4 octobre 2006
3
04
/10
/octobre
/2006
10:46
"Fabius et DSK comptent sur les débats télévisés"
par Robert Schneider, conseiller auprès de la direction de la rédaction du Nouvel Observateur
Quels sont les points forts et les faiblesses des 3 candidats à l'investiture PS ? Que sait-on de leur programme ?
- Comme le prouvent les sondages, Ségolène Royal est extrêmement populaire et dégage une sorte d'aura mythique. Elle incarne le renouveau, dans sa manière de parler des problèmes concrets. En même temps, elle revendique des racines de gauche, en tant que conseillère de François Mitterrand et membre du Parti socialiste depuis plus de 20 ans. Elle est en outre soutenue par beaucoup de "barons locaux" à la tête des grandes fédérations du PS qui comptent, notamment celles des Bouches-du-Rhône, du Nord, de l'Aude, de l'Hérault� Enfin, la majorité des nouveaux adhérents du PS sont venus pour elle. Quant aux anciens, ils s'alignent en général sur les positions de leurs dirigeants locaux. Mais malgré ses atouts, beaucoup doutent encore de sa stature présidentielle. Elle soulève de vrais problèmes mais tend à les traiter un par un. Ses propositions manquent de cohérence.
Laurent Fabius est son exact opposé: il a la stature d'un homme d'Etat, l'expérience des plus hautes fonctions - Premier ministre, président de l'Assemblée nationale, chef du PS, ministre à maintes reprises�-, et après le départ de Lionel Jospin, beaucoup pensaient que "c'était son tour", en tant que "fils spirituel" de Mitterrand. Mais il est très impopulaire, dans l'opinion et au sein même du parti. Du fait de son ancienneté, il a été mêlé à toutes les bagarres internes et apparaît comme un "éléphant" du PS. Enfin, il a perdu des fidèles avec son "non" à la Constitution européenne. Lui pensait que cette prise de position allait être un atout pour rassembler la gauche. Mais finalement, pour la gauche de la gauche, il reste le social-démocrate qu'il était à Bercy.
Dominique Strauss-Kahn, qui a été lui aussi ministre de l'Economie, partage avec Fabius cette image. Il est toutefois le seul à avoir réussi à élaborer un discours social-démocrate qui tienne compte des évolutions modernes. A ce titre, il est bien vu dans le milieu d'affaires. Il y possède l'image d'un "gestionnaire raisonnable", même si ses prises de position récentes "plus à gauche" ont un peu déçu. Mais il reste très clair dans ses discours, très pédagogue. Il est en outre soutenu par les anciens rocardiens et une partie des jospinistes. Toutefois, son image de social-libéral - il voulait être le "Blair français"- reste un lourd handicap. Et puis, il donne davantage l'impression de postuler pour Matignon que pour l'Elysée, sans doute à cause d'un certain manque de charisme.
En ce qui concerne leur programme, tous les trois assurent qu'ils respecteront le projet socialiste, en l'adaptant sur certains points. Ce qui revient finalement à des propositions assez proches. Quelques différences cependant: Fabius s'est présenté comme le candidat des petites gens, DSK veut incarner la social-démocratie rénovée et Ségolène Royal veut répondre aux préoccupations quotidiennes des citoyens. Il est vrai que sur les grandes questions (économie, international�), la favorite des sondages ne s'est pas encore prononcée, d'où les critiques à son encontre. Mais dans les faits, c'est elle qui a lancé le débat politique ces derniers mois au PS en parlant d'éducation, de famille�
Face à l'écrasante domination de Ségolène Royal dans les sondages, Fabius et Strauss-Kahn ont-ils une chance de l'emporter ?
- Il est quasiment certain que les sondages influencent les militants qui votent. Mathématiquement, le retrait de Jospin et Lang donne encore plus de chances à Ségolène de passer dès le premier tour lors des primaires. Mais la campagne qui débute ce mardi va durer six semaines. Chez certains militants, une petite peur est toujours présente: Ségolène fait-elle le poids? Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn comptent sur les débats internes, dont certains seront télévisés, pour faire la différence. Ils soutiennent qu'ils sont plus complets, plus expérimentés qu'elle et qu'ils ont la stature de la fonction qui fait défaut à leur rivale. Les deux anciens ministres espèrent que cette différence se verra au moment des confrontations. C'est aussi ce qu'espéraient Jospin et Lang. Pour l'heure, Ségolène est toujours largement en tête.
Laurent Fabius a remis en cause l'impartialité du premier secrétaire, François Hollande, par rapport à sa compagne, Ségolène Royal. Pensez-vous que le scrutin puisse être faussé par cette situation inédite ?
- Si la direction donne des moyens matériels supplémentaires à l'un des candidats, en l'occurrence Ségolène Royal, pour mener sa campagne, oui. Mais ceci n'est pas prouvé. En revanche, il est logique que les dirigeants socialistes, y compris le premier secrétaire, se prononcent pour l'un des trois candidats d'ici au vote. Il est vrai que François Hollande se trouve dans une situation particulière, puisqu'il est le compagnon d'une candidate à l'investiture. Il affirme, dans une interview au Monde qui paraît ce mardi après-midi, qu'il ne fera pas connaître son choix "durant la période où les militants doivent faire le leur". A quoi bon puisque tout le monde le connaît... N'a-t-il pas déclaré très récemment qu'on connaissait son choix de coeur!
Quels sont les points forts et les faiblesses des 3 candidats à l'investiture PS ? Que sait-on de leur programme ?
- Comme le prouvent les sondages, Ségolène Royal est extrêmement populaire et dégage une sorte d'aura mythique. Elle incarne le renouveau, dans sa manière de parler des problèmes concrets. En même temps, elle revendique des racines de gauche, en tant que conseillère de François Mitterrand et membre du Parti socialiste depuis plus de 20 ans. Elle est en outre soutenue par beaucoup de "barons locaux" à la tête des grandes fédérations du PS qui comptent, notamment celles des Bouches-du-Rhône, du Nord, de l'Aude, de l'Hérault� Enfin, la majorité des nouveaux adhérents du PS sont venus pour elle. Quant aux anciens, ils s'alignent en général sur les positions de leurs dirigeants locaux. Mais malgré ses atouts, beaucoup doutent encore de sa stature présidentielle. Elle soulève de vrais problèmes mais tend à les traiter un par un. Ses propositions manquent de cohérence.
Laurent Fabius est son exact opposé: il a la stature d'un homme d'Etat, l'expérience des plus hautes fonctions - Premier ministre, président de l'Assemblée nationale, chef du PS, ministre à maintes reprises�-, et après le départ de Lionel Jospin, beaucoup pensaient que "c'était son tour", en tant que "fils spirituel" de Mitterrand. Mais il est très impopulaire, dans l'opinion et au sein même du parti. Du fait de son ancienneté, il a été mêlé à toutes les bagarres internes et apparaît comme un "éléphant" du PS. Enfin, il a perdu des fidèles avec son "non" à la Constitution européenne. Lui pensait que cette prise de position allait être un atout pour rassembler la gauche. Mais finalement, pour la gauche de la gauche, il reste le social-démocrate qu'il était à Bercy.
Dominique Strauss-Kahn, qui a été lui aussi ministre de l'Economie, partage avec Fabius cette image. Il est toutefois le seul à avoir réussi à élaborer un discours social-démocrate qui tienne compte des évolutions modernes. A ce titre, il est bien vu dans le milieu d'affaires. Il y possède l'image d'un "gestionnaire raisonnable", même si ses prises de position récentes "plus à gauche" ont un peu déçu. Mais il reste très clair dans ses discours, très pédagogue. Il est en outre soutenu par les anciens rocardiens et une partie des jospinistes. Toutefois, son image de social-libéral - il voulait être le "Blair français"- reste un lourd handicap. Et puis, il donne davantage l'impression de postuler pour Matignon que pour l'Elysée, sans doute à cause d'un certain manque de charisme.
En ce qui concerne leur programme, tous les trois assurent qu'ils respecteront le projet socialiste, en l'adaptant sur certains points. Ce qui revient finalement à des propositions assez proches. Quelques différences cependant: Fabius s'est présenté comme le candidat des petites gens, DSK veut incarner la social-démocratie rénovée et Ségolène Royal veut répondre aux préoccupations quotidiennes des citoyens. Il est vrai que sur les grandes questions (économie, international�), la favorite des sondages ne s'est pas encore prononcée, d'où les critiques à son encontre. Mais dans les faits, c'est elle qui a lancé le débat politique ces derniers mois au PS en parlant d'éducation, de famille�
Face à l'écrasante domination de Ségolène Royal dans les sondages, Fabius et Strauss-Kahn ont-ils une chance de l'emporter ?
- Il est quasiment certain que les sondages influencent les militants qui votent. Mathématiquement, le retrait de Jospin et Lang donne encore plus de chances à Ségolène de passer dès le premier tour lors des primaires. Mais la campagne qui débute ce mardi va durer six semaines. Chez certains militants, une petite peur est toujours présente: Ségolène fait-elle le poids? Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn comptent sur les débats internes, dont certains seront télévisés, pour faire la différence. Ils soutiennent qu'ils sont plus complets, plus expérimentés qu'elle et qu'ils ont la stature de la fonction qui fait défaut à leur rivale. Les deux anciens ministres espèrent que cette différence se verra au moment des confrontations. C'est aussi ce qu'espéraient Jospin et Lang. Pour l'heure, Ségolène est toujours largement en tête.
Laurent Fabius a remis en cause l'impartialité du premier secrétaire, François Hollande, par rapport à sa compagne, Ségolène Royal. Pensez-vous que le scrutin puisse être faussé par cette situation inédite ?
- Si la direction donne des moyens matériels supplémentaires à l'un des candidats, en l'occurrence Ségolène Royal, pour mener sa campagne, oui. Mais ceci n'est pas prouvé. En revanche, il est logique que les dirigeants socialistes, y compris le premier secrétaire, se prononcent pour l'un des trois candidats d'ici au vote. Il est vrai que François Hollande se trouve dans une situation particulière, puisqu'il est le compagnon d'une candidate à l'investiture. Il affirme, dans une interview au Monde qui paraît ce mardi après-midi, qu'il ne fera pas connaître son choix "durant la période où les militants doivent faire le leur". A quoi bon puisque tout le monde le connaît... N'a-t-il pas déclaré très récemment qu'on connaissait son choix de coeur!