| | | | Hannah Arendt Les origines du totalitarisme & Eichmann à Jérusalem Quarto Gallimard - 2 mai 2002 | | Edition établie sous la direction de Pierre Bouretz. Cet ouvrage qui se compose de trois parties - L'Antisémitisme, L'Impérialisme et Le Totalitarisme - composé à l'origine en un seul volume, a fait l'objet en France d'une publication en trois volumes séparés, chez trois éditeurs différents, avec intervention de cinq traducteurs différents. Une révision générale s'imposait donc, afin de rétablir la cohérence de l'œuvre. Elle a été effectuée à partir de la dernière édition en langue anglaise revue et corrigée par Hannah Arendt. Ce volume rassemble Les Origines du totalitarisme et Eichmann à Jérusalem. Chaque œuvre est suivie et complétée par un dossier (textes complémentaires, correspondance, dossier critique). Les notes et la bibliographie ont également été entièrement revues et mises à jour. L'ouvrage est complété en particulier par un "Vie et oeuvre" très illustré et un index des noms propres. A noter : la parution, chez Gallimard également, de Lettres de 1925 à 1975, la correspondance entre Hannah Arendt et Martin Heidegger. | | | | Pierre Bouretz Qu'appelle-t-on philosopher ? Gallimard - mars 2006 | | La philosophie se pose souvent à elle-même la question de sa définition. Mais nous ne savons rien, ou presque, de ses manières de faire au jour le jour. Les philosophes aiment en effet à cacher les pistes, tenir secrètes les hésitations et gommer les ratures. Et nous sommes moins curieux des documents de leur travail que de ceux des écrivains, considérant que journaux, brouillons ou correspondances sont déjà de la littérature, pas encore de la philosophie. Il est bien sûr quelques exceptions, tels les fragments posthumes de Nietzsche, le dossier du Livre des passages de Walter Benjamin, les carnets de Wittgenstein. Mais c'est peu pour tenter de relier le visible et l'invisible, les idées et les intuitions. Récemment publié, le Journal de pensée d'Hannah Arendt offre de quoi surprendre quiconque est familier de son oeuvre comme le lecteur en quête d'une réponse à la question : qu'appelle-t-on philosopher ? Il illustre admirablement une pratique, un style, un ethos de la pensée. Arendt est demeurée rétive aux programmes de la philosophie, préférant s'adonner à ce qu'elle nommait «pensée libre». Ses exercices quotidiens doivent beaucoup à la fréquentation des livres classiques, qu'elle cite et commente «pour avoir des témoins, également des amis». Nous y voyons des idées qui surgissent d'un mot noté au hasard des lectures, se déploient en ligne droite ou bifurquent, s'agencent en tables de catégories, trouvent enfin la forme d'un article ou d'un livre. Mais nous y découvrons aussi des chemins qui ne mènent nulle part et les raisons de quelques échecs. Séjournant dans l'antichambre des livres, serons-nous tentés, pour finir, de donner raison à Kant et dire à sa suite que «le philosophe n'est qu'une idée» ? | | | | Tzvetan Todorov L'esprit des Lumières Robert Laffont - Février 2006 | | Les Lumières appartiennent au passé, puisqu'il a existé un siècle des Lumières ; pourtant, elles ne ne peuvent pas "passer", car elles en sont venues à désigner non plus une doctrine historiquement située, mais une attitude à l'égard du monde. Identifier ses grandes lignes sans détacher le regard de notre époque, pratiquer un va-et-vient constant entre passé et présent, tel est l'objectif de ce petit livre, rédigé par l'un des commissaires de l'exposition. Parmi les thèmes abordés : autonomie des individus et souveraineté des peuples, laïcité et recherche de vérité, universalité et rôle de l'Europe. | | | | Gilbert Merlio Les résistances allemandes à Hitler Tallandier - 2003 | | La première résistance à Hitler est allemande. Elle prend des formes et des moyens divers dans toutes les couches de la société et tout au long de l'histoire du IIIe Reich. La résistance ouvrière poursuit son opposition contre le nazisme engagée sous Weimar, en dépit d'une désunion qui scellera son échec. Devenues illégales, ses organisations sont laminées et apporteront, dans l'exil, leur soutien à des groupes clandestins restés en Allemagne. La résistance religieuse tarde à se manifester, et la responsabilité de la hiérarchie demeure une question épineuse. Toutefois, l'Église (catholique et protestante) sera jusqu'à la fin du Reich un pôle actif de résistance. La résistance des élites traditionnelles, civiles et militaires, encore plus tardive (si l'on excepte le Cercle de Kreisau), fut considérée comme une «révolte de la conscience» de la part d'hommes qui avaient d'abord choisi de collaborer avec le régime. Le point d'orgue en demeure l'attentat manqué contre Hitler le 20 juillet 1944. La guerre accentuera le malaise des opposants de l'armée suscité par la fâcheuse impression de trahir la patrie. Elle créera également de nouvelles formes de résistance : résistance de la jeunesse (le groupe Rose blanche), renaissance d'une opposition de gauche (l'Orchestre rouge), collaboration avec les travailleurs étrangers dans les usines, résistance de déportés, résistance juive, etc. Cet ouvrage, qui s'inscrit dans une nouvelle approche de l'Allemagne nazie, raconte et analyse une page peu connue de l'histoire du IIIe Reich et démonte les mécanismes, notamment culturels et politiques, qui conduisirent des hommes et des femmes à payer parfois de leur vie leur refus de la barbarie. | | | | | Pierre Bouretz Témoins du futur : philosophie et messianisme Gallimard - 2003 | | Guerres d'ampleur inconnue, rêves d'émancipation brisés, extermination: le XXe siècle a été le cimetière du futur. Il y a des témoins: de Hermann Cohen à Emmanuel Lévinas, d'Ernst Bloch à Leo Strauss, de Franz Rosenzweig à Gershom Scholem, de Walter Benjamin et Martin Buber à Hans Jonas, ils sont allemands d'origine ou de culture, juifs et philosophes. Leur formation, leurs préoccupations et leur orientation parfois s'opposent mais souvent se croisent: entre l'engagement sioniste et des formes hétérodoxes de marxisme, dans la redécouverte de traditions cachées de l'histoire juive, au carrefour de l'éthique et de la métaphysique. Ils ont en commun d'avoir contribué à introduire dans la philosophie une dimension messianique inédite. La raison en est que, à un moment donné de leur critique du monde comme il va, l'expérience historique s'est dressée comme un obstacle qu'il fallait se résigner à accepter ou tenter de surmonter pour dégager un nouvel horizon, tourné vers le futur, ouvert à l'utopie, en un mot messianique. Les plus grands de leurs prédécesseurs avaient annoncé le désenchantement du monde et proposé d'en payer le prix: leurs oeuvres portent la trace d'une morsure du nihilisme. Eux se sont risqués à la résistance et au sauvetage des promesses du monde: c'est la lumière messianique qui éclaire leur oeuvre. Thèses de Walter Benjamin sur l'histoire, principe de responsabilité envers les générations futures chez Hans Jonas, redéfinition par Emmanuel Lévinas des formes de l'éthique, voici quelques-unes des problématiques qui irriguent désormais la philosophie. Comment comprendre le paradoxe de ces pensées dont l'écho est d'autant plus universel qu'elles se sont faites d'abord plus juives? | | | | Tzvetan Todorov Mémoire du mal, tentation du bien : enquête sur le siècle Livre de Poche - 2002 | | Todorov juge avec acuité le nazisme et le communisme. Il dénonce cette tentation du bien, responsable de la bombe d'Hiroshima et de la guerre du Kosovo. Il jalonne sa réflexion de portraits d'hommes et de femmes ayant souffert dans leur chair et qui ont résisté au mal sans se prendre pour une incarnation du bien. (Note de l'éditeur) | | | | dirigé par Paolo D'Irio, Gilbert Merlio Nietzsche et l'Europe Maison des sciences de l'homme - 2005 | | |