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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 11:25
Matthieu Pigasse : "Ce G20 n'est ni un succès, ni un échec"
LEMONDE.FR | 03.04.09 | 11h24  •  Mis à jour le 03.04.09 | 11h52

'intégralité du débat avec Matthieu Pigasse, associé gérant de la banque Lazard et auteur de "Le monde d'après, une crise sans précédent".

Eddie_1: Les ressources supplémentaires allouées au FMI sont-elles suffisantes pour répondre à la crise ?
Matthieu Pigasse :
Ces ressources ne correspondent pas stricto senso à des mesures de relance, telles que mises en œuvre aux Etats-Unis ou en Europe. Elles sont néanmoins très bienvenues dans la mesure où les ressources du FMI étaient très insuffisantes compte tenu des besoins qui apparaissent. Elles doivent servir à assurer la stabilité d'un certain nombre de pays dans des situations très difficiles. A ce stade, ces 1 000 milliards de dollars apparaissent suffisants.

Jibi : Où vont vraiment aller les fonds alloués au FMI ? Aux pays émergents, pauvres, les moins développés ?

Ces ressources vont aller aux pays, émergents ou déjà émergés, qui se trouvent confrontés à des difficultés de financement. Il peut donc s'agir soit de pays pauvres, soit de pays développés et proches de nous, le meilleur exemple étant les pays d'Europe de l'Est.

Alfred_1 : Quel peut être l'impact sur la croissance économique des mesures prises par le G20 ? On parle de plusieurs points de PIB. Qu'en pensez-vous ?
Il est très difficile de mesurer l'impact du G20 sur le PIB. Parce que les mesures annoncées portent d'abord sur la régulation financière. L'un des regrets que l'on peut avoir, c'est précisément l'absence de mesures ou d'annonces touchant à la relance économique, particulièrement en Europe. En tout état de cause, ce G20 permet d'enclencher une dynamique de confiance favorable à la croissance mondiale.

Jibi: L'Europe s'était farouchement opposée à tout nouveau "plan de relance" comme le demandait Obama, alors est-ce un plan de relance ou pas ? Obama fanfaronne alors qu'on a fait le contraire de ce qu'il annonçait ?
Non, ce n'est pas un plan de relance. Et on peut le regretter. Les mesures de régulation annoncées sont évidemment nécessaires. Elles auraient cependant été utilement complétées de mesures à court terme portant à la fois sur la relance et sur la sortie des actifs toxiques des bilans des banques.

Louda: Vous n'avez pas l'impression que le G20 n'a pas été le retour attendu de l'interventionnisme que Keynes prônait, dont on a loué les mérites depuis quelques semaines, mais seulement un pas en avant pour rétablir l'économie ?
Le G20 permet en effet de faire un pas en avant, mais pour avancer, il faut faire plusieurs pas. Il y a un certain nombre d'objectifs qui ont été affichés et qui vont dans le sens d'une plus grande moralisation et réglementation du système financier (hedge funds, paradis fiscaux...). C'est positif, mais ces objectifs doivent encore être traduits en mesures précises appliquées par l'ensemble des pays.

Oups : Les annonces du G20 ont été saluées hier par une hausse spectaculaire des Bourses. Ne s'agit-il pas d'un signe que les dirigeants des grandes puissances ont échoué à "moraliser" le capitalisme comme ils avaient annoncé vouloir le faire ?
Les hausses des Bourses reflètent d'abord et surtout l'espoir que la croissance revienne. Leur enthousiasme pourrait ne pas durer si des mesures d'application rapides ne suivent pas cette réunion du G20.

Misologue_de_Saint-Paul: La véritable révolution ne vient-elle pas de la présence de nouveaux acteurs dans les débats, tels que la Chine ?
Si. Il s'agit d'un changement majeur. L'apparition d'un nouveau directoire mondial. Ce ne sont plus les Etats-Unis qui dominent seuls le monde. Ce ne sont plus les sept ou huit pays les plus riches qui codirigent le monde. C'est désormais un directoire élargi, qui compte douze pays émergents, qui s'impose. Cela traduit un nouvel équilibre mondial dont on ne peut que se réjouir.

Marco59 : A quoi bon publier une liste noire ou grise des paradis fiscaux ? Ces pays sont connus depuis longtemps. Pourquoi ne pas annoncer d'emblée des mesures de rétorsion et un calendrier de mise en application de ces mesures ?

Axelsaury : Que pensez-vous de la liste des paradis fiscaux annoncée ? Serait-elle réellement efficace alors que certains endroits n'y seront pas référencés (Le Delaware, où la plupart des entreprises du top500 sont implantées ? )
Vous êtes là au cœur des interrogations que l'on peut avoir sur cette réunion du G20. La volonté de lutter contre les paradis fiscaux est évidemment une très bonne chose. Ce qui est en cause, c'est d'abord le secret bancaire qui autorise tous les trafics : drogues, armes... Là encore, on ne peut que se féliciter du consensus mondial sur ce sujet. Le diable est néanmoins dans les détails et dans la mise en œuvre de cette volonté. Quels sont les paradis fiscaux à inscrire ou non sur cette liste ? Hongkong, Macao, le Delaware, Andorre en font-ils partie ? Surtout, au-delà de la liste, quelles sanctions et quelles mesures de rétorsion prendre à l'encontre de ces zones de non-droit ? Sur ces sujets, le G20 reste très silencieux.
On voit donc bien qu'il peut y avoir un décalage important entre l'annonce d'un objectif et sa mise en œuvre pratique.

Jeff : Le comité de stabilisation financière aura-t-il vraiment un impact plus important que l'ancien simple forum ?
Le point important, c'est d'abord l'élargissement de ce forum à de nouveaux membres, et surtout la coopération avec le FMI afin de prévenir l'apparition de nouvelles crises. Mais vous avez raison : le point-clé sera, là encore, les missions et les pouvoirs réellement confiés à cette instance.

Placedesfetes : Le G20 n'a-t-il pas abandonné toute volonté de régulation financière ? Il n'y a aucune décision, seulement des intentions sur ce point dans le rapport final.
C'est déjà très bien d'afficher des intentions et des objectifs en matière de régulation financière. C'est une vraie nouveauté que de voir les Anglo-Saxons se rallier à la nécessité de plus et mieux de règles. De ce point de vue, l'encadrement des hedge funds, des agences de notation ou des rémunérations témoigne d'une volonté nouvelle de réguler. Mais il faudra juger aux actes et aux mesures qui seront mises en œuvre. Tout le défi de cette réunion du G20 dans les semaines qui viennent, c'est de passer des intentions aux actes.

Melanie_Monjean : Que penser de l'absence de décision commune quant à l'assainissement des marchés financiers ?
On peut se féliciter du consensus sur le besoin d'une plus grande régulation. Mais on peut en effet regretter l'insuffisance des mesures sur l'assainissement des marchés. Un seul exemple : la sortie des actifs toxiques des bilans des banques. Il est impératif de permettre aux banques de rejouer le rôle qui est le leur, assurer le financement de l'économie. Pour ça, il est impératif de renforcer leur capital. On peut donc légitimement déplorer l'absence d'annonces concrètes sur ce sujet, particulièrement en Europe.

aviolette : Quelle est la contribution de la France à ce plan ? D'où vient cet argent ? N'est-ce pas de la dette supplémentaire ?

Il ne s'agit pas stricto sensu d'un plan de relance, mais de renforcer les moyens financiers du FMI en utilisant notamment les réserves de change d'un certain nombre de pays. Le Japon, la Chine sont par exemple mis à contribution.
Il ne s'agit donc pas de dette supplémentaire, sauf à ce que le FMI s'endette sur les marchés financiers, mais d'une meilleure allocation de la liquidité internationale.

Utilisateur3 : Ne pensez-vous pas qu'injecter de l'argent au FMI ne fera qu'aggraver ce qui se passe dans les pays pauvres ? Je pense au projet structurel que le FMI a mis en place et qui a laissé de grosses séquelles dans leurs économies ?
Il est absolument indispensable de renforcer les moyens financiers du FMI pour éviter la faillite d'Etats, dont les conséquences en chaîne seraient dramatiques. Tout dépend des conditions posées par le FMI à son intervention. Les temps ont changé. Les programmes d'ajustement structurel des années 1980 ou 1990, et qui ont mis par exemple l'Argentine KO en 2001, ne doivent plus avoir cours aujourd'hui. Le G20 a de fait souligné la nécessité d'accompagner la croissance économique par une grande cohésion sociale et de la solidarité.

Houba : Sur les 1 000 milliards de dollars supplémentaires à injecter dans l'économie mondiale annoncés hier, "250 milliards seront financés par de la création monétaire, en clair la planche à billets". Pouvez-vous nous éclairer sur cette méthode, qui paraît finalement si simple...
Ces 1 000 milliards ne seront pas mécaniquement injectés dans l'économie mondiale. Il s'agit de doter le FMI de moyens supplémentaires, qu'il utilisera dans le temps, au cas par cas, selon les besoins. Faire fonctionner la planche à billets, c'est-à-dire créer de la monnaie, peut paraître simple. Mais il faut prendre garde à la conséquence économique associée : l'inflation. C'est parce que l'on a créé trop de monnaie au cours des dix dernières années, que des bulles spéculatives ont pu se former.

Jacklittle : Vous paraissez sceptique sur la relance économique à court terme et sur les actifs toxiques. A votre avis, jusqu'où aurait dû aller le G 20 ?
C'est en effet le sujet sur lequel le G20 m'a déçu. En matière de relance, le FMI recommande un effort supérieur à 2 % du PIB. Les plans européens tournent autour de 1 % du PIB, le plan français étant lui-même inférieur à 1 %. Les pays européens auraient pu profiter de cette réunion du G20 pour coordonner, enfin, un plan de relance plus rapide et plus fort. De la même manière, on peut regretter la timidité du G20 – en l'occurrence la timidité des pays européens – sur les actifs toxiques. Les sortir des bilans bancaires, à l'image de ce que les Etats-Unis ont annoncé, apparaît aujourd'hui comme une nécessité. Là encore, l'Europe aurait pu en profiter pour annoncer un plan coordonné.

Virginie Novaro : Quels sont les éléments qui permettent de dire qu'en 2010, nous commencerons à "sortir" de la crise ? D'après votre livre, la sortie de "cette" crise n'est pas aussi proche... Essaie-t-on de nous rassurer ?
Trois éléments peuvent permettre d'espérer une sortie de crise en 2010 : l'impact mécanique des plans de relance (même si certains demeurent insuffisants...), la baisse du prix des matières premières et notamment du pétrole, la baisse des taux d'intérêt. Ces trois éléments sont autant de facteurs de soutien de la croissance. Il demeure néanmoins un élément d'incertitude : le retour du crédit, c'est-à-dire la capacité des banques à financer à nouveau l'économie. De l'importance de traiter les actifs toxiques...

LaFourmi: L'intervention des Etats pour sauver les entreprises financières (AIG, Dexia...) n'est-elle pas une incitation à une prise de risque maximale pour le management ("Too big to fail")? Ne faudrait-il pas dès maintenant renforcer les ratios (type Bâle II) et limiter l'endettement et l'effet de levier des banques ?

Non et oui. Non, parce qu'il n'y a pas d'alternative au sauvetage des banques. La leçon de la crise de 1929, c'est qu'il ne faut jamais laisser une banque faire faillite. Si une banque chute, c'est l'ensemble du système qui peut s'effondrer. Il était donc indispensable que les Etats interviennent.
Oui, parce que, bien évidemment, il faut empêcher que se reproduise ce qui s'est passé. De ce point de vue, il faut en effet a) revoir les règles comptables et prudentielles applicables aux banques, car trop procycliques ; b) limiter les effets de levier, notamment en encadrant les techniques de titrisation qui sont déresponsabilisantes ; c) pousser les banques à constituer des matelas de sécurité pendant les périodes de croissance pour qu'elles puissent continuer à prêter pendant les périodes de repli.

Jeff : A l'avenir, plutôt que de devoir faire intervenir les contribuables pour recapitaliser les banques ayant pris des risques inconsidérés sur des produits toxiques, pourrait-on imaginer un système assurantiel entre établissements financiers, afin que ceux qui prennent les risques soient aussi ceux qui en supportent les coûts ?

Oui, bien sûr. Mais les Etats, c'est-à-dire les contribuables, demeureront toujours les "sauveurs en dernier ressort", car aucun système assurantiel privé ne permettrait de compenser la faillite d'une très grande banque. C'est la raison pour laquelle il faut mettre en œuvre des règles strictes pour contrôler et maîtriser en amont les risques pris par les établissements financiers.

Muller_F : On est un peu surpris que le spectre de l'inflation ne soit pas davantage anticipé, comme si l'essentiel était la relance et que la forte inflation générée par la création monétaire faciliterait le remboursement des dettes pour les Etats comme pour les particuliers surendettés. Implicitement, l'inflation apparaît ainsi comme la solution pratique mais qu'il ne faut surtout pas évoquer.
L'urgence, c'est de rester vivants. Dit autrement, la priorité absolue, c'est de tout faire pour éviter que la crise s'installe. Il n'y a donc pas d'alternative à la relance. Je préfère le déficit et la dette au chômage. Demain se posera en effet la question de la gestion de cette dette supplémentaire. Pour qu'elle soit soutenable, il faudra probablement plus d'inflation et plus d'impôts. Mais à nouveau, restons vivants.

Melanie_Monjean : Peut-on parler d'un succès de ce G20 qui entrerait dans l'histoire, et pourquoi ?
Ce G20 n'est ni un succès ni un échec. Ce n'est pas un échec de réunir vingt pays, émergents et émergés, qui représentent 90 % de la richesse mondiale, et de les mettre d'accord sur un texte important. Ce n'est pas un échec d'obtenir un consensus mondial sur la nécessité de plus et de mieux réguler les marchés financiers. Cela traduit une évolution politique profonde, la fin du dogme de l'autorégulation des marchés et du credo de la main invisible. Ce ne sera pas un succès tant que les objectifs annoncés n'auront pas été traduits en mesures concrètes. De ce point de vue, espérons qu'il n'y aura pas trop loin de la coupe aux lèvres. Espérons enfin que les Etats européens prendront la pleine mesure de la crise et ne resteront pas les passagers clandestins du monde. Oui, il faut relancer ici et maintenant.

Chat modéré par Claire Ané
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