John McCain, le sénateur de l'Arizona, semble avoir toutefois fait un pas décisif vers la nomination en arrivant nettement en tête chez les républicains, mais l'ancien gouverneur de l'Arkansas, Mike Huckabee, et celui du Massachusetts, Mitt Romney, ont réussi à l'emporter dans plusieurs Etats, et annoncé tous deux qu'ils ne renonçaient pas. Dans son discours, à Phoenix, M. McCain s'est fait applaudir par ses partisans en leur lançant : "J'étais le candidat perdant il y a encore peu, il me semble que, désormais, je suis celui qui mène la course." La plupart des commentateurs jugent qu'après ses victoires en Californie et à New York, les chances de ses adversaires de remonter la pente sont faibles. M. McCain a déjà le double de délégués par rapport à ses concurrents.
Il reste que, dans de nombreux Etats, M. Huckabee ne perd que de peu. Même si le système de désignation des républicains alloue tous les délégués d'un Etat au seul vainqueur, les scores de M. Huckabee – un ancien pasteur – lui permettent d'envisager de rester vigoureusement dans la course, des primaires républicaines devant encore se dérouler dans plusieurs Etats du Sud (Louisiane, Mississipi…) où le vote religieux, qui lui est beaucoup acquis, est important, comme l'ont montré ses succès, mardi, en Géorgie ou dans le Tennessee.
Du côté des démocrates, le résultat est encore plus serré. A 1 heure du matin (heure de New York) une feuille de papier à cigarette séparait Hillary Clinton de Barack Obama dans le décompte national des voix. La première engrangeait 5630000 voix contre 5610000 à son concurrent.
En nombre d'Etats gagnés, le résultat est favorable à Barack Obama, le sénateur de l'Illinois (13 contre 9). Mais la sénatrice de New York a, de fait, remporté le scrutin dans 4 des 5 principaux Etats les plus peuplés qui fournissent le plus grand nombre de délégués : son propre Etat de New York, le New Jersey, et plus important encore, la Californie, où il paraissait quasi assuré, dans la nuit, que MmeClinton avait pris l'avantage (elle avait près de 400000 voix d'avance après un décompte sur moins de 35% des votants). Un résultat qui, symboliquement, lui était essentiel, la Californie étant l'Etat le plus "métissé" des Etats-Unis, et les ultimes sondages avant le scrutin la donnaient battue. Dans son discours, elle s'est d'ailleurs félicitée d'une "victoire de l'Amérique de tous les âges et de toutes les couleurs".
"NOTRE TEMPS EST VENU"
Son succès a été marquant dans le Massachusetts, où son adversaire, après avoir obtenu les soutiens de la famille démocrate "reine", les Kennedy, et de John Kerry était supposé détenir un avantage déterminant. Elle l'a également emporté dans la plupart des Etats du Nord-Est, blancs et industrieux, hormis le Connecticut, où M. Obama s'est imposé, surprenant les spécialistes des sondages. Le mode de désignation des délégués à la convention démocrate étant particulièrement compliqué – il s'agit d'une proportionnelle relative – on ne devrait pas connaître le nombre précis de délégués gagnés par les 2 candidats avant mercredi, sachant que le décompte en Californie sera long, en particulier parce que 25% de l'électorat vote par correspondance.
Mais le sénateur de l'Illinois est loin d'être battu. Quel que soit le résultat en Californie, déclarait-il mardi soir, "notre temps est venu, notre mouvement est une réalité, le changement arrive en Amérique". Hormis son succès surprise dans le Connecticut, il a gagné tous les "caucus", qui sont des votes après débat public, et il l'a emporté dans plusieurs Etats de la ceinture centrale du pays. "Plus le temps passe, et plus il impose sa présence", a dit sur la chaîne ABC George Stephanopoulos, un ancien responsable de la communication de la Maison Blanche sous l'administration Clinton.