Obama ait creusé l'écart reste assez marquant : déjà à égalité dans la collecte de fonds avec Hillary Clinton, il est probable que les résultats de l'Iowa ouvrent un peu plus le jeu qu'il ne l'était jusqu'ici... On savait déjà que les trois principaux candidats - Clinton, Obama, Edwards - se retrouveraient quasiment seuls en course après l'Iowa (dommage pour Bill Richardson, seul candidat latino, mais peut-être continuera-t-il de concourir jusqu'au super-tuesday), mais les sondages qui donnaient jusqu'ici 20 points d'avance à Hillary Clinton sur Barck Obama vont sans doute s'infléchir légèrement ; le discours centriste de l'ex-first Lady commencera peut-être à lasser son auditoire, quand également l'électorat noir voudra également saisir la chance de porter le premier noir à la Maison Blanche malgré l'admiration exercée par Bill Clinton.
Après tout, des sondages importants marquent déjà une dichotomie électorale assez forte depuis les premiers débats entre démocrates : surfant sur le bilan clintonien, Hillary a toujours été la candidate la plus assurée d'obtenir l'investiture de la convention démocrate, quand Barack apparaissait comme le candidat démocrate le plus à même de reccueillir la majorité des délégués au soir de l'élection présidentielle de novembre 2008. Les électeurs de la gauche américaine vont peut-être enfin regarder cette donnée-là.
Enfin la difficulté majeure des Démocrates subsiste... Depuis la nouvelle frontière de Kennedy et les lois anti-ségrégation de Lyndon Johnson, l'électorat traditionnel blanc démocrate et raciste du sud a abandonné les Démocrates pour les Républicains, dont ils partageaint les valeurs conservatrices malgré la demande sociale. L'habitude a été prise au sud de voter Républicain alors que le Dixie Land avait été une zone de force du Parti démocrate. La forte abstention de l'électorat noir du sud a régulièrement handicapé la conquête par les Démocrates des délégués des Etats du sud. C'est pourquoi les deux derniers présidents démocrates - Jimmy Carter (Géorgie) et Bill Clinton (Arkansas) - ont été des présidents sudistes (le ticket Clinton étant lui-même complété par un autre sudiste du Tennessee, Al Gore).
Un ticket Obama-Clinton, qui nous apparaît en Europe politiquement puissant serait donc géographiquement handicapé, quel que soit l'ordre d'apparition. C'est l'un des atouts de John Edwards, originaire de Caroline ; c'est l'une de ses assurances d'être présent sur le ticket à la fin, à moins que le candidat désigné ne choisisse de sortir un quatrième personnage (sudiste également du chapeau). Pour ma part, j'avoue qu'une association finale Obama-Edwards aurait de la gueule et ancrerait l'Amérique s'il venait à l'emporter dans une transformation radicale de sa politique intérieure et internationale.
Frédéric Faravel
Plus largement, ces électeurs-militants semblent avoir le pari d'un changement profond et de la capacité des citoyens américains d'accepter une politique progressiste et d'une plus grande ouverture sociale. Car au-delà de la victoire d'Obama (plus large que prévue) - jeune sénateur afro-américain, inconnu voici encore 5 ans -, l'autre fait marquant est la relégation d'Hillary Clinton en troisième position avec 29-30% des suffrages, derrière John Edwards - candidat sudiste plus marqué à gauche que les deux autres favoris.
Il ne faut cependant pas tirer de conclusions hâtives de ce caucus, à la procédure complexe... L'Iowa n'a jamais été un Etat de référence aux Etats-Unis, les candidats en tête dans l'Iowa n'ont jamais automatiquement emporté les primaires par la suite. La route est longue d'ici à juin 2008 quand la convention démocrate désignera le ticket pour la Maison Blanche (avec de grandes chances que les jeux soient faits d'ici février-mars). Pourtant, le fait qu'Obama ait creusé l'écart reste assez marquant : déjà à égalité dans la collecte de fonds avec Hillary Clinton, il est probable que les résultats de l'Iowa ouvrent un peu plus le jeu qu'il ne l'était jusqu'ici... On savait déjà que les trois principaux candidats - Clinton, Obama, Edwards - se retrouveraient quasiment seuls en course après l'Iowa (dommage pour Bill Richardson, seul candidat latino, mais peut-être continuera-t-il de concourir jusqu'au super-tuesday), mais les sondages qui donnaient jusqu'ici 20 points d'avance à Hillary Clinton sur Barck Obama vont sans doute s'infléchir légèrement ; le discours centriste de l'ex-first Lady commencera peut-être à lasser son auditoire, quand également l'électorat noir voudra également saisir la chance de porter le premier noir à la Maison Blanche malgré l'admiration exercée par Bill Clinton.
Après tout, des sondages importants marquent déjà une dichotomie électorale assez forte depuis les premiers débats entre démocrates : surfant sur le bilan clintonien, Hillary a toujours été la candidate la plus assurée d'obtenir l'investiture de la convention démocrate, quand Barack apparaissait comme le candidat démocrate le plus à même de reccueillir la majorité des délégués au soir de l'élection présidentielle de novembre 2008. Les électeurs de la gauche américaine vont peut-être enfin regarder cette donnée-là.
Enfin la difficulté majeure des Démocrates subsiste... Depuis la nouvelle frontière de Kennedy et les lois anti-ségrégation de Lyndon Johnson, l'électorat traditionnel blanc démocrate et raciste du sud a abandonné les Démocrates pour les Républicains, dont ils partageaint les valeurs conservatrices malgré la demande sociale. L'habitude a été prise au sud de voter Républicain alors que le Dixie Land avait été une zone de force du Parti démocrate. La forte abstention de l'électorat noir du sud a régulièrement handicapé la conquête par les Démocrates des délégués des Etats du sud. C'est pourquoi les deux derniers présidents démocrates - Jimmy Carter (Géorgie) et Bill Clinton (Arkansas) - ont été des présidents sudistes (le ticket Clinton étant lui-même complété par un autre sudiste du Tennessee, Al Gore).
Un ticket Obama-Clinton, qui nous apparaît en Europe politiquement puissant serait donc géographiquement handicapé, quel que soit l'ordre d'apparition. C'est l'un des atouts de John Edwards, originaire de Caroline ; c'est l'une de ses assurances d'être présent sur le ticket à la fin, à moins que le candidat désigné ne choisisse de sortir un quatrième personnage (sudiste également du chapeau). Pour ma part, j'avoue qu'une association finale Obama-Edwards aurait de la gueule et ancrerait l'Amérique s'il venait à l'emporter dans une transformation radicale de sa politique intérieure et internationale.
Frédéric Faravel