21 avril 2009
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par Julie Clarini et Brice Couturier du lundi au vendredi de 18h30 à 19h15 | | |
| | | | émission du mardi 14 avril 2009 Les religions monothéistes sont-elles plus violentes que les autres ? | |
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| Freud considérait le monothéisme comme un progrès décisif de la civilisation. Après le passage du totémisme aux « dieux humains », le monothéisme aurait constitué un retour au père primitif – Moïse, en l’occurrence, assassiné par les Hébreux, qui ne voulaient pas s’en souvenir… En outre, comme on sait depuis longtemps, le Dieu unique a une vertu décisive : il veut le salut de tous les hommes et de tous les peuples, même s’il lui arrive parfois d’en élire un pour son service particulier. Il est donc possible de le partager – et aux hommes de devenir frères en lui. Jean Soler, au terme d’une enquête en quatre volumes et plus de 1 500 pages sur les origines de la Bible, aboutit à des conclusions rigoureusement inverses et c’est cela qui est intéressant. A ses yeux, « l’invention du monothéisme constituerait plutôt une régression. C’est « la religion du moindre effort », écrit-il. Elle a la force de persuasion des petites idéologies faciles à comprendre… Prosélytes par nature – si Dieu est unique, il convient d’en imposer la croyance à tous les hommes - les monothéismes sont naturellement portés aux guerres de religion, à la conversion forcée. En outre, là où les religions polythéistes se réjouissent des fruits de ce monde et appellent à en user avec modération, les monothéismes sont tentés par une forme particulière de nihilisme qui consiste à tout miser sur le pari risqué de la survie, dans un au-delà, de ce qu’ils appellent l’âme…. Le monothéisme ayant pris le parti de l’Unique, il est porté à refouler les contraires, là où les sagesses – chinoises et grecques, en particulier – pensent au contraire l’idéal du côté de leur complémentarité : pas de jour sans la nuit, pas de beauté sans courage, les vertus du masculin ne valent rien sans leur contrepoids féminin. Bref, à vous lire, Jean Soler, le monothéisme a tous les torts. Voulez-vous donc nous faire revenir aux petits dieux locaux protecteurs de vos chères cités grecques ? | Jean-Louis Schlegel. Philosophe Editeur, écrivain | | | Abdelwahab Meddeb. Producteur à France Culture de « Cultures d'Islam » Professeur de Littérature Comparée à Paris X | | | Jean Soler au téléphone. Ancien diplomate culturel Historien | | | |
| | les livres | | | | | Jean-Louis Schlegel La Loi de Dieu contre la liberté des hommes. Intégrismes et fondamentalismes Seuil - octobre 2003 | | Comment et pourquoi les grandes traditions religieuses, monothéistes en particulier, voient aujourd'hui une partie de leurs adeptes basculer dans des formes de contestation radicales de la société moderne, dans des formes de croyance archaïques, dans des croisades et des guerres " saintes " ? Ce livre tente de saisir, sous des angles multiples, la logique qui sous-tend les fondamentalismes et les intégrismes, leur " problème " avec la modernité. Et du même coup, comment ils sont eux-mêmes un produit typique de ce qu'ils rejettent. | | | | Jean Soler La violence monothéiste éditions de Fallois - janvier 2009 | | Il y a violence et violence. Jean Soler s'attache à étudier ici la violence qui est pratiquée pour des raisons religieuses. Dans le prolongement de sa trilogie Aux origines du Dieu unique, il soutient que l'extrémisme qui se traduit sous nos yeux par des massacres collectifs n'est pas la dérive accidentelle que peut subir, passagèrement, n'importe quelle religion, c'est une tendance inhérente aux trois religions monothéistes, qui trouve sa source dans l'idéologie biblique. Pour nous en convaincre, l'auteur confronte le monde de la Bible à deux civilisations polythéistes qui se sont formées à la même époque, la civilisation grecque et la civilisation chinoise. Ni l'une ni l'autre n'a justifié l'usage de la violence au nom d'un dieu et elles n'ont pas connu de guerres de religion. Jean Soler s'est attardé sur la civilisation grecque parce que notre propre civilisation est née au confluent de la Grèce et d'Israël. C'est ainsi que ce livre comporte dans sa partie centrale un Parallèle entre Athènes et Jérusalem. L'auteur examine ensuite l'influence qu'a eue le modèle biblique, avec sa propension à l'extrémisme, sur l'Occident devenu chrétien, et sur les terres musulmanes. Il décèle cette influence jusque dans des doctrines qui n'ont rien, en apparence, de religieux, comme le marxisme et l'hitlérisme. Il nous fait faire par ce biais un parcours de la pensée humaine de l'Antiquité à nos jours. | | | | Abdelwahab Meddeb Sortir de la malédiction : l'islam entre civilisation et barbarie Le Seuil. Collection La couleur des idées - 17 janvier 2008 | | «C'est dans la désolation d'Auschwitz que prit pour moi un sens actuel le "pré de malédiction", cette expression d'Empédocle d'Agrigente pour désigner le lieu où agit le démon de la discorde, de la haine, du mal - auxquels s'oppose l'action du dieu mû par l'amour... Ce "pré de malédiction" est toujours là, à disposition pour les candidats qui se proposent de l'occuper. Après les forces du mal européennes, de genèse chrétienne, le voilà investi par celles d'islam. L'horreur se déplace ainsi à travers les croyances, les langues, les nations, les peuples, les cultures... Des communautés croient y gagner leur régénération, mais elles dégénèrent et s'abîment. Pour sortir de ce pré, nous devons le savoir et agir en conséquence, dénoncer l'inacceptable et donc le désigner sans relâche. Notre honneur est d'être l'allié du dieu qui incarne le pôle contraire, celui dont le défi consiste à avaler le démon qui répand le sang sur le pré de malédiction... D'être du côté du juste qui se détache de sa communauté pour conjurer le mal qui la taraude et l'anime contre autrui.» | |
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Culture