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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

26 avril 2006 3 26 /04 /avril /2006 10:38
France2 diffusait lundi 25 avril 2005 en prime time un téléfilm de qualité Jaurès, naissance d’un géant. Qualité parce que le sujet politique et historique tranche singulièrement avec les productions débilitantes dont la télévision – y compris le service public - a pris l’habitude de nous accabler ; qualité également du fait de la distribution des acteurs et surtout de la présence de Philippe Torreton dans le rôle titre.

Seulement voilà… À force de trop bien faire, on se prend soi-même au piège de ses bonnes intentions. Ce téléfilm se veut un hommage à Jean JAURÈS, figure essentielle du socialisme et de la république et il s’y perd un peu.
Philippe Torreton lui-même, dont on connaît les orientations à gauche, a sans doute voulu apporter son émotion de jouer enfin un personnage qui participe de son panthéon personnel et du panthéon de tout le peuple de gauche. Mais il est écrasé par celui qu’il veut porter ; il surjoue en voulant donner une image vivante de son héros idéal… Reste un certain courage physique dans les scènes d’echauffourées et de rassemblement, mais le film ne pouvait tenir sur ces quelques minutes.
Un défi plus fort paraît insurmontable d’entrée, c’est qu’il est bien difficile de trouver un acteur pour remplir l’habit du Grand Homme ; qui saura avec talent jouer ce fils de paysan enrichi, qui fit de brillantes études, philosophe reconnu, et – qui malgré la largeur de son érudition et l’esprit de son intelligence – sut resté un homme simple viscéralement attaché à sa terre de Languedoc ; un autre obstacle était de trouver le ton juste : s’il n’existe aucun enregistrement du tribun, les témoignages évoquent cependant le tonnerre, la force de l’océan, mêlés la tendresse et la chaleur de sa voix… qui pourrait aujourd’hui porter une éloquence si particulière ?

Par ailleurs, dans un objectif évident de faire œuvre pédagogique et de situer les milieux dans lesquels évoluait Jaurès au tournant des années 1890, les initiateurs de cette production ont multiplié les raccourcis et les incohérences qui finissent par attaquer la crédibilité du téléflim.

D’abord, les vingt premières minutes du film passées on retrouve Jaurès à la table de Jules Ferry aux côtés des sommités républicaines modérées, et bien qu’il ait perdu son siège de député quelques années plus tôt, il plaide la cause des mineurs de Carmaux. Les scénaristes mettent dans la bouche de Ferry un rappel d’une rencontre fortuite du jeune député avec le président du Conseil et de son interpellation ; les historiens vous diraient sans doute combien le "tonkinois" avait mal pris cette interpellation sur la question de la finalité de l’idéal républicain… Jean Jaurès avait bien sûr conserver des amitiés chez ses anciens collègues modérés ou "opportunistes" mais sans s’avancer on dira qu’il est impossible que Jaurès simple professeur de lycée fut encore – s’il le fut jamais – un des protégés de Jules Ferry !

Ensuite, la portée des débats idéologiques entre mineurs de Carmaux est franchement ridicule. Les scénaristes ont vraisemblablement cherché à montrer la division infantile du socialisme français en différents partis, opposés les uns aux autres, mais comment justifier que Carmaux devienne une France socialiste en miniature. Si les affrontements démocratiques entres sympathisants anarchistes et socialistes sur la manière de conduire la grève sont eux crédibles, les exposés de doctrine marxiste vulgarisée placés dans la bouche des mineurs dès les premières minutes du film sont décalés. Bien que la doctrine du Parti Ouvrier Français de Jules Guesde fut bien un marxisme mal assimilé – suscitant les commentaires amusés de leurs camarades allemands – les propos tenus par les cadres du P.O.F. dans cette fiction sont à la fois anachroniques (puisque le parti accepte déjà l’action parlementaire à l’époque) et déplacés.

Paradoxalement, alors que Jaurès n’était pas encore un socialiste révolutionnaire mais un simple républicain de gauche, il connaissait Marx et Engels et les avait lus en Allemand dans le texte (il fut un des rares hommes politiques de son temps à maîtrise parfaitement l’Allemand, il donna par la suite de nombreux discours devant les ouvriers allemands à l’invitation du S.P.D.). Et comme de nombreux élèves de l’École Normale Supérieure, il avait en sympathisant avec Lucien Herr, son jeune et talentueux bibliothécaire allémaniste, appris à bien apprécier les ouvrages théoriques et pratiques des inventeurs du socialisme scientifique. Mais placer, comme cela est fait dans le téléfilm, un portrait de Karl Marx dans le bureau de Jaurès à La Bessoule (même si Jaurès n’aurait pas renier son patronage, n’en déplaise à certains "modernistes de bazar) est franchement à côté de la plaque.

Enfin, la fin – outre qu’il soit dommage que la chanson de Brel ne soit pas interprétée par Brel – est largement décalée : imaginez tous les leaders de la sociale-démocratie européenne rassemblés à Carmaux pour écouter Calvignac et Jaurès, la veille du congrès du Globe à Paris en 1905 (ne serait-ce qu’en tenant compte des moyens de transport !)…

On dira de ce téléfilm qu’il a au minimum le mérite d’exister ; Jean JAURÉs, figure pourtant essentielle du socialisme et de la République, n’a que très peu inspiré les scénaristes et réalisateurs ; sa vie prêterait cependant à de nombreuses adaptations cinématographiques. Les réalisateurs et les acteurs ont voulu apporter un hommage émouvant au Grand Homme, c’est déjà un acte positif. Philippe Torreton, qui reste le meilleur acteur de théâtre sur le marché (mais c’est peut-être son handicap dans ce rôle), porte au moins l’hommage à Jaurès et on sent l’émotion qu’il a à le jouer…

Frédéric Faravel
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commentaires

J
mouarf un blog treeeeeeees politique :sssJ'aime pas la politique .. et j'y connaiss quasiement rien :sDésolée mais je n'en continuerais pas la visite :sC'est pas contre toi hein !vais aller dodo .. car demain .. exam :s
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F
mais personne ne te le demande vraiment d'ailleursFred