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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

1 mars 2008 6 01 /03 /mars /2008 14:08

Du grain à moudre
par Julie Clarini et Brice Couturier
du lundi au vendredi de 17h à 17h55
  Du grain à moudre


  de Brice Couturier

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  émission du mercredi 27 février 2008
Les totalitarismes du XX° siècle : la faute à Dieu ou à son oubli ?
 

 
Le président de la république ne dit pas que des gros mots. Il lui arrive aussi de mettre en débat des idées fondamentales. Hélas, ce ne sont pas ces dernières qui font l’objet des discussions les plus nombreuses dans les média. Je vous propose donc d’oublier un instant l’exégèse du désormais célèbre « mot de Sarkozy », « casse-toi, pauvre con ! », pour mettre en débat la thèse qu’il a avancée, lors du dîner du CRIF, à propos du rôle des religions face aux grands crimes de masse du XX° siècle.
« Si les religions sont impuissantes à préserver les hommes de la haine et de la barbarie, le monde sans Dieu, que le nazisme et le communisme ont cherché à bâtir, ne s’est pas révélé tellement préférable. […] Le drame du XX° siècle n’est pas né d’un excès de Dieu, mais de sa redoutable absence. »
Voilà un jugement qui méritait mieux que le procès rituel en bigoterie. Mais il est vrai qu’il a du mal à trouver sa place entre les Guignols de l’Info, les pages peoples des quotidiens gratuits et la Star Ac.
Et pourtant. Beaucoup d’essayistes ont développé l’idée selon laquelle l’expulsion du religieux à la fin du XIX° siècle aurait, en effet, produit un appel d’air, où se seraient engouffrées des religions de substitution, des religions politiques.
Ainsi George Steiner, dans « Nostalgie de l’absolu », explique que l’écroulement du christianisme qui, durant des siècles, en Europe, avait structuré l’imaginaire collectif, a laissé derrière lui, « un vide immense ». D’où l’apparition de toute sorte de « credos de substitution », modelés sur la vieille croyance. Ainsi, le marxisme aurait transposé le paradigme chrétien du Péché originel et de la Rédemption, dans les deux mythes modernes de l’apparition de la propriété privée et de la Révolution communiste, la figure du prolétariat prenant la place du Sauveur. C’est la thèse de la rechute.
Mais il en est une autre, défendue par Eric Voegelin ou par Camus dans « l’homme révolté », selon laquelle la sécularisation est responsable d’une forme de nihilisme inhérente à notre modernité elle-même.
L’homme du Moyen Age, écrit Voegelin, reconnaissait l’existence d’une pluralité d’autorités, susceptibles de se limiter mutuellement. Les « religions intramondaines » modernes élisent, au contraire, un élément du monde et « l’élèvent à la place de Dieu où ils lui cachent tout le reste ». Cela a pu être la Nation, l’Etat, la Science, la race ou la classe. Et pour nous, quoi ?
Le croyant des anciennes religions disposait d’une loi, extérieure et supérieure au monde, qui lui permettait de prendre ses distances envers les choses d’ici-bas, d’en prendre et d’en laisser. L’homme de la modernité ne dispose pas d’un tel recours.
Par ailleurs, le nihilisme contemporain a entraîné une réduction de l’homme à l’Histoire et une relativisation de la notion de vrai. Il est tentant de déduire de la mort de Dieu et du retrait de la transcendance que l’Histoire est désormais le Juge suprême, la Raison même en devenir. Et que l’illumination finale justifie les crimes et les mensonges commis au nom du But sublime.
La religion de l’Histoire a cessé de faire recette, mais elle peut toujours revenir. Quant au nihilisme, suggérer qu’il pourrait bien inspirer à la fois les grands despotes totalitaires du XX° siècle et nos émissions de télé les plus bêtes et les plus vulgaires, justifie que leurs animateurs ne se précipitent pas pour ouvrir le débat…
 

 
Pierre Bouretz.  Philosophe
Directeur d'études à l'EHESS
Membre du Centre d'Etudes Interdisciplinaires des Faits religieux

 
Gilbert Merlio.  Germaniste
Professeur Emérite à la Sorbonne-Paris IV. Président du Conseil scientifique de l'Institut Hannah Arendt de Dresde pour l'étude des totalitarismes

 
Tzvetan Todorov.  Philosophe
Historien des idées
Directeur de recherches honoraire au CNRS


 
 

 
 

 
Hannah Arendt
Les origines du totalitarisme & Eichmann à Jérusalem
Quarto Gallimard - 2 mai 2002


Edition établie sous la direction de Pierre Bouretz.

Cet ouvrage qui se compose de trois parties - L'Antisémitisme, L'Impérialisme et Le Totalitarisme - composé à l'origine en un seul volume, a fait l'objet en France d'une publication en trois volumes séparés, chez trois éditeurs différents, avec intervention de cinq traducteurs différents. Une révision générale s'imposait donc, afin de rétablir la cohérence de l'œuvre. Elle a été effectuée à partir de la dernière édition en langue anglaise revue et corrigée par Hannah Arendt. Ce volume rassemble Les Origines du totalitarisme et Eichmann à Jérusalem. Chaque œuvre est suivie et complétée par un dossier (textes complémentaires, correspondance, dossier critique). Les notes et la bibliographie ont également été entièrement revues et mises à jour. L'ouvrage est complété en particulier par un "Vie et oeuvre" très illustré et un index des noms propres. A noter : la parution, chez Gallimard également, de Lettres de 1925 à 1975, la correspondance entre Hannah Arendt et Martin Heidegger.

 

 
Pierre Bouretz
Qu'appelle-t-on philosopher ?
Gallimard - mars 2006
 

La philosophie se pose souvent à elle-même la question de sa définition. Mais nous ne savons rien, ou presque, de ses manières de faire au jour le jour. Les philosophes aiment en effet à cacher les pistes, tenir secrètes les hésitations et gommer les ratures. Et nous sommes moins curieux des documents de leur travail que de ceux des écrivains, considérant que journaux, brouillons ou correspondances sont déjà de la littérature, pas encore de la philosophie.

Il est bien sûr quelques exceptions, tels les fragments posthumes de Nietzsche, le dossier du Livre des passages de Walter Benjamin, les carnets de Wittgenstein. Mais c'est peu pour tenter de relier le visible et l'invisible, les idées et les intuitions.

Récemment publié, le Journal de pensée d'Hannah Arendt offre de quoi surprendre quiconque est familier de son oeuvre comme le lecteur en quête d'une réponse à la question : qu'appelle-t-on philosopher ? Il illustre admirablement une pratique, un style, un ethos de la pensée.

Arendt est demeurée rétive aux programmes de la philosophie, préférant s'adonner à ce qu'elle nommait «pensée libre». Ses exercices quotidiens doivent beaucoup à la fréquentation des livres classiques, qu'elle cite et commente «pour avoir des témoins, également des amis». Nous y voyons des idées qui surgissent d'un mot noté au hasard des lectures, se déploient en ligne droite ou bifurquent, s'agencent en tables de catégories, trouvent enfin la forme d'un article ou d'un livre. Mais nous y découvrons aussi des chemins qui ne mènent nulle part et les raisons de quelques échecs.

Séjournant dans l'antichambre des livres, serons-nous tentés, pour finir, de donner raison à Kant et dire à sa suite que «le philosophe n'est qu'une idée» ?

 

 
Tzvetan Todorov
L'esprit des Lumières
Robert Laffont - Février 2006
 

Les Lumières appartiennent au passé, puisqu'il a existé un siècle des Lumières ; pourtant, elles ne ne peuvent pas "passer", car elles en sont venues à désigner non plus une doctrine historiquement située, mais une attitude à l'égard du monde. Identifier ses grandes lignes sans détacher le regard de notre époque, pratiquer un va-et-vient constant entre passé et présent, tel est l'objectif de ce petit livre, rédigé par l'un des commissaires de l'exposition. Parmi les thèmes abordés : autonomie des individus et souveraineté des peuples, laïcité et recherche de vérité, universalité et rôle de l'Europe.

 

 
Gilbert Merlio
Les résistances allemandes à Hitler
Tallandier - 2003
 

La première résistance à Hitler est allemande. Elle prend des formes et des moyens divers dans toutes les couches de la société et tout au long de l'histoire du IIIe Reich. La résistance ouvrière poursuit son opposition contre le nazisme engagée sous Weimar, en dépit d'une désunion qui scellera son échec. Devenues illégales, ses organisations sont laminées et apporteront, dans l'exil, leur soutien à des groupes clandestins restés en Allemagne. La résistance religieuse tarde à se manifester, et la responsabilité de la hiérarchie demeure une question épineuse. Toutefois, l'Église (catholique et protestante) sera jusqu'à la fin du Reich un pôle actif de résistance. La résistance des élites traditionnelles, civiles et militaires, encore plus tardive (si l'on excepte le Cercle de Kreisau), fut considérée comme une «révolte de la conscience» de la part d'hommes qui avaient d'abord choisi de collaborer avec le régime. Le point d'orgue en demeure l'attentat manqué contre Hitler le 20 juillet 1944.

La guerre accentuera le malaise des opposants de l'armée suscité par la fâcheuse impression de trahir la patrie. Elle créera également de nouvelles formes de résistance : résistance de la jeunesse (le groupe Rose blanche), renaissance d'une opposition de gauche (l'Orchestre rouge), collaboration avec les travailleurs étrangers dans les usines, résistance de déportés, résistance juive, etc.

Cet ouvrage, qui s'inscrit dans une nouvelle approche de l'Allemagne nazie, raconte et analyse une page peu connue de l'histoire du IIIe Reich et démonte les mécanismes, notamment culturels et politiques, qui conduisirent des hommes et des femmes à payer parfois de leur vie leur refus de la barbarie.


 

 
Pierre Bouretz
Témoins du futur : philosophie et messianisme
Gallimard - 2003
 

Guerres d'ampleur inconnue, rêves d'émancipation brisés, extermination: le XXe siècle a été le cimetière du futur.

Il y a des témoins: de Hermann Cohen à Emmanuel Lévinas, d'Ernst Bloch à Leo Strauss, de Franz Rosenzweig à Gershom Scholem, de Walter Benjamin et Martin Buber à Hans Jonas, ils sont allemands d'origine ou de culture, juifs et philosophes. Leur formation, leurs préoccupations et leur orientation parfois s'opposent mais souvent se croisent: entre l'engagement sioniste et des formes hétérodoxes de marxisme, dans la redécouverte de traditions cachées de l'histoire juive, au carrefour de l'éthique et de la métaphysique. Ils ont en commun d'avoir contribué à introduire dans la philosophie une dimension messianique inédite.

La raison en est que, à un moment donné de leur critique du monde comme il va, l'expérience historique s'est dressée comme un obstacle qu'il fallait se résigner à accepter ou tenter de surmonter pour dégager un nouvel horizon, tourné vers le futur, ouvert à l'utopie, en un mot messianique.

Les plus grands de leurs prédécesseurs avaient annoncé le désenchantement du monde et proposé d'en payer le prix: leurs oeuvres portent la trace d'une morsure du nihilisme. Eux se sont risqués à la résistance et au sauvetage des promesses du monde: c'est la lumière messianique qui éclaire leur oeuvre.

Thèses de Walter Benjamin sur l'histoire, principe de responsabilité envers les générations futures chez Hans Jonas, redéfinition par Emmanuel Lévinas des formes de l'éthique, voici quelques-unes des problématiques qui irriguent désormais la philosophie.

Comment comprendre le paradoxe de ces pensées dont l'écho est d'autant plus universel qu'elles se sont faites d'abord plus juives?

 

 
Tzvetan Todorov
Mémoire du mal, tentation du bien : enquête sur le siècle
Livre de Poche - 2002
 

Todorov juge avec acuité le nazisme et le communisme. Il dénonce cette tentation du bien, responsable de la bombe d'Hiroshima et de la guerre du Kosovo. Il jalonne sa réflexion de portraits d'hommes et de femmes ayant souffert dans leur chair et qui ont résisté au mal sans se prendre pour une incarnation du bien. (Note de l'éditeur)

 

 
dirigé par Paolo D'Irio, Gilbert Merlio
Nietzsche et l'Europe
Maison des sciences de l'homme - 2005
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