A lui l'accueil et les tapes dans le dos des élus socialistes qu'il faut réconcilier après le vote des militants pour désigner le candidat 2007 ; à elle l'appel au peuple, sans contrainte.
Lors d'un déjeuner avec près de 600 maires socialistes, Mme Royal les a incités à lui faire part des préoccupations des Français et surtout des mots qu'ils emploient pour en parler. Elle a tout de suite donné un exemple : "Si je dis "la vie chère" au lieu de "pouvoir d'achat", ce n'est pas un hasard, a-t-elle insisté avant d'expliquer en substance que, "la vie chère", tout le monde comprend ce que cela veut dire, tandis que le "pouvoir d'achat", lui, dépend de statistiques de l'Insee qui s'obstine à le voir en hausse." A l'avenir, les partisans de Mme Royal devront, autre exemple, s'accoutumer à parler de "petites retraites" plutôt que de "pensions modestes" et ainsi de suite.
A tous, la candidate a demandé de s'impliquer dans les forums participatifs sur les thèmes qu'elle avait énoncés la veille sur TF1 : l'éducation, l'"ordre juste" et la sécurité, la "vie chère" et l'environnement. Chacun est prié ensuite de lui envoyer des notes sur ce qu'il voit et entend jusqu'à la mi-janvier - période qui marquera la fin de la "phase d'écoute" de la candidate.
Selon l'un des participants, Mme Royal compte en effet disposer de projets de loi préparés et quasiment prêts à l'emploi "dans les semaines" qui suivraient son accession à l'Elysée, en cas de victoire.
Flattés de se trouver au centre du dispositif, la plupart des maires se sont déclarés satisfaits de leur feuille de route, qui précède celle qui sera confiée aux présidents de région socialistes jeudi.
Mais quelques-uns confiaient aussi leur perplexité. "Incontestablement, elle a une vraie sensibilité populaire mais de là à dire que les gens ne comprennent pas "pouvoir d'achat"... Je suis un peu surpris par sa recherche de vocabulaire, ça me paraît très simplificateur", témoigne, dubitatif, le maire anonyme d'une ville moyenne.
INFLEXIBLE
Selon Patrick Mennucci, proche de Mme Royal, la candidate socialiste envisage d'aller plus loin et de constituer "un comité de 30 élus de tous niveaux" qui se réunirait "tous les 15 jours pour évaluer la campagne et faire remonter les réactions de la population". Une sorte de "jury citoyen", a assuré M. Mennucci.