Ségolène Royal minimise la confrontation interne au PS
Au risque de paraître vouloir fuir la confrontation avec Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, - critique qu'elle avait déjà essuyée fin août lors de l'université d'été du PS à La Rochelle -, Mme Royal laisse volontairement planer le doute sur sa participation aux débats du PS. "S'ils sont détournés de leur vraie destination, je me réserve le droit de ne pas m'y assujettir", répète-t-elle. Mais pourquoi le seraient-ils alors que l'appareil du parti et les principaux animateurs de l'organisation des débats et du vote se sont rangés derrière elle ?
Provoque-t-elle délibérément ses rivaux ?
La présidente de Poitou-Charentes cherche en tous cas à les pousser à la faute, les attaques des socialistes opposés à sa candidature lui ayant toujours été jusqu'ici bénéfiques. "On a tout à gagner à ce que le candidat envoyé en finale soit passé par les demi-finales", a réagi vendredi M. Strauss-Kahn, pointant ainsi de manière prudente l'attitude de déni de sa concurrente sur l'enjeu de la confrontation entre socialistes.
Pour la candidate, passent encore les 3 débats à la télévision mais pas les 3 autres programmés en région, à Clermont-Ferrand le 19 octobre, à Paris le 26 puis à Toulouse le 9 novembre. Mme Royal supporte mal les contraintes imposées par le parti comme en témoigne sa prestation tendue devant le conseil national du PS, du 7 octobre. Surtout, elle redoute le chahut de militants hostiles qui ternirait son image et la fragiliserait. Or, Clermont-Ferrand, située dans le Puy-de-Dôme fait partie des fédérations les plus fermées à la vague royaliste.
"L'idée de débats ne la gêne absolument pas, proteste l'un des porte-parole de Mme Royal, Gaëtan Gorce, député de la Nièvre, conscient que la stratégie d'évitement de cette dernière pourrait à la longue être mal comprise. Elle a simplement voulu indiquer qu'elle ne s'en laisserait pas conter".
"EFFRAYER LES CAPITALISTES"
"Sa vie, ajoute-t-il, ne s'arrête pas le 16 novembre (date du vote des militants)". Arnaud Montebourg, autre porte-parole de la candidate, complète, un rien cabotin : "Le débat a lieu tous les jours avec, ou sans elle. Faut-il en rajouter ? "
Mme Royal prépare la suite. Dans un entretien au quotidien britannique The Times, vendredi, elle donne des gages à gauche en appelant à "effrayer les capitalistes" par le biais de taxes pour les entreprises qui délocalisent. Le même jour, à La Réunion, elle a vivement critiqué le gouvernement sur la gestion du Chikungunya. Invitée par une fédération socialiste qui lui promet "90%" de ses voix et lui a organisé un beau meeting avec 2 000 personnes à Saint-Joseph, elle a prôné la priorité d'embauche aux Réunionnais, en se prononçant en faveur d'un "recrutement local des enseignants".