Mais le jeu a été brouillé par une formation de gauche, le Socialistische Partij (SP), lointaine héritière du courant maoïste, qui pourrait capter les voix de l'électorat populiste, alors que la Liste Pim Fortuyn, qui avait obtenu 26 sièges en 2002, et 8 en 2003, semble promise à une quasi-disparition.
Les sondages indiquaient, dimanche 19 novembre, que les chrétiens-démocrates et les libéraux n'obtiendraient pas une majorité suffisante pour continuer à gouverner ensemble. Ils sont crédités respectivement de 44 sièges pour le CDA, 27 pour le VVD, soit un total de 71 sièges sur les 150 de la 2ème Chambre. Depuis le départ du petit parti réformateur D66, en juin, qui a quitté la coalition pour dénoncer le populisme de la ministre de l'immigration, la libérale Rita Verdonk, les 2 partis dirigent un gouvernement minoritaire.
Pourtant, les travaillistes de Wouter Bos n'ont pas réussi à profiter de la situation. Ils ne sont crédités que de 34 sièges, ce qui leur en ferait perdre 8. Une alliance entre les 2 grands partis reste l'hypothèse la plus probable, mais le jeune leader des travaillistes a indiqué, qu'à titre personnel, il ne serait pas membre d'un gouvernement Balkenende II.
Lundi 20 novembre, M. Bos devait rencontrer les dirigeants du parti écologiste Groenlinks et du Socialistiche Partij (SP) pour évoquer la formation d'une coalition de gauche. "Une opportunité fantastique", selon le responsable travailliste, mais qui se heurte, elle aussi, à la réalité des chiffres : ensemble, ces formations n'obtiendraient que 66 sièges.
Décrit un moment comme "le nouveau Tony Blair", M. Bos doit affronter les critiques. Certains lui reprochent d'avoir sous-estimé M. Balkenende, d'autres estiment, comme Arie van der Zwan, auteur du livre Le Défi du populisme, que "sa plus grande erreur est d'avoir (...) sous-estimé la vulnérabilité de son flanc gauche". C'est sur celui-ci que le Socialistische Partij déploie une activité qui lui permet d'espérer de 22 à 27 sièges, alors qu'il n'en comptait que 9 dans l'assemblée sortante.
PARTISAN DU NON NÉERLANDAIS
Fondée en 1972, cette formation antilibérale est l'émanation d'un mouvement marxiste-léniniste, le KPN.nl, issu d'une scission du Parti communiste néerlandais. Né dans le sud des Pays-Bas, le SP est entré en 1994 au Parlement, avec 2 élus. Il a, depuis lors, rayé de son programme les éléments les plus saillants (nationalisations, instauration de la République, etc.) pour prôner un socialisme de "la dignité, l'égalité et la solidarité". Sous l'impulsion de Jan Marijnissen, 54 ans, son leader depuis 1986, le parti, très structuré, et s'inspirant des techniques les plus modernes du marketing, s'est assuré des sympathies dans les médias, le milieu associatif, les syndicats et les Eglises. Habile, affable, M. Marijnissen capte aussi les voix des nostalgiques de l'ère Pim Fortuyn.
Principal artisan du non néerlandais à la Constitution européenne, en juin 2005, le SP est présent dans de nombreuses municipalités. Surtout implanté parmi les jeunes, les fonctionnaires et les artistes, il demande notamment une réduction de 40% du budget de la défense et une augmentation de la taxation des entreprises. Mais, contrairement à l'ancien tribun de Rotterdam Pim Fortuyn, assassiné en 2002, il a construit, estime Arie van der Zwan, "un succès de longue haleine".