Voici le texte que Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann ont adressé à la direction du PS.
Après l’université d’été de La Rochelle, il nous paraît urgent de clarifier le sens et la conception que le Parti Socialiste va retenir de la méthode annoncée
pour désigner le futur candidat à l’élection présidentielle.
Pour notre part, nous y travaillons depuis février 2009. Notre initiative
« Gauche 2012 » réunit à ce jour près d’un millier de signatures de militants et de responsables issus de toutes les sensibilités de gauche.
Son cap est celui de l’unité de la gauche, d’un combat pour une candidature unique, désignée par des primaires, aboutissement d’une démarche de rassemblement, qui tracerait les grandes orientations programmatiques et le cadre
d’un accord législatif et de gouvernement.
Cette stratégie nous paraît la seule capable d’assurer la victoire de la gauche en 2012.
C’est pourquoi, nous demandons des clarifications. Tel est l’objet du texte qui suit, que nous faisons parvenir à la direction du Parti Socialiste. Il fixe des conditions politiques majeures pour la réussite de cette démarche, au service du PS
mais aussi de toute la gauche.
Primaires : 5 questions, 5 réponses
La première secrétaire du PS a annoncé qu’elle allait proposer, lors du Conseil National du 12 Octobre, de soumettre au vote des militants des propositions de rénovation du PS, comprenant notamment le principe d’organisation de « primaires ouvertes » pour la désignation du (ou de la) candidat(e) à l’élection présidentielle.
Après l’université de la Rochelle, il nous parait que subsistent bien des ambigüités, qu’il est essentiel de lever rapidement. En particulier, de nombreux Français qui se reconnaissent dans la gauche sont perturbés par le fait qu’une partie des défenseurs acharnés des primaires ont signé des appels ou organisé des rencontres pour promouvoir une telle démarche avec des responsables du Modem, tentant de lier les primaires avec des alliances au centre. Si la première secrétaire a écarté cette stratégie et rappelé son attachement au rassemblement de la gauche dans « une maison commune », il demeure de nombreuses incertitudes sur la démarche réelle dans laquelle se situe la perspective de primaires.
Nous considérons que 5 questions principales se posent. Nous leur apportons pour notre part 5 réponses, qui nous paraissent autant de conditions essentielles pour assurer la victoire de la gauche en 2012.
1- L’objectif est-il de désigner un candidat du PS, en élargissant le corps électoral bien au-delà des adhérents, pour créer un mouvement de mobilisation autour du candidat désigné, dépassant le cadre du PS ?
- Pour nous, les primaires n’ont de sens que si elles ont vocation à désigner un candidat unique de la gauche et des écologistes. Elles doivent être préparées dans un cadre unitaire, à l’issue d’une démarche globale, permettant de jeter les bases, en commun, d’un accord de gouvernement et des grandes lignes d’un programme (ou, au moins, d’objectifs de transformation sociale concrets et actuels), fondés sur des valeurs communes.
2- Les candidatures sont-elles limitées aux seuls membres du Parti Socialiste ?
- Pour nous, les candidatures doivent être ouvertes aux personnalités des différentes formations de gauche, engagées dans la démarche unitaire et soutenant l’accord de gouvernement et le principe du candidat unique.
3- Qui seront les votants? S’agira-t-il de toute personne qui vient s’inscrire et qui paye un ou deux euros ?
- Pour nous, les votants doivent être les adhérents des différentes organisations -pas seulement les partis, mais aussi les clubs, mouvements, associations, voire syndicats- qui se sont rassemblées sur un accord de gouvernement et les grandes lignes du programme (ou, au moins, d’objectifs de transformation sociale concrets et actuels), fondés sur des valeurs communes. Comme la plupart des citoyens de gauche, nous ne concevons pas la politique comme un « zapping électoral ». On ne saurait accepter une dissociation entre ceux qui participent aux choix des orientations et ceux qui choisissent les candidats.
4- Quelles seront les phases préalables à ce vote ? Le calendrier des primaires est-il fixé indépendamment du travail de rassemblement (« la maison commune ») ?
- Pour nous, les primaires viennent en aboutissement de la démarche de rassemblement qui doit commencer très vite. Nous avons proposé un calendrier, dans le cadre de l’initiative « Gauche 2012 », engagée depuis 6 mois et soutenue par près de 1000 signataires issus de tous les horizons de la gauche et de l’écologie:
- 1ère phase (dernier trimestre 2009). Mise en place en place d’un Comité de préparation des « Etats Généraux de la gauche » ; fixation des objectifs, du mode de débat, de la date et du fonctionnement des Etats généraux ; rédaction de textes introductifs et choix des enjeux prioritaires à débattre.
- 2ème phase (décembre 2009 - janvier 2010). Préparation des Etats généraux nationaux par des rencontres décentralisées.
- 3ème phase (juin 2010, après les élections régionales). Etats Généraux : vote du projet en vue de la préparation d’un accord de gouvernement.
- 4ème phase (2ème semestre 2010). Mise en place d’un comité unitaire de préparation des primaires et arrêtant les grandes lignes d’un programme ; établissement de la liste des votants ; Campagne des candidats se présentant aux primaires.
- 5ème phase (début 2011). Primaires.
5-Qui organise l'ensemble des opérations?
- Pour nous, ce ne peut être qu’un « Comité National de préparation des primaires », qui aura aussi la charge d’acter l’accord politique de gouvernement et en vue de la candidature unique. Il rassemblera toutes les organisations signataires de l’accord. Il sera installé mi 2010. Il devra établir de la liste des votants, les conditions de campagne des candidats se présentant aux primaires, les modalités de vote.
Jamais la gauche n’a pu gagner sans être unie et rassemblée. La situation actuelle, d’une droite unie et d’une gauche divisée, au sein de laquelle le rapport de force est instable et où les différences idéologiques, historiques, culturelles demeurent, exige une stratégie originale pour une unité nouvelle (ni parti unifié, ni simple accord de second tour). Si le PS avance l’organisation de primaires sans les inclure dans un cadre associant nos partenaires et les forces vives de la gauche et de l’écologie, il prendra le risque de porter la lourde responsabilité de la défaite.
Les 5 propositions que nous faisons ici nous paraissent essentielles pour contribuer à la victoire de la gauche. C’est pourquoi, elles sont autant de conditions que nous mettons à l’acceptation des primaires. Nous proposerons aux militants de les ratifier.