Pour le New York Times, le renouveau démocrate est plus limité qu'il n'y paraît. "La culture de droite de certains membres de cette nouvelle génération est plutôt une bonne nouvelle pour les conservateurs", explique le quotidien, qui note que la victoire de Lieberman sur une gauche agressive durant la campagne est plutôt encourageante pour les républicains. Le Washington Times remarque que si les démocrates ont gagné, c'est grâce à " des candidats favorables à une baisse des impôts, au second amendement [sur le droit au port d'une arme], ou même anti-avortement". "Opportun ou pas, cet hommage aux valeurs conservatrices a remporté du succès", note le journal, pour qui le verdict est "lourd, clair, et sans ambiguïté" : le ras-le-bol de l'électorat conservateur vis-à-vis du Parti républicain, mais pas de ses valeurs.
RÉUSSIR À GOUVERNER ENSEMBLE
Le véritable défi est désormais pour les deux partis de réussir à diriger ensemble le pays, note la presse. Comment gouverner avec des démocrates qui ont traité le président de "menteur" et d'"incompétent" durant la campagne, se demande le New York Times ; tandis que le Washington Post relève que "le défi, c'est la coopération", et note un vrai pas en avant du camp Bush dans le sens de la collaboration, avec le départ de Donald Rumsfeld. Le journal y voit une secoussse sismique", et une "spectaculaire démonstration de flexibilité". "Mieux vaut tard que jamais", se félicite le Los Angeles Times, qui voit aussi dans la démission du "faucon", devenu au fil des mois le symbole de l'inflexibilité de l'administration Bush, le point de départ d'un profond changement de stratégie. "Gate [son successeur] est tout ce que Rumsfeld n'est pas : une personnalité discrète, un homme de consensus", note le journal, qui sous-entend qu'il pourrait être l'homme du renouveau. Mais le très conservateur Weekly Standard doute que Bush soit prêt à changer sa politique en Irak.
La polarisation du débat autour de l'Irak ne doit pas, cependant, faire oublier que l'enjeu est désormais l'élection présidentielle de 2008, et que les " candidats démocrates, dont Hillary Clinton, sont désormais sous pression pour clarifier leur position ainsi que celle de leur parti dans les mois à venir", souligne le Washington Post. Mother Jones, qui rappelle les paris du nouveau gouverneur de l'Etat de New York, Elliot Spitzer, élu sur un programme de lutte anti-corruption, se demande si les démocrates sauront faire la différence et mettre en œuvre un programme véritablement démocrate, dans la perspective des élections de 2008.