Dans son discours de remerciement aux électeurs prononcé depuis un hôtel de Sao Paulo, Lula a indiqué qu'il continuerait de"gouverner pour tous mais que les pauvres auront la préférence". "Le Brésil connaît un moment magique de consolidation de la démocratie brésilienne", a dit Lula, qui a souligné que sa victoire était "celle de la sagesse du peuple brésilien, qui a senti que sa vie s'était améliorée". "Et contre cela, il n'y a pas de rival", a-t-il expliqué. Vêtu d'un tee-shirt où l'on pouvait lire "La victoire est celle du Brésil", Lula a aussi indiqué qu'il mènerait une "politique budgétaire dure". Selon lui, la solution des problèmes du Brésil "réside dans la croissance de l'économie et de la distribution des revenus".
Son adversaire, Geraldo Alckmin, lui a téléphoné moins d'une heure et demie après la fermeture du scrutin pour reconnaître sa défaite.
Dès l'annonce des résultats, plusieurs milliers de partisans de Lula ont commencé à faire la fête sur l'avenue Paulista, principale artère de Sao Paulo. Au son des percussions, les refrains de la campagne électorale – "Olé, Olé, Olé, Ola, Lula, Lula !" et "Lula de nouveau avec la force du peuple !" – résonnaient au milieu d'un concert de klaxons.
Lula obtient un score proche de celui qu'il avait obtenu en 2002 lors de sa première élection à la présidence : 61,2%, contre un autre membre du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), José Serra, gouverneur élu de l'Etat de Sao Paulo.
Le 1er octobre, l'ancien ouvrier métallurgiste et dirigeant syndical devenu président en 2002 avait manqué de justesse la réélection au premier tour. Il avait obtenu 48,6% des voix contre 41,6% à M. Alckmin. Ce ballottage surprise avait été provoqué par le scandale de l'achat d'un dossier anti-opposition par son Parti des travailleurs (PT), intervenu en pleine campagne électorale, à 15 jours seulement du scrutin. Mais Lula n'a cessé de progresser dans les sondages pendant la campagne du second tour et au fil des quatre face-à-face télévisés qui ont opposé les deux concurrents.
Geraldo Alckmin avait concentré ses attaques sur les scandales de corruption du mandat de Lula et dénoncé la faible croissance économique du Brésil face aux autres pays émergents. Mais le président sortant avait pris l'avantage en profitant du flou du programme de son adversaire. Lula s'est positionné comme le défenseur des plus pauvres en s'appuyant sur les bons résultats de la lutte contre l'inflation, sur la hausse du salaire minimum et l'extension des programmes d'aide sociale.
Le président sortant a accusé son adversaire de mettre en péril l'emploi par des projets de diminutions draconiennes des dépenses de l'Etat et de vouloir remettre en cause le programme "Bourse famille", qui bénéficie à 11 millions de familles démunies. Il a aussi accusé M. Alckmin de vouloir nationaliser les principales compagnies nationales brésiliennes – comme Petrobras, Banco do Brasil et les Postes –, réussissant à mettre son adversaire sur la défensive.
L'impact négatif du scandale du "Dossiergate" sur le candidat Lula a perdu de la force en l'absence de nouvel élément dans l'enquête. La police fédérale n'a pas beaucoup avancé sur l'origine des 800 000 dollars entrés en possession de deux proches du PT et destinés à payer un prétendu dossier anti-opposition.
Ce scandale fait l'objet d'une procédure d'annulation de la candidature de Lula déposée par l'opposition devant la justice électorale. Mais la légitimité acquise par Lula dans les urnes rend politiquement improbable une telle issue.