15 février 2008
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du lundi au vendredi de 17h à 17h55 |
| émission du jeudi 14 février 2008 Faut –il placer Ayaan Hirsi Ali sous protection européenne ? Vous pouvez aussi lire la note de Brice Couturier sur son blog à ce sujet... |
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Depuis le 2 novembre 2004, la vie de Ayaan Hirsi Ali est très directement menacée. C’est ce jour-là, en effet, que Theo Van Gogh, co-auteur, avec Hirsi Ali du film «Soumission», fut assassiné à coups de revolver sur son vélo, puis égorgé sur le trottoir, dans une rue passante d’Amsterdam. Son meurtrier, Mohammed Bouyeri, lui planta ensuite deux couteaux dans la poitrine ; au bout de l’un d’entre eux, une liste de personnalités condamnées à périr de la même façon pour avoir blasphémé l’islam. En tête, le nom d’Ayaan Hirsi Ali. Theo Van Gogh, un ancien provo d’Amsterdam, dont la famille s’était illustrée dans la Résistance anti-nazie, était certes un provocateur. Il avait traité Jésus-Christ de «poisson pourri de Nazareth», et il se moquait dans des termes similaires du fondateur de l’islam, mais ce n’était nullement un raciste. Il était même le réalisateur du premier soap-opera néerlandais consacré à l’immigration maghrébine, «Najib et Julia», vaguement adapté de Roméo et Juliette. Van Gogh et Hirsi Ali provoquèrent un beau scandale en filmant, dans «Soumission» des femmes musulmanes dévoilant, l’une son dos lacéré de coups de fouets, l’autre, son visage tuméfié, sur lesquels étaient projetés des extraits du Coran, censés justifier ces traitements barbares. En 2004, Ayaan Hirsi Ali, qui avait quitté le parti social-démocrate pour être élue députée chez les libéraux, fut désignée «personnalité néerlandaise de l’année». Aux côtés d’autres intellectuels issus de l’immigration, «allochtones», comme on dit aux Pays-Bas, telles que l’écrivain d’origine marocaine Hafid Bouazza ou l’universitaire d’origine iranienne Afshin Ellian, Hirsi Ali dénonçait depuis longtemps l’aveuglement des autorités néerlandaise face à la réclusion subie par nombre de femmes «allochtones». Les autorités avaient trop tendance, disait-elle, à onsidérer ces femmes d’abord comme des «musulmanes» et à leur refuser les moyens d’accès à l’émancipation, largement ouverts aux femmes «autochtones». Elle fit voter par le Parlement une loi réprimant la pratique de l’excision, loi qui porte désormais son nom. Il faut ajouter qu’à l’époque, Ayaan Hirsi Ali était la compagne de Herman Philipse. Or Philipse, auteur d’un livre très lu, intitulé «le manifeste athéiste», fait un peu figure, aux Pays-Bas, de Michel Onfray haut-de-gamme (il enseigne aussi à Oxford). Avec Philipse, elle prétend que les Européens actuels ont perdu l’audace intellectuelle qui permit, aux XVIII° et XIX° siècles, à leurs ancêtres de défier les Eglises chrétiennes. En 2006, l’étoile de Ayaan Hirsi Ali a pâli aux Pays-Bas. Accusée d’avoir menti sur sa véritable biographie pour bénéficier d’un droit d’asile qui lui avait été refusé en Allemagne, elle évita de justesse d’être déchue de sa nationalité néerlandaise. Mais les voisins se plaignant entraînés par la protection policière dont elle faisait l’objet, Hirsi Ali décida d’émigrer aux Etats-Unis. L’affaire rebondit récemment avec l’initiative prise par Benoît Hamon et un certain nombre d’eurodéputés socialistes, proposant que l’Union Européenne «assure et finance la protection personnelle de Ayan Hirsi Ali». Un meeting s’est tenu dimanche dernier à Paris, pour réclamer du président de la République la protection de la France pour l’ex-députée libérale néerlandaise.
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