© C. Almodovar/Fedephoto
Le "Grenelle des ondes" est entré, le 6 mai 2009, dans le vif du sujet, avec une première réunion de travail sur la question la plus polémique, celle des antennes-relais. Cette réunion - la première d'une série de trois d'ici à la fin mai dans le cadre de la "table ronde radiofréquences, santé et environnement" - est organisée dans "la précipitation et l'improvisation", estiment les associations Agir pour l'environnement et Priartém.
Lancé le 23 avril sous l'égide de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, le processus vise à identifier les mesures à prendre pour répondre aux inquiétudes grandissantes de la population sur l'impact des ondes sur la santé. Le gouvernement souhaiterait clarifier le débat et réduire la confrontation entre opérateurs de téléphonie mobile et écologistes.
Agir pour l'environnement et Priartém déplorent cependant que le collège ONG n'ait pu "faire appel qu'à deux experts en tout et pour tout, réduisant significativement la possibilité d'ouvrir un débat constructif". Ces associations demandent une nouvelle session de dialogue en juin "afin de permettre l'expression de la diversité scientifique sur un sujet particulièrement brûlant".
Association des maires des grandes villes de France (AMGVF)
Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé de l'environnement et du plan climat, a demandé à l'Etat de «prendre ses responsabilités». Il a plaidé pour qu'une réglementation encadre la puissance des antennes de téléphonie mobile, soulignant qu'à Paris «là où la puissance constatée est inférieure à 0,6 V/m, cela n'empêche pas une bonne utilisation de la technologie».
Reportage à Paris, avec Robins des toits
Denis Baupin a évoqué la possibilité de «ne pas confier le choix des sites d'implantation aux seuls opérateurs économiques privés», mais de créer des «plans d'occupation des toits» ou des «plans de déploiement des antennes» municipaux, pour privilégier par exemple des mini-antennes».
Association Robin des Toits
Elle a proposé de tester le seuil d'exposition de 0,6V/m qu'elle préconise dans plusieurs villes pilotes.
Les villes volontaires, situées dans dess zone rurale ou urbaine, sont :
- Courbevoie (Hauts-de-Seine),
- Hérouville-Saint-Clair (Calvados),
- Le Vigan (Gard)
- Niergnies (Nord).
«Ce serait un expérience grandeur nature», a expliqué Etienne Cendrier, porte-parole de l'association. Ce test concernerait le seuil d'exposition aux ondes, qui désigne «la dose que les gens prennent», variable selon la distance et la position des personnes par rapport aux antennes, et non la puissance de ces dernières.
Entretien avec Etienne Cendrier
Association française des opérateurs mobiles (Afom)
Jean-Marie Danjou, délégué général de l'Association française des opérateurs mobiles (Afom), considère «normal de réexaminer régulièrement les seuils dans l'objectif de vérifier leur validité au regard de l'évolution des connaissances scientifiques», mais que « révision ne [signifie] pas diminution».
Affirmant que le «remplacement des seuils OMS par 0,6V/m signifierait la fin des moyens de communication modernes», il a toutefois proposé de «construire un dispositif pérenne de suivi car les actions qui seront décidées auront besoin d'être évaluées et actualisées au regard des nouveaux avis sanitaires», notamment lorsque l'Afsset rendra son avis en automne 2009.
L'Association française des opérateurs mobiles (Afom) estime que l'inquiétude "n'a pas de fondement scientifique". Elle rappelle que l'Etat impose aux opérateurs de téléphonie mobile de couvrir la quasi-totalité du territoire.
"Nous ne pouvons pas être dans l'obligation à la fois d'installer des antennes-relais et de les démonter", souligne Jean-Marie Danjou.
Trois condamnations
La question de l'impact sanitaire des ondes divise les experts et si rien n'est prouvé, les craintes augmentent. Les cas de particuliers se plaignant de maux de tête, de vertiges et de vomissements et accusant l'antenne placée à proximité de leur logement se multiplient. Dans le doute, les riverains sont de plus en plus nombreux à faire bloc contre les antennes.
A trois reprises depuis février, les tribunaux ont obligé Bouygues Télécoms, SFR et Orange à démonter leurs antennes ou à renoncer à leur installation.
L'association santé environnement France (Asef), qui assure représenter plus de 1.000 médecins, insiste sur le fait que certaines personnes peuvent être plus fragiles aux effets des champs électromagnétiques, comme les électrosensibles, les travailleurs exposés à un bain d'ondes permanent, les enfants ou les femmes enceintes...
Le 4 mai, le maire de Château-Thierry (Aisne) a décidé de fermer une école située à proximité d'un pylône édifié par Orange, en exigeant de cet opérateur un site alternatif.
Le 23 avril, lors du lancement de ce Grenelle des ondes, Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, avait évoqué "la possibilité de suspendre l'implantation de nouvelles antennes" en attendant une étude que doit rendre en septembre l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) sur l'impact des antennes et des téléphones portables.