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Sur sa recommandation, l'éditeur était allé à l'Institut des mémoires de l'édition contemporaine (IMEC), près de Caen, pour retrouver des lettres de Mme Royal, au temps où elle était ministre de la famille. Celle-ci, s'agaçait M. Lang, n'avait-elle pas mené une guerre contre la pédophilie en soutenant qu'" un enfant ne ment pas", quelques mois avant la catastrophe judiciaire d'Outreau ?
A la mi-juin, soixante-douze premiers feuillets furent relus et annotés. A la fin juin, le contrat était signé. Comme il le fait toujours, Jack Lang ne réclamait aucune avance mais exigeait 50 % des droits d'auteur sur les ventes à venir.
Las ! A la fin de l'été, l'ancien ministre a commencé à douter de l'opportunité du livre en même temps que de sa candidature à la primaire socialiste. Il a donc demandé à reporter la publication de l'ouvrage, initialement prévue le 20 août. "Le manuscrit était beaucoup trop vulgaire et contenait des propos que je n'aurais jamais dit ainsi, affirme aujourd'hui M. Lang. D'ailleurs, M. Pasquito ne m'avait pas enregistré." L'éditeur réfute cette version et assure qu'il avait déjà composé les épreuves du livre de 210 pages, retenu les droits de la photo de couverture, composé cette même couverture et engagé une attachée de presse pour trois mois. "Entre les voyages que j'ai fait pour M. Lang et l'ensemble des frais de fabrication, soutient M. Pasquito, j'ai dépensé 34 000 euros, ce qui est énorme pour une petite maison comme la mienne."
Entre-temps, Jack Lang a renoncé à être candidat et a rallié celle qu'il critiquait, Ségolène Royal. Autant dire que le livre n'a plus de raison d'être. L'éditeur ne s'avoue pas vaincu pour autant. Il vient d'attaquer en justice M. Lang pour rupture de contrat et rétention abusive de droits d'auteur. Il demande notamment le remboursement de ses frais. Ce dont Jack Lang ne veut pas entendre parler. "J'ai parfaitement le droit de refuser la publication d'un livre d'entretien, s'insurge-t-il, on ne peut pas m'obliger à l'assumer alors que je le réfute et ne m'y reconnaît pas !"
L'éditeur, peu au fait de la vie politique, a compris seulement aujourd'hui pourquoi le livre, acerbe pour Ségolène Royal, était devenu politiquement impubliable. Et regrette : "Et dire que Lang m'avait demandé de faire un livre "punchy" !"
Henri Emmanuelli, jusque-là partisan de Laurent Fabius, affirme désormais "soutenir Ségolène Royal", même s'il prend souvent le contre-pied de ses propositions. Invité, dimanche 19 novembre, du "Grand jury RTL-LCI-Le Figaro", le député des Landes a d'ailleurs mis en garde la candidate : "La bataille n'est pas gagnée d'avance", a-t-il dit. Il a demandé aux socialistes de mettre en place "un dispositif cohérent" entre Mme Royal et le PS.