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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 14:25

LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES APPELLENT UNE RÉACTION DE LA GAUCHE

Les élections européennes de juin 2009 se sont conclues de manière relativement prévisibles. Elles nous attristent et nous consternent en tant que socialistes, et notre sursaut doit être à la mesure des quelques 16,66 % qui ont sanctionné notre campagne. Il ne s'agit pas aujourd'hui de tirer des conclusions définitives au regard d'une abstention massive et d'un scrutin qui n'a jusqu'ici jamais été totalement suivi durablement dans les rendez-vous électoraux nationaux ou locaux. Mais le 7 juin 2009 doit nourrir quelques leçons relativement fortes tant au niveau européen, que national et partisan.

Les leçons européennes du scrutin de juin 2009 :

Une logique générale se dégage des élections européennes à l'échelle du continent :

  • les partis conservateurs sortent pour la plupart consolidés des scrutins, le PPE restera très massivement le premier groupe du Parlement européen alors même qu'il devrait être abandonné par les conservateurs britanniques ou tchèques ;

  • les partis sociaux-démocrates - à de très rares exceptions (Suède, Danemark, Grèce, Slovaquie, Malte) - ont perdu les élections, ou se sont même effondrés dans certains cas ;

  • les partis écologistes progressent globalement, même s'ils marquent le pas dans leur fief traditionnel, l'Allemagne ;

  • les partis populistes, anti-sceptiques et parfois xénophobes remportent de véritables succès dans un certains nombres de pays européens comme aux Pays-Bas, en Italie, en Slovaquie, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Hongrie, en Roumanie et en Bulgarie).

 

Partout ou presque l'abstention a progressé, le fossé entre les peuples et la dérive de la construction européenne s'accroît. Elle progresse de 2 points à l'échelle des 27 avec 56 %, et dans les pays les plus récemment membres, elles flirtent avec les 70 % (Pologne, Slovénie, Roumanie) ou même avec les 80 % (Lituanie, Slovaquie, République Tchèque).

Que peut-on retirer de ses résultats brossés à grands traits mais relativement convergents ? La déroute du PSE est totale, loin de l'objectif annoncé de changer la majorité du Parlement européen. Nous payons ici collectivement le prix d'un alignement sur le libéralisme depuis une quinzaine d'année… Les électeurs n'ont pas jugé crédibles le discours des sociaux-démocrates alors même que la crise financière et économique internationale démontrait les ratés du néo-libéralisme ; comment croire en effet des socialistes qui du jour au lendemain retrouveraient leurs valeurs protectrices, redistributrices, régulatrices, progressistes quand depuis des années ils ont accompagné le mouvement de libéralisation et de dérégulation du modèle social et économique européen. Le « on vous l'avait bien que le libéralisme était une erreur » a dans ce contexte sonné creux quand parallèlement les gouvernement conservateurs étaient contraints au pragmatisme enfourchant tout autant le discours de la protection et de la relance a minima. Les Européens ont donc choisi en majorité de maintenir des conservateurs en place car les sociaux-démocrates ne leur apportaient d'alternative affirmée et crédible.

La sanction est particulièrement forte pour les partis sociaux-démocrates au pouvoir qui avaient été les fers de lance de la troisième voie : les travaillistes britanniques (15 %) et nos camarades allemands sont lourdement sanctionnés, même si les affaires purement britanniques peuvent expliquer la déconfiture d'un New Labour à bout de souffle. La caricature la plus forte vient effectivement du SPD qui faisait campagne en dénonçant les requins de la finance et qui participe à un gouvernement dominé par les conservateurs après avoir sous Gerhardt Schröder mené une politique d'inspiration libérale.

La contestation de la domination conservatrice est aujourd'hui portées ailleurs avec un versant négatif et un versant positif :

  • le versant négatif c'est la progression de partis populistes ou xénophobes, qui démontrent comme le craignait certains d'entre nous, que les Européens peuvent être tentés par la solution réactionnaire et le repli nationaliste face à la crise du modèle libéral ;

  • le versant positif c'est la progression des verts européens qui en gagnant une dizaine de sièges démontrent l'importance des préoccupations écologiques des peuples européens, la plupart du temps dans un ancrage à gauche.

 

Le Parti des socialistes européens est donc face à ses responsabilités. Il doit cesser d'être une simple conférence des leaders de partis ou de gouvernement, il doit cesser d'être une auberge espagnole - où son membre slovaque pouvait impunément faire alliance avec l'extrême droite pour former un gouvernement -, il doit cesser d'être un Parti dont le président n'a finalement aucune autorité et dont le peu de décisions collectives peuvent être sapées par les chefs de gouvernement, il doit cesser d'être un parti qui ne s'accorde que sur le minimum parce que les débats politiques n'y ont pas réellement leur place. Nous avions choisi de soutenir avec d'autres partis européens la présidence de Poul Nyrup Rassmussen, ancien syndicaliste et premier ministre danois, d'abord pour réorganiser le PSE et éventuellement pour créer une alternative à Barroso : nous devrons poursuivre dans cette voie, mais surtout l'approfondir car les socialistes français doivent cesser d'avoir peur de leur ombre, ils doivent engager avec les autres partis socialistes d'Europe une véritable réflexion sur l'avenir du continent et pour cela nous ne devons pas hésiter à multiplier les contacts à l'intérieur même de ces partis.

Ne nous le cachons la sociale-démocratie européenne est profondément malade, sa convalescence sera longue.

Les leçons françaises du 7 juin 2009 :

La majorité présidentielle est en tête avec 27,7 %, le Parti socialiste durement frappé avec 16,66 % et talonné par les Verts qui remportent 16 % des suffrages exprimés, un Modém loin de des rêves présidentiels de François Bayrou avec 8,4 %. Le tout sur un fond de 60,3 % d'abstention soit 3 points de plus qu'en 2004.

Le niveau d'abstention doit bien entendu relativiser les significations profondes du scrutin, mais il n'empêche qu'avec des résultats fortement divergents un message politique a été adressé aux deux grands partis traditionnels de gouvernement. Avec plus de 27 % les responsables de la majorité présidentielle rappelleront que pour la première fois depuis 1979 un scrutin intermédiaire voit l'arrivée en tête de la majorité parlementaire, mais ils ont de grandes raisons de s'inquiéter car le score de la majorité présidentielle est inférieur à celui de Nicolas Sarkozy au 1er tour de l'élection présidentielle, et les réserves de voix de la droite sont faibles car elles totalisent 40 à 41% en comptant les souverainistes, les gaullistes et l'extrême droite.

La désapprobation de la politique gouvernementale s'est bel et bien exprimée dans cette élection, 45% des suffrages se portant sur les listes de gauche et 8,4 % sur les listes du Modém. Mais le PS est lourdement frappé comme le reste des partis sociaux-démocrates européens ; on pourra noter un score honorable du Front de Gauche qui rassemblait le PCF, le Parti de gauche et la Gauche unitaire avec 6,3 %, mais la véritable expression de ce scrutin à gauche passe par le remarquable résultat des listes Europe-Écologie qui avec 16 % des voix talonnent nationalement le PS et le dépassent même en Île-de-France et dans la grande région Sud-Est.

Des logiques propres au PS et aux écologistes expliquent que les deux familles se retrouvent aujourd'hui dans un mouchoir de poche :

  • le PS n'a pas su faire passer son message européen, constamment renvoyé par les médias à ses dissensions internes (plus ou moins passées) et assimilé à un seul message de vote sanction. Les propositions réelles faites par le PS français et par le Manifesto n'ont à aucun moment été réellement médiatisées dans la campagne. La prise en compte des aspirations écologiques par les socialistes n'a pas été perçue dans l'électorat ;

  • les listes Europe-Écologie présentaient un programme européen, des têtes d'affiche dynamiques et populaires qui portaient une aspiration au rassemblement (aspiration qui peut également expliquer le score honorable du Front de Gauche par rapport à celui du NPA). Les écologistes ont fait le choix de partir tôt en campagne, de ne parler que d'Europe et ils ont bien entendu rencontrés une aspiration profonde des électeurs pour les enjeux écologiques (opportunément renforcés par la diffusion de Home le vendredi soir, mais on ne dira pas non plus que la campagne se soit jouée ce soir-là).

 

On constatera dans la plupart des territoires un phénomène de vase communiquant entre l'électorat PS de 2004 et l'électorat Europe-Écologie de 2009 ; une bonne partie de nos électeurs ont donc choisi de voter Cohn-Bendit, Eva Joly et José Bové car leur rassemblement semblait plus dynamique et plus en phase avec le sujet que ce que nous avions à leur proposer. Et ne nous y trompons pas, malgré les ambigüités libérales de Cohn-Bendit, les verts sont perçus par l'électorat comme plus à gauche que le PS - impression renforcée par l'alliance avec les amis de José Bové et par le discours juste d'Eva Joly sur les paradis fiscaux en pleine crise financière -, il n'y a donc pas ici d'appel au recentrage du Parti socialiste. On est donc loin des appels de Valls à courir après l'UMP sur l'immigration et la sécurité, ou de Collomb )à transformer le PS en parti centriste.

Le Partis socialiste doit donc plus fortement insister qu'il ne l'a fait jusqu'ici sur les enjeux écologiques et il doit plus fortement travailler sur l'alternative économique et sociale nécessaire. Nous pâtissons du même manque de crédibilité que la sociale-démocratie européenne redécouvrant les vertus de ses valeurs traditionnelles, sans avoir aujourd'hui réfléchi aux solutions adaptées à notre époque.

Enseignement collatéral à la gauche, il semble évident que l'anti-sarkozisme ne permettra pas de remporter la victoire contre le président de la République en 2012 : bâtir une alliance électorale de circonstance sur ses fondements nous mènera à l'échec. Que cela ait été notre volonté ou non, nous avons été essentiellement perçu sur le mode du vote sanction, et nous avons subi la même claque que François Bayrou et son Modém dans cette élection pour ces mêmes raisons. Tout ceci devrait nous conduire à relativiser plus encore ce qui devrait nous rapprocher de lui. Outre l'anti-sarkozisme, nous n'avons rien de commun avec le Modém, et l'anti-sarkozisme, quels que soient les reproches que les Français adressent au président de la République, ne les mobilisent pas et ne constituent pas un projet de société.

Le Parti socialiste doit donc s'adresser d'urgence à ses partenaires de gauche pour que nous trouvions collectivement ensemble les voies d'une alternative, avec l'élaboration d'un programme commun et d'une organisation commune afin de remporter les prochaines élections. Il n'est évidemment pas dit que le chemin sera simple, malgré l'abstention qui peut conduire à relativiser les résultats du 7 juin, le PS sort affaibli du scrutin et nos partenaires seront d'autant plus exigeants.

Des leçons pour le Parti socialiste :

Nous pouvons considérer les résultats du 7 juin comme profondément injuste à notre égard. Malheureusement, ils ne sont pas si surprenants que cela si nous prenons le temps de regarder un peu dans le rétroviseur. Les socialistes français peinent à articuler un projet alternatif alors même que la crise économique et financière invalidait le modèle libéral. Nous-même balbutions nos réflexions sur le « juste échange » quand l'Europe est le seul espace économique passoire dans le monde et que les protections des travailleurs européens sont sans cesse amoindries.

Mais le 7 juin interroge le fonctionnement de notre parti sur le long terme ; nous payons notre atonie politique des 8 dernières années, nous avons cru que les élections de 2004 étaient un rétablissement quand elles n'étaient sans doute que l'expression d'un remord coupable du 21-Avril ; nous payons les nombreuses dissensions de notre partis, qui se sont fortement illustrées depuis 2006, lors de notre dernier congrès, et encore ses dernières semaines durant la campagne électorale. Quand le débat politique de fond est absent d'un parti, il laisse tout l'espace au conflits de personnes.

Beaucoup de nos responsables politiques, de nos élus, ont perdu le sens de l'intérêt du parti, de la gauche - et, in fine, le sens des intérêts supérieurs de nos concitoyens. Comment interpréter autrement le fait qu'il faille prier certains de nos leaders pour faire campagne ? Comment interpréter autrement le fait que dans une campagne que l'on savait difficile les coups parfois les plus durs viennent de nos rangs ?

Oui, sans aucun doute, nous avons collectivement commis des erreurs stratégiques :

  • dans la manière de désigner nos têtes de listes (ou dans la façon de revendiquer une tête de liste pour dire ensuite que l'on arrive à contre-cœur dans une circonscription électorale),

  • de composer celles-ci),

  • de donner l'impression que le vote sanction nous intéresse plus que nos propositions, d'afficher une ambition médiocre à 21 % ce qui n'est évidemment pas mobilisateur pour notre électorat (combien se seront dits le jours du vote ou quelques jours avant « finalement le PS semble assuré au regard de sondages de faire le score qu'il désire, je vais donc pouvoir envoyer un message en m'abstenant ou en votant Cohn-Bendit » ?).

 

Mais plus généralement, le Parti socialiste ne s'est pas réellement mis en mouvement. À bien des égards, beaucoup de nos élus locaux se satisfassent de la « cohabitation territoriale » qui s'est établie en 2004 puis en 2008 (à la droite le national, à la gauche la gestion des collectivités). Si le vrai pouvoir serait - à ce que l'on dit - désormais dans les collectivités pourquoi faire campagne pour les Européennes ? Prenons à garde à ce que ce raisonnement ne finisse par nous toucher pour les prochaines présidentielles ! Le Parti socialiste risque de subir une dérive radical-cassoulet ; n'oublions pas que les radicaux ou les communistes étaient riches de bastions électoraux, mais que cela ne les a pas empêchés de péricliter irrémédiablement. Je dis « beaucoup de nos élus », pas tous, car certains mouillent encore la chemise, mais nous avons tous pu constater ici ou là qu'il était parfois compliqué de mener campagne avec des barons locaux qui se comportaient comme des divas.

Le Parti doit réapprendre à faire campagne. Un collage, une distribution sur un marché ou sur une gare, ça permet de marquer le territoire à peu de frais, mais cela rapporte finalement peu de voix, quand une réunion publique n'en rapporte aucune ; nous devons occuper le terrain, nous rapprocher politiquement des électeurs en reprenant le chemin des portes-à-portes et des réunions d'appartement. Espérons que seul le désintérêt général pour les élections européennes explique cette faible mobilisation ; il ne faudra pas louper la marche pour 2010, 2011 et 2012 ! Et pour les Européennes de 2014, il faut espérer que les tréfonds du parti considéreront que la campagne vaut la peine d'être menée.

Ce type de campagne impose une mobilisation continue et profonde. Cela impose que le Parti cesse de ne parler qu'à lui-même pour parler à nouveau à la société française. Comme d'habitude c'est une électorat qui devrait être prioritaire pour la gauche qui s'est massivement abstenu : la jeunesse et les classes populaires. Pour les mobiliser nous devons à nouveau représenter l'espoir, représenter l'avenir. Il est cruel de constater que la sanction dont nous avons fait l'objet frappera avant tout certains de nos candidats qui constituent sans doute l'avenir du socialisme français. Pour rétablir l'espoir, nous devons accueillir plus franchement de nouveaux adhérents parmi nous - et il ne s'agit pas un coup politique pour une désignation de candidats, mais d'aller chercher des militants durables -, de reprendre un dialogue fécond et réel avec les associations sans la tentation du paternalisme et du clientélisme, de reprendre un travail commun avec les syndicats de salariés et les autres partis de la gauche sans volonté hégémonique. Bref, nous devons nous nourrir de la société, pour l'irriguer en retour et proposer un débouché concret à son désir d'alternative.

Ce travail, nous avons le sentiment qu'il avait commencé autour de Martine Aubry et d'une nouvelle équipe de secrétaires nationaux, dont la volonté d'ouvrir franchement les chantiers ne s'était pas démentie. Mais la machine semble avoir pris trop de temps à se mettre en marche ; les pesanteurs de notre parti nous ont sans doute fait raté l'échéance européenne, mais nous ne pouvons pas nous contenter de l'excuse du diesel qui mettrait trop de temps à chauffer. Il est grand temps de relever les manches, de réellement entrer dans un travail engagé et de mettre de côté les dissensions d'hier que certains ont la tentation de faire renaître.

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