12 juin 2009
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C’est Benoit Hamon qui l’a fait remarquer, mardi devant le conseil national du PS. Les deux formations politiques qui, lors des élections du 7 juin, ont réalisé un score en progression sont celles qui sont « sorties d’elles mêmes ». Les écologistes sont forts parce que Dany a réconcilié les Verts et les environnementalistes. Le PCF sort un peu de son coma grâce à son compagnonnage avec le Parti de gauche. A contrario, le NPA, fermé sur lui-même, n’a pas vraiment réalisé la percée attendue. Sans parler du PS, recroquevillé sur ses bases. L’heure serait donc « au dépassement » du parti socialiste. En additionnant toutes les voix de gauche, on atteint des 39,27%, ce qui n’est pas ridicule surtout lorsque l’on compare ce score à celui du premier tour des présidentielles. D’où l’invitation pressante à créer une « Maison commune de la gauche ». Humour involontaire, Martine Aubry dans son discours devant le conseil national a souligné que le PS lançait cette idée « sans volonté hégémonique ». Avec 16,48% des suffrages exprimés (et 6,4% des inscrits…) pour les socialistes contre 16,28% pour Europe-Ecologie, la précision est superfétatoire…. Cet appel insistant adressé aux partenaires de gauche ressemble moins à un SOS qu’à un accès de claustrophie. Enfermé dans son score catastrophique, le PS suffoque et craint l’asphyxie. Les ex-partenaires de la gauche plurielle viendront-ils à son secours ? Pas sûr car la proximité des régionales va aiguiser les appétits, en particulier des Verts. L’autre solution, pour se donner de l’air, serait d’organiser des primaires ouvertes, de préférence avec l’ensemble de la gauche, pour désigner un candidat unique. Cela permettrait d’ouvrir les portes et les fenêtres pour prendre un grand bol d’air démocratique. Mais ce ne sera pas plus aisé face à des partenaires auxquels il faudra promettre un joli lot de circonscriptions pour qu’ils acceptent de participer à une telle opération. Au moins, le coup de Trafalgar du 7 juin aura-t-il fait comprendre aux socialistes qu’ils ne pourront pas se régénérer par leurs propres moyens.
Mais sont-ils vraiment convaincus de la gravité de la situation et de la nécessité de donner un coup de talon pour remonter à la surface ? « J’aurais préféré que la patronne nous promettre du sang et des larmes. Au lieu de çà, elle nous gratifie d’un discours convenu alors que le moment devait être solennel » regrette un député strauss-kahnien qui lui est pourtant très favorable. Fait révélateur ; dans son discours, Martine Aubry n’a à aucun moment cité le score de son parti. Pudeur ou déni ? Le reste de son intervention, inciterait presque à opter pour la deuxième hypothèse tant son discours se sera inscrit en décalage par rapport à la situation créée par les résultats du 7 juin. En se donnant six mois pour refonder – il n’est plus question de rénover – le PS, la première secrétaire cherche à donner « du temps au temps », selon la formule mitterrandienne. Comme si les socialistes n’en avaient pas assez perdu, du temps, depuis le 21 avril 2002. Les ethnologues noteront le réflexe patrimonial de la tribu des dirigeants du PS qui, après avoir pris une gifle monumentale, proposent d’incarner la refondation à travers le culte des Anciens (on a pas dit : des Ancêtres) en mettant sur pied une espèce de conseil des Sages comprenant Ségolène Royal (qui a déjà prévenu que ce serait sans elle), François Hollande, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë. Ce qui, au passage, est un peu redondant ; ces stars des années 80 et 90 étaient déjà sur le devant de la scène lors des meetings socialistes de la campagne européenne. Quant à la constitution d’un « groupe de 15 », direction resserrée agissant parallèlement au secrétariat national (déjà fort de 64 membres), elle rappelle le mode de « gouvernance » de François Hollande tant décrié par ses successeurs. Jean-Michel Normand
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Parti Socialiste