26 juin 2009
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CHANGER OU MOURIR : Quel avenir pour la social-démocratie ?
Les citoyens européens ont fait leur choix. Le Parlement européen et la Commission européenne seront dirigés par une coalition de droite. La complexité du processus de décision communautaire ainsi les traditionnels arrangements créeront sans doute la confusion auprès des citoyens sur qui sera responsable de l’orientation de l’Europe pour les cinq années à venir.
Mais les gouvernements et les partis de la droite européenne, ainsi que leurs députés au Parlement européen, doivent maintenant assumer pleinement les conséquences de leur victoire à la Pyrrhus, basée sur des taux d’abstention record. Je crois qu'ils vont décevoir beaucoup de ceux qui leur ont fait confiance le 7 juin. Les dirigeants de la droite européenne, et en particulier du PPE, utilisent aujourd'hui une rhétorique sociale-démocrate pour tromper leurs électeurs. Des engagements ont été pris sur la politique sociale, sur la lutte contre le changement climatique, sur la régulation des marchés financier et sur bien d'autres sujets encore ; ils ne seront pas tenus.
La tradition de légiférer par consensus va sans doute perdurer à Bruxelles et à Strasbourg. Mais j’ai la conviction que l’heure est venue de mettre davantage en évidence les différences politiques entre la gauche et la droite. Après cette défaite aux élections européennes, la socialdémocratie doit-elle faire comme si de rien n'était, et ainsi prendre le risque d'aider la droite à brouiller un peu plus les clivages politiques dans les années à venir ? Je ne crois pas que ce soit la voie à suivre. Pour commencer, nous devons nous battre pour nos engagements de campagne : un nouveau plan de relance européen et une réforme en profondeur du système européen de régulation financière. Mais, dès à présent, nous devons aller beaucoup plus loin.
La social-démocratie doit se renouveler. Les valeurs sur lesquelles nous avons fondé nos combats et nos succès politiques depuis plus d'un siècle doivent rester notre inspiration. Mais nous devons repenser notre projet dans le monde d’aujourd’hui, en perpétuelle mutation.
Nous devons être audacieux, fiers de ce que nous représentons et plus efficaces dans la manière d'exprimer nos idées et nos projets. Nous devons apprendre à être au plus plus proche des gens, de ceux qui se sentent exclus de la société et ne croient plus à la politique, en répondant à leurs peurs et à leurs rêves. Nous, partis socialistes et sociaux-démocrates européens, devons plus que jamais travailler ensemble. Nous devons aussi être ouverts auxpersonnes et aux idées progressistes au-delà de nos propres partis.
Mais nous devons aller encore plus loin. Notre impératif, aujourd’hui, est d’intégrer à notre pensée politique les dynamiques d’un monde en pleine évolution.
Prenons l’environnement. Nous nous sommes battus pour la protection des ressources naturelles, de la biodiversité, de la qualité de l'air et de l'eau. Mais comment lier cela à nos combats naturels pour la justice sociale et l’égalité ? Nous avons été incapables de développer une vision cohérente à long terme pour le développement écologique de nos économies et de nos sociétés. Si nous n'arrivons pas à trouver une manière de combiner notre combat de toujours contre les inégalités avec l’environnement, nous serons contraints de faire des compromis impossibles. Nous devons parvenir à plus de clarté et de crédibilité politique sur cette question essentielle qu’est le développement durable.
Prenons l’économie mondiale. Nous devons trouver de meilleures réponses aux aspects les plus néfastes de la mondialisation. Nous avons oeuvré pour un système économique global plus durable et plus juste. Mais les inégalités demeurent scandaleuses. Et la création de nouvelles richesses écologiquement durables, qui doivent être plus équitablement réparties, ne répond pas aux besoins des milliards de personnes qui vivent aujourd'hui dans la pauvreté. Nous devons trouver de nouvelles réponses à ce défi mondial, et nous devons les trouver rapidement.
Sinon comment peut-on prétendre continuer d'incarner le principal mouvement politique internationaliste?
Prenons l’Europe. Nous avons peur de défendre une Europe politique plus forte. Nos discours sont hésitants, et parfois même contradictoires. Une fois encore, si nous n'arrivons pas à élaborer un projet clair et ambitieux pour l'avenir politique de l'Europe, nous ne pourrons pas convaincre les citoyens de nous soutenir pour construire une Europe capable de les protéger dans la mondialisation.
Nous avons perdu une élection, mais pas la guerre des idées politiques. Nous n’en sommes qu’au début. Pour les cinq années à venir, les institutions européennes seront dominées par la droite. Nous devons utiliser cette période pour engager un changement audacieux. Si nous y parvenons, les citoyens retrouveront confiance en nous, peut-être pour longtemps. Si nous échouons, et surtout si nous refusons de changer en continuant comme avant, nous mourrons.
Poul Nyrup Rasmussen, Président du Parti Socialiste Européen Mais les gouvernements et les partis de la droite européenne, ainsi que leurs députés au Parlement européen, doivent maintenant assumer pleinement les conséquences de leur victoire à la Pyrrhus, basée sur des taux d’abstention record. Je crois qu'ils vont décevoir beaucoup de ceux qui leur ont fait confiance le 7 juin. Les dirigeants de la droite européenne, et en particulier du PPE, utilisent aujourd'hui une rhétorique sociale-démocrate pour tromper leurs électeurs. Des engagements ont été pris sur la politique sociale, sur la lutte contre le changement climatique, sur la régulation des marchés financier et sur bien d'autres sujets encore ; ils ne seront pas tenus.
La tradition de légiférer par consensus va sans doute perdurer à Bruxelles et à Strasbourg. Mais j’ai la conviction que l’heure est venue de mettre davantage en évidence les différences politiques entre la gauche et la droite. Après cette défaite aux élections européennes, la socialdémocratie doit-elle faire comme si de rien n'était, et ainsi prendre le risque d'aider la droite à brouiller un peu plus les clivages politiques dans les années à venir ? Je ne crois pas que ce soit la voie à suivre. Pour commencer, nous devons nous battre pour nos engagements de campagne : un nouveau plan de relance européen et une réforme en profondeur du système européen de régulation financière. Mais, dès à présent, nous devons aller beaucoup plus loin.
La social-démocratie doit se renouveler. Les valeurs sur lesquelles nous avons fondé nos combats et nos succès politiques depuis plus d'un siècle doivent rester notre inspiration. Mais nous devons repenser notre projet dans le monde d’aujourd’hui, en perpétuelle mutation.
Nous devons être audacieux, fiers de ce que nous représentons et plus efficaces dans la manière d'exprimer nos idées et nos projets. Nous devons apprendre à être au plus plus proche des gens, de ceux qui se sentent exclus de la société et ne croient plus à la politique, en répondant à leurs peurs et à leurs rêves. Nous, partis socialistes et sociaux-démocrates européens, devons plus que jamais travailler ensemble. Nous devons aussi être ouverts auxpersonnes et aux idées progressistes au-delà de nos propres partis.
Mais nous devons aller encore plus loin. Notre impératif, aujourd’hui, est d’intégrer à notre pensée politique les dynamiques d’un monde en pleine évolution.
Prenons l’environnement. Nous nous sommes battus pour la protection des ressources naturelles, de la biodiversité, de la qualité de l'air et de l'eau. Mais comment lier cela à nos combats naturels pour la justice sociale et l’égalité ? Nous avons été incapables de développer une vision cohérente à long terme pour le développement écologique de nos économies et de nos sociétés. Si nous n'arrivons pas à trouver une manière de combiner notre combat de toujours contre les inégalités avec l’environnement, nous serons contraints de faire des compromis impossibles. Nous devons parvenir à plus de clarté et de crédibilité politique sur cette question essentielle qu’est le développement durable.
Prenons l’économie mondiale. Nous devons trouver de meilleures réponses aux aspects les plus néfastes de la mondialisation. Nous avons oeuvré pour un système économique global plus durable et plus juste. Mais les inégalités demeurent scandaleuses. Et la création de nouvelles richesses écologiquement durables, qui doivent être plus équitablement réparties, ne répond pas aux besoins des milliards de personnes qui vivent aujourd'hui dans la pauvreté. Nous devons trouver de nouvelles réponses à ce défi mondial, et nous devons les trouver rapidement.
Sinon comment peut-on prétendre continuer d'incarner le principal mouvement politique internationaliste?
Prenons l’Europe. Nous avons peur de défendre une Europe politique plus forte. Nos discours sont hésitants, et parfois même contradictoires. Une fois encore, si nous n'arrivons pas à élaborer un projet clair et ambitieux pour l'avenir politique de l'Europe, nous ne pourrons pas convaincre les citoyens de nous soutenir pour construire une Europe capable de les protéger dans la mondialisation.
Nous avons perdu une élection, mais pas la guerre des idées politiques. Nous n’en sommes qu’au début. Pour les cinq années à venir, les institutions européennes seront dominées par la droite. Nous devons utiliser cette période pour engager un changement audacieux. Si nous y parvenons, les citoyens retrouveront confiance en nous, peut-être pour longtemps. Si nous échouons, et surtout si nous refusons de changer en continuant comme avant, nous mourrons.