De l'autre côté de l'échiquier, Québec solidaire, véhicule de la gauche, la vraie, celle de l'intervention massive de l'État dans les affaires sociales, est sorti des limbes en 2008 avec l'élection de son premier député.Mais Amir Khadir, l'une des 2 têtes dirigeantes du parti avec Françoise David, n'est pas uniquement le porte-parole de la classe laborieuse. Il est aussi le second leader politique souverainiste de l'Assemblée nationale aux côtés de la péquiste Pauline Marois.
Vent de droite, vent de gauche, le parlement québécois a senti les brises de l'un et l'autre au cours de la dernière année.
L'élection du 8 décembre 2008 a bouleversé la dynamique héritée du précédent scrutin tenu à peine 20 mois plus tôt.
Invoquant la «tempête économique» à venir, le premier ministre Jean Charest a déclenché une élection précipitée qui allait le libérer des entraves de la cohabitation minoritaire, en plus de sceller le sort de l'ADQ comme opposition officielle et gouvernement en devenir.
Malgré une remarquable poussée du Parti québécois en fin de course, le chef libéral est parvenu à faire élire tout juste assez de députés pour former un gouvernement majoritaire, avec toutes les coudées franches pour imposer son ordre du jour.
Dans ce scrutin de fin d'année, l'ADQ a perdu 34 députés, ce qui constitue une hécatombe pour un parti qui avait failli prendre le pouvoir 20 mois plus tôt.
Mais en même temps, la catastrophe était annoncée depuis des mois, à mesure que les difficultés du parti à s'imposer comme opposition officielle devenaient de plus en plus manifestes.
À l'issue du scrutin, Mario Dumont s'est retrouvé à la tête d'un parti exsangue, avec seulement six députés pour l'épauler. Pour le chef de l'ADQ, ce retour à la case départ a sonné la fin des haricots. Après 14 ans de hauts et de bas à l'Assemblée nationale, Mario Dumont a jugé que le temps était venu de passer à autre chose.
L'Action démocratique va-t-elle survivre au départ de son fondateur et chef charismatique ? Rien n'est sûr, mais certains voyaient déjà le député Éric Caire reprendre la barre du vaisseau. Dans ce contexte, les prochaines années s'annoncent comme une longue et pénible traversée du désert pour les députés de l'ADQ. Certains pourraient être tentés de chercher refuge ailleurs, comme l'avaient fait deux d'entre eux peu avant la dernière campagne électorale. Ces transfuges croyaient améliorer leur chance de réélection chez les libéraux, mais ils ont tous deux été battus sans équivoque et sont retournés dans l'ombre.
Du côté du Parti québécois, la chef Pauline Marois a renforcé considérablement son leadership en 2008 et amorcera la prochaine année en zone de confort.
Alors que nombre d'observateurs doutaient de ses qualités de rassembleuse, Mme Marois est parvenue à faire élire 51 députés, avec une proportion des suffrages supérieure à ce qu'avaient obtenu ses prédécesseurs André Boisclair et Bernard Landry.
La leader péquiste aura cependant un défi considérable à relever dans les mois à venir: ranimer la flamme souverainiste sans souffler mot du calendrier référendaire.
Le petit dernier de l'Assemblée nationale, Amir Khadir, de Québec solidaire, retiendra beaucoup l'attention au cours de l'année qui vient. Aussitôt après avoir prêté serment à titre de député, M. Khadir, de la circonscription montréalaise de Mercier, a résumé le credo de sa formation : faire payer les riches - les particuliers et la grande entreprise - pour accroître le niveau de vie des plus pauvres.
Il est hasardeux toutefois de prédire l'impact qu'aura le discours de Québec solidaire dans la société québécoise. Des analystes pensent qu'Amir Khadir, par sa fougue et ses interventions, forcera les autres partis à orienter leurs politiques un peu plus à gauche de l'échiquier. D'autres avancent cependant que l'influence de Québec solidaire fond comme peau de chagrin à mesure que l'on s'éloigne du Plateau Mont-Royal.