Osvaldo Nuñez déplore l'impunité de Pinochet
Santiago
L'ancien député bloquiste d'origine chilienne, Osvaldo Nunez, a déploré que le général Augusto Pinochet soit mort dimanche sans avoir jamais répondu des crimes commis au Chili pendant les 17 ans de sa dictature, de 1973 à 1990.
«(J'ai) une réaction positive, a lancé M. Nunez en entrevue avec NTR depuis Santiago, la capitale du Chili, où il séjourne actuellement pour quelques mois. Le Chili clôt le chapitre le plus noir de son histoire.»
Selon les opposants de l'ex-dictateur, plus de 3000 assassinats politiques et un millier de disparitions sont imputables à son régime, mis en place en septembre 1973 à l'issue d'un coup d'État militaire qui a mené à la mort du président élu Salvador Allende.
«C'était la dictature sanglante, 17 ans de violations flagrantes des droits humains (...)», s'est souvenu M. Nunez, qui avait fui le Chili.
Malgré les centaines de plaintes déposées contre le général décédé à 91 ans, Pinochet n'a jamais été traduit en justice car sa santé, jugée fragile, lui a épargné tous les procès.
«Je regrette énormement cela, tout le monde le regrette ici, a commenté M. Nunez, qui a été député de Bourassa de 1993 à 1997. C'est grâce à la stratégie des avocats de Pinochet (...), d'étirer les procédures jusqu'à sa mort pour qu'il ne soit pas condamné. Mais je pense que l'Histoire l'a déjà condamné.»
Par ailleurs, il ne croit pas que la mort de l'ancien général accélérera les réformes au Chili, du moins dans un avenir rapproché, car les partisans de l'ex-dictateur sont encore très actifs, notamment au sein de l'armée, détentrice de pouvoirs exagérés aux yeux de M. Nunez.
«Il n'y aura pas de changements politiques radicaux. Le gouvernement préconise la voie douce, il ne veut pas diviser la population chilienne.»
Du reste, M. Nunez a constaté combien la société était «encore très divisée» sur cet héritage et a souligné que des manifestants dans les rues pleuraient sa mort, alors que d'autres n'ont pas caché leur joie.
«Ce seront les funérailles les plus polémiques de l'histoire du Chili», a prédit M. Nunez. L'armée a déjà assuré qu'elle allait rendre à Pinochet les honneurs dus à son rangs, a-t-il ajouté, mais il n'y aura «probablement pas de deuil national».
Cependant, «on ne sait pas encore ce que va faire la présidente (Michelle Bachelet)», elle-même une ancienne victime de la dictature, a évoqué l'ancien député.
Osvaldo Nunez a l'intention de rester au Chili jusqu'au printemps prochain, notamment pour surveiller l'évolution politique de son pays d'origine.