PARIS, 17 novembre 2008 (AFP) - Benoît Hamon, candidat au poste de premier secrétaire du PS, a jugé "décevant" l'appel de Bertrand Delanoë à voter pour Martine Aubry lors de l'élection du chef du parti jeudi, qui montre que "la vieille logique du règlement de comptes prend le pas sur le renouvellement".
"C'est décevant (...). La vieille logique du règlement de comptes prend le pas sur le renouvellement", a déclaré le jeune eurodéputé lors d'une rencontre avec la presse.
Selon M. Hamon, "le vieux parti va continuer à régler ses comptes, avec d'un côté la bande qui a peur de se faire prendre le parti, et de l'autre, Ségolène Royal, soutenue par les fédérations des Bouches-du-Rhône et de l'Hérault où Georges Frêche a annoncé sa prochaine réintégration au PS" en cas de victoire de la présidente du Poitou-Charentes.
Le candidat a dénoncé "un esprit de revanche" qui prévaut tant chez Mme Aubry et M. Delanoë que chez Mme Royal. Selon M. Hamon, "le camp perdant" lors de l'élection du premier secrétaire "mettra en oeuvre dès le 21 ou le 22 novembre une stratégie d'empêchement pour éviter que l'autre ne prenne l'avantage en vue de la présidentielle de 2012".
"Ma candidature a l'avantage de jeter des ponts entre nous. Je ne suis pas dans leurs querelles", a-t-il affirmé.
Commentant l'initiative de M. Delanoë, l'eurodéputé s'est déclaré "un peu déçu du décalage" entre les témoignages de soutien qu'il dit recevoir de cadres et militants pro-Delanoë "et cette pièce d'un théâtre d'ombres qu'on nous rejoue indéfiniment".
M. Hamon a précisé qu'en cas de 2e tour --la seule hypothèse crédible, selon lui-- et s'il n'était pas l'un des deux finalistes, il "donnerai(t) une consigne de vote".
Il a ironisé sur l'étiquette de "candidat de la gauche du parti" dont il est affublé. "Personne n'ose dire: la droite du parti, c'est Ségolène Royal".
Hamon pense être au "deuxième tour", de préférence face à Royal
L'eurodéputé candidat à la direction du Parti socialiste estime ainsi qu'un tel duel permettrait de proposer "un vrai choix" aux militants. Le premier tour du vote est prévu jeudi pour sortir le parti au plus vite de la crise de leadership.
Benoît Hamon (Sipa)
Le meilleur cas de figure étant, pour lui, un duel avec Ségolène Royal plutôt qu'avec Martine Aubry, pour proposer "un vrai choix" aux militants.
Benoît Hamon dit avoir "des proximités évidentes" avec la maire de Lille, "mais ça ne suffit plus, je pense que celles et ceux qui ont été acteurs des querelles depuis 20 ans ne sont plus les mieux placés pour permettre au PS de se reconstruire".
Le parti est atteint "par le poison présidentiel"
Il a également déclaré qu'il fallait "incontestablement" revoir les règles de fonctionnement du PS. Le parti est atteint "par le poison présidentiel qui veut qu'aujourd'hui, on pourrait avoir une cohabitation à la tête du PS", c'est-à-dire "un premier secrétaire qui ne dispose pas de majorité".
Selon lui, l'avenir du PS repose sur "l'ancrage à gauche" ainsi que "le "renouvellement et la rénovation". Il a indiqué vouloir "jeter des ponts entre les socialistes" mais aussi entre les socialistes et "le reste de la gauche" et "le mouvement social"
"Il faut faire en sorte qu'il y ait un peu de mixité générationnelle au PS, ce qui n'est absolument pas le cas aujourd'hui, mais aussi une mixité sociale des origines", a-t-il aussi jugé.